Deux façons réfléchies d’éviter l’amertume
Lorsque nous vivons une mauvaise expérience ou manquons d’atteindre un but ou de relever un défi, beaucoup d’entre nous mettent ces expériences de côté, seulement légèrement affectés. Cependant, d’après Carsten Wrosch1, professeur de psychologie à Montréal, les personnes qui sont incapables de faire face à leurs problèmes ou de lâcher prise ont tendance à ressentir des émotions négatives de longue durée – le regret ou l’amertume.
D’après lui, c’est où l’on attribue la faute qui différencie principalement ces deux sentiments. Se reprocher la faute entraîne des remords et des regrets, ce qui peut éventuellement mener à la dépression. Imputer la faute à quelqu’un d’autre ou à quelque chose nous porte à devenir amer, fâché et hostile. Le présent article parlera des effets de l’amertume.
Puisque les problèmes émotifs continus peuvent perturber la régulation biologique par rapport aux hormones et à la fonction immunitaire ainsi qu’affecter la maladie physique, il est très important pour les personnes souffrant d’une maladie gastro-intestinale d’empêcher des sentiments d’amertume de prendre le dessus. Afin d’éviter les effets à long terme de l’amertume, il est important d’assumer la responsabilité de nos actions et de pardonner aux autres.
Le Pr Wrosch déclare que nous devons pratiquer une autorégulation adaptative chaque fois que nous manquons d’atteindre nos objectifs et il suggère deux façons de le faire.
- Processus d’engagement : S’il existe toujours une possibilité raisonnable que l’objectif puisse être atteint, il faut persévérer. Par exemple, si vous cherchez du travail dans un domaine dans lequel vous êtes qualifié, mais que vous postulez sans succès pour quelques postes, il est raisonnable de continuer à essayer. Un poste qui convient peut toujours se présenter ou le fait de réviser votre lettre de présentation ou votre curriculum vitae pourrait assurer le succès.
- Autorégulation adaptative : Si vous faites face à un objectif impossible tel que l’obtention d’un emploi pour lequel vous n’êtes pas entièrement qualifié, vous pouvez pratiquer une autorégulation adaptative. Vous devez premièrement vous dégager ou mettre fin à vos efforts pour ensuite concentrer vos efforts sur un autre but plus raisonnable. Par exemple, vous pourriez chercher un poste qui vous convient mieux ou vous efforcer d’obtenir la formation ou l’expérience requises pour la carrière que vous désirez. Concentrer vos efforts sur un nouvel objectif peut réduire ou éliminer les sentiments négatifs résultant du fait que vous n’êtes pas parvenu à votre objectif original.
Fait intéressant, les aînés sont habituellement plus adeptes que les générations plus jeunes à pratiquer l’autorégulation adaptative. Cela est vrai même si les personnes plus âgées ont sans doute fait face à un plus grand nombre de problèmes pouvant engendrer l’amertume; au fil du temps on peut plus facilement surmonter ces obstacles. Les adultes plus âgés peuvent être plus disposés à modifier leurs objectifs plus souvent que les jeunes personnes et sont plus aptes à maintenir un état mental plus positif. Cela n’est cependant pas le cas pour tous les aînés, certains ayant de la difficulté à s’adapter aux échecs. Ce sont eux qui sont particulièrement à risque de développer des complications liées à l’amertume, car ils pourraient faire face à plus de défis que les jeunes personnes.
Apprendre à se servir de ces deux techniques quand on vit des expériences négatives pourrait aider à prévenir l’amertume et les problèmes physiques associés aux émotions négatives. Les personnes qui pratiquent l’autorégulation adaptative disposent d’un bien-être subjectif plus prononcé et sont généralement plus optimistes en ce qui concerne le futur.
L’amertume prolongée peut-elle être un trouble?
À l’heure actuelle, de nombreux psychiatres suggèrent qu’un nouveau trouble semblable à l’état de stress post-traumatique (ESPT) pourrait être un diagnostic véritable chez les personnes souffrant d’amertume débilitante. Originalement reconnu par un psychiatre allemand, le Dr Michael Linden, le syndrome de l’amertume post-traumatique (SAPT) s’appliquerait aux personnes qui vivent un évènement négatif de la vie qu’ils trouvent injuste, provoquant chez elles l’amertume et la colère ainsi que des sentiments d’impuissance. Ces personnes connaissent de nombreux effets négatifs qui durent plus de trois mois et qui ont un effet considérable sur la vie quotidienne. La nature débilitante de ce trouble potentiel et le fait qu’il diffère de l’ESPT et d’autres troubles semblables sur le plan clinique portent de nombreux psychiatres à appuyer l’introduction du SAPT comme diagnostic officiel.2