Aliments génétiquement modifiés

Remarque : Suivre un régime alimentaire contenant des aliments GM ou des aliments non GM (ou une combinaison des deux) devrait être un choix personnel, déterminé par chacun avec l’aide d’un fournisseur de soins de santé. La Société gastro-intestinale encourage les lecteurs à faire des recherches sur les aliments qui conviennent le mieux à leurs besoins en matière de santé et à leur mode de vie, afin de prendre des décisions éclairées sur la production, les ingrédients et le contenu nutritionnel relatifs aux aliments.

Que sont les OGM?

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont créés à l’aide de matériaux génétiquement modifiés ou améliorés. Cela englobe le croisement d’un organisme, l’altération du matériel génétique ou des cellules d’un organisme, ou encore l’ajout de nouveau matériel génétique ou l’application d’une thérapie génique à un organisme.1 Un exemple d’une modification génétique est l’introduction de la bactérie Bacillus thuringiensis d’origine naturelle dans les cultures de maïs pour aider les cultures du « maïs Bt » à résister aux ravageurs. Le maïs Bt contient un gène qui produit une protéine mortelle pour les insectes. Cette plante modifiée permet aux agriculteurs de réduire la quantité de pesticides utilisée pour protéger leurs cultures, réduisant ainsi la contamination nocive.2

Les produits cultivés sans l’aide de la modification génétique peuvent être plus sensibles aux forces extérieures telles que les ravageurs, les maladies et les conditions météorologiques ou de croissance défavorables.3 L’accroissement de la population mondiale et les exigences imposées aux agriculteurs pour augmenter le rendement des superficies cultivées mènent ceux-ci à se tourner vers les semences génétiquement modifiées. Santé Canada est chargée de s’assurer que les OGM sont propres à la consommation humaine en évaluant chaque produit ayant une composition génétiquement modifiée (GM) avant d’approuver sa vente au Canada.

Un récent sondage mené par Santé Canada a révélé que 78 % des Canadiens veulent un étiquetage adéquat des aliments génétiquement modifiés et, lorsqu’invités à faire un choix entre l’achat d’un produit génétiquement modifié et d’un produit non génétiquement modifié, 62 % des répondants ont déclaré qu’ils achèteraient le produit non génétiquement modifié.4

Reproduction sélective : Les OGM d’origine

Il y a de 10 000 à 15 000 ans, les humains ont appris à exploiter le pouvoir de l’agriculture et de la domestication pour créer des aliments plus résistants et de meilleure qualité, ce qui leur a aussi permis de découvrir les avantages de l’élevage sélectif.5 Les agriculteurs choisissaient ainsi les meilleures cultures, comme le maïs ayant plus de grains sur son épi, et les meilleurs animaux, comme les vaches plus grosses et plus saines, pour les reproduire entre eux en vue de renforcer leurs meilleures caractéristiques et d’obtenir un rendement supérieur. Les agriculteurs d’aujourd’hui continuent d’utiliser ces techniques pour garantir une récolte aussi réussie que possible et pour augmenter la production agricole et animale.

À l’heure actuelle, les scientifiques de l’Université de la Colombie-Britannique utilisent des techniques de reproduction sélective pour aider à renforcer la population d’abeilles nord-américaines à risque. Pour contrer l’effondrement des colonies, les chercheurs élèvent des reines génétiquement plus fortes et moins sujettes aux maladies, ainsi que des abeilles qui sont plus susceptibles de garder la ruche propre et exempte de maladies, favorisant ainsi la santé au sein de la colonie.6 L’objectif des chercheurs est de manipuler les habitudes de reproduction des abeilles pour combattre les pathogènes courants qui pourraient leur nuire. L’utilisation de pesticides a permis aux pathogènes de devenir plus résistants et plus forts, ce qui a exercé des effets négatifs sur la santé globale de la population mondiale d’abeilles.

Éviter la confusion

Les questions portant sur la modification génétique, les produits chimiques et les hormones dans la production alimentaire sont nettement différentes. Si les producteurs utilisent des modifications génétiques, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils utilisent également des pesticides ou des hormones dans le processus de croissance. Dans certains cas, les producteurs modifient génétiquement les aliments pour les rendre plus résistants à certains pathogènes afin de diminuer l’utilisation de pesticides qui pourraient autrement être nécessaires, comme dans l’exemple du maïs Bt ci-dessus.2

Il est possible, et probable, que les méthodes de production de produits GM courants n’incluent pas l’utilisation de pesticides ou d’hormones. Inversement, il est également possible, et probable, que les méthodes de production de produits non GM comprennent des pesticides ou des hormones. Étant donné que les processus et les procédures utilisés dans ce genre de modifications alimentaires varient d’un à l’autre, nous ne pouvons pas déterminer collectivement leur sécurité. L’innocuité des OGM devrait plutôt être déterminée au cas par cas, séparément de celle des autres processus de modification des aliments, afin d’évaluer le mieux possible les risques et les avantages potentiels de tout aliment.

Sécurité

Pour s’assurer que les produits améliorés au moyen de la biotechnologie sont propres à la consommation, Santé Canada consulte des groupes comme l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture aux fins d’essais avant de les approuver.7 Depuis 1993, le gouvernement du Canada utilise le cadre de réglementation fédéral canadien pour tester l’innocuité de ce qu’il définit comme étant des aliments « nouveaux », c’est-à-dire des produits n’ayant pas été préalablement utilisés comme aliments ou qui ont été créés par une manipulation génétique. Les aliments nouveaux se caractérisent par des ingrédients, des pratiques de fabrication ou des modifications génétiques qui nécessitent des essais avant la mise en marché de ces aliments, comme le jus de fruits non pasteurisé traité aux rayons ultraviolets pour contrôler la bactérie nocive E. coli, ou une espèce de poisson jamais vendue auparavant.8

Santé Canada examine l’élaboration d’aliments GM, l’information nutritionnelle des produits alimentaires et les risques de réactions indésirables et allergiques, entre autres. L’Agence canadienne d’inspection des aliments aide à réglementer ces produits et leurs essais, et évalue leur impact potentiel sur l’environnement.8 Santé Canada, en collaboration avec Environnement Canada, tâche de déterminer l’impact environnemental de la culture et de la production d’OGM; en effet, l’on se préoccupe du fait que si les cultures GM ne sont pas correctement évaluées, gérées et entretenues, elles pourraient contaminer les plantes non génétiquement modifiées à proximité ou avoir un impact sur l’environnement.

En 1999, des chercheurs de l’Université Cornell ont présenté une étude selon laquelle les papillons monarques nourris de feuilles d’asclépiade recouvertes de pollen Bt étaient en moins bonne santé que les papillons monarques qui n’ingéraient pas de pollen Bt. Cependant, un examen ultérieur par des pairs sur le sujet a permis de déterminer que les processus utilisés dans le cadre de l’étude originale pourraient avoir comporté des lacunes – les papillons monarques qui ingèrent du pollen Bt dans un milieu non contrôlé ne seraient donc pas à risque de connaître des problèmes de santé notables. L’Agence canadienne d’inspection des aliments met en œuvre des plans de gestion de la résistance des insectes pour atténuer la résistance des insectes aux insecticides, y compris ceux produits par des aliments GM comme le maïs Bt, en vue de gérer l’impact environnemental des OGM.2 Comme Santé Canada évalue d’autres OGM en vue d’approuver leur vente, des tests et règlements comme ceux-ci sont en place pour s’assurer qu’aucun effet négatif mesurable à long terme ne soit associé à la culture ou à la consommation de ces produits.

Différences nutritionnelles et étiquetage

Lorsque Santé Canada évalue l’innocuité d’un produit GM en vue de sa distribution au Canada, elle examine comment cet aliment se compare à un produit équivalent qui est non génétiquement modifié, et ce, pour déterminer toute différence qui pourrait exister sur les plans de la qualité nutritionnelle et de la composition des ingrédients, ainsi que pour avertir les consommateurs de la présence de tout allergène dans le produit. Si la modification génétique d’un produit transforme suffisamment les ingrédients pour soulever des préoccupations au sujet d’un irritant potentiel, le changement est noté sur l’étiquette du produit.8

Au Canada, les producteurs ne sont pas tenus d’étiqueter les articles à titre d’aliments GM. S’ils étaient tenus de le faire, l’étiquetage serait plus répandu, puisque toute une variété d’aliments appartient à la catégorie des OGM.3 Certaines compagnies étiquettent volontairement leurs produits comme étant « sans OGM ».

Pour en savoir plus sur les ingrédients et les méthodes de production de vos aliments, prenez l’habitude de lire les étiquettes de produits, d’appeler les producteurs d’aliments avec vos questions et de faire des recherches sur les entreprises et leurs pratiques commerciales. Vous pouvez également faire un jardin à la maison ou vous servir de votre jardin communautaire local pour cultiver vos propres fruits, légumes et herbes afin de vous assurer d’en connaître les antécédents. N’oubliez pas de vérifier l’historique de production de vos semences.

Impact mondial

À l’échelle mondiale, la modification génétique aide à fournir des aliments plus nutritifs à ceux qui vivent dans les pays en développement. Par exemple, l’UNICEF estime que la carence en vitamine A, condition pouvant occasionner la cécité, la diarrhée, une susceptibilité aux maladies et un risque accru de mortalité, touche plus de 100 millions d’enfants dans le monde.9  Les cultures biofortifiées (cultivées à l’aide de techniques de sélection ou de modification génétique) ont le potentiel de mettre fin aux carences nutritionnelles partout dans le monde. Le riz doré est l’une de ces cultures biofortifiées qui aident à lutter contre la malnutrition infantile dans les pays en développement. Il s’agit de riz ordinaire modifié pour produire et contenir de la vitamine A dans le but d’atténuer les symptômes et la mortalité associés à cette carence.10

Solutions de rechange aux OGM

Des solutions de rechange s’offrent à ceux qui s’inquiètent des OGM et des aliments nouveaux, telles que l’achat de produits biologiques. Si vous souhaitez incorporer des aliments biologiques à votre régime alimentaire, recherchez l’étiquette officielle « Biologique Canada », car elle garantit que le produit est composé d’au moins 95 % d’ingrédients biologiques, qu’il ne comporte pas d’OGM et qu’il est cultivé exclusivement par des moyens biologiques, notamment par l’utilisation d’engrais et de pesticides d’origine biologique.11 Intuitivement, on peut penser que les aliments biologiques sont meilleurs pour nous, mais il existe peu d’études scientifiques à ce sujet. Cependant, des traces de pesticides peuvent parfois encore être présentes sur les aliments produits en masse au moment où ils arrivent sur les étagères des magasins.

Tous les types de produits, y compris les produits biologiques, peuvent présenter un risque de contamination de leur surface par des microorganismes pathogènes tels qu’E. coli et Salmonella. Pour cette raison, il est important de bien laver les fruits et les légumes, peu importe où vous les achetez ou comment ils sont cultivés.

Choisir les meilleurs aliments pour vous

Pour devenir un consommateur averti et faire les meilleurs choix pour vous et votre famille, il faut apprendre à connaître les aliments à votre disposition. Ce faisant, vous pouvez faire des choix en fonction de la production, des ingrédients et de l’impact environnemental liés à ces aliments. Lorsque vous voulez faire des choix par rapport aux aliments OGM, aux produits biologiques ou aux aliments d’origine incertaine, consultez votre médecin ou un diététiste professionnel afin d’évaluer les options qui s’offrent à vous en fonction de vos besoins spécifiques en matière de santé.

Faits saillants sur les OGM

  • Les carottes n’étaient pas orange à l’origine. Dans les années 1600, les agriculteurs néerlandais ont compris comment utiliser des techniques de culture sélective pour changer la couleur de la carotte, de blanc, violet ou jaune à orange vif, pour rendre hommage à la famille royale néerlandaise, la Maison d’Orange. Les caroténoïdes, le même pigment qui donne aux carottes que nous voyons le plus souvent au supermarché leur couleur caractéristique, sont une bonne source de vitamine A.12
  • Le premier aliment GM disponible sur le marché était une tomate développée par Calgene Inc. en 1994. La tomate Flavr Savr, vendue pour la première fois aux États-Unis, restait fraîche plus longtemps, ce qui augmentait sa durée de conservation; cependant, puisque sa production était trop coûteuse, elle n’était pas économiquement viable et est donc disparue du marché.13
  • Le canola, le soja, le maïs et la betterave sucrière sont les quatre principales cultures génétiquement modifiées cultivées et utilisées au Canada.3

Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMD numéro 206 – 2018
1. Gouvernement du Canada. Les aliments GM et leur réglementation. Disponible à : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/aliments-genetiquement-modifies-autres-aliments-nouveaux/infofiches-questions-demandees/aliments-genetiquement-modifies-leur-reglementation.html. Consulté le 2018-06-25.
2. Gouvernement du Canada. Les cultures Bt affectent-elles le monarque? Disponible à : http://www.inspection.gc.ca/vegetaux/vegetaux-a-caracteres-nouveaux/grand-public/le-monarque/fra/1338140112942/1338140224895. Consulté le 2018-06-25.
3. DécouvrezLesAliments. À la découverte des aliments génétiquement modifiés. Disponible à : http://www.unlockfood.ca/fr/Articles/Technologie-culinaire/Biotechnologie/Nouveaux-aliments/A-la-decouverte-des-aliments-genetiquement-modifie.aspx?aliaspath=%2fen%2fArticles%2fFood-technology-Biotechnology-Novel-foods%2fUnderstanding-Genetically-Modified-Foods. Consulté le 2018-06-25.
4. The Strategic Council. Rapport sur le point de vue des consommateurs sur les aliments génétiquement modifiés. Disponible à : http://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/301/pwgsc-tpsgc/por-ef/health/2016/042-15-f/rapport.pdf. Consulté le 2018-06-25.
5. Encyclopedia Britannica. Origins of Agriculture. Disponible à : https://www.britannica.com/topic/agriculture/Research-techniques. Consulté le 2018-06-25.
6. University of British Columbia. Breeding a Sweet Solution. Disponible à : https://www.ubc.ca/stories/todays-assignment/breeding-a-sweet-solution.html. Consulté le 2018-06-25.
7. Santé Canada. Les questions les plus demandées – Biotechnologie et aliments génétiquement modifiés. Disponible à : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/aliments-genetiquement-modifies-autres-aliments-nouveaux/infofiches-questions-demandees/partie-1-reglementation-aliments-nouveaux.html. Consulté le 2018-06-25.
8. Gouvernement du Canada. Les aliments nouveaux. Disponible à : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/aliments-genetiquement-modifies-autres-aliments-nouveaux/infofiches-questions-demandees/aliments-nouveaux.html. Consulté le 2018-06-25.
9. Unicef. Vitamin A. Disponible à : https://www.unicef.org/nutrition/23964_vitamina.html. Consulté le 2018-06-25.
10. Golden Rice Project. Golden Rice Fills a Gap. Disponible à : http://www.goldenrice.org/Content3-Why/why.php. Consulté le 2018-06-25.
11. HealthLinkBC. Organic Foods. Disponible à : https://www.healthlinkbc.ca/health-topics/zx3417. Consulté le 2018-06-25.
12. Berkeley Wellness. The University of California, Berkeley, School of Public Health. Disponible à: http://www.berkeleywellness.com/healthy-eating/food/article/carrots-beta-carotene-wonder. Consulté le 2018-06-25.
13. Bruening G, et al. The case of the FLAVR SAVR tomato. California Agriculture. 2000;54:6-7. Disponible de l’université de la Californie en Californie. Consulté le 2018-06-25.
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