Occlusion intestinale

Question :

J’ai eu une colite ulcéreuse, j’ai subi une ablation du côlon et j’ai eu une iléostomie. Je viens tout juste de revenir d’un séjour à l’hôpital en raison d’une occlusion intestinale. Est-ce que cela peut se reproduire?

Réponse :

Il y a occlusion intestinale lorsque quelque chose empêche le transit normal des aliments, des liquides ou des gaz dans les intestins. L’occlusion peut être partielle, c’est-à-dire qu’une partie des liquides et des gaz passe, mais qu’habituellement les solides ne passent pas, ou complète, c’est-à-dire que rien ne passe dans les intestins. Environ 20 % des personnes admises à l’hôpital en raison d’un abdomen aigu (ou un abdomen qui devient rapidement ferme, tendre au toucher et douloureux) ont une occlusion intestinale. De ces 20 %, la majorité (80 %) aura une occlusion de l’intestin grêle, comme dans votre cas. Diverses causes sont à l’origine d’une occlusion intestinale; cependant, avec le type de chirurgie et de stomie que vous avez eu, les deux causes les plus communes sont des adhérences (tissu cicatriciel) ou une occlusion alimentaire. Nous discuterons de ces deux causes ci-après.

Les adhérences sont des bandes de tissu, comme du tissu cicatriciel, qui joignent ou qui relient ensemble des sections adjacentes de l’intestin ou qui lient l’intestin à d’autres organes dans l’abdomen ou encore qui fixent l’intestin à la paroi interne de l’abdomen. Ce tissu cicatriciel peut empêcher le transit normal des aliments, des liquides et des gaz à travers les intestins. Le tissu cicatriciel résulte habituellement d’un événement quelconque qui perturbe les tissus normaux. Quand le corps répare la perturbation, du tissu cicatriciel se forme. Parmi les événements qui amorcent ce processus, mentionnons la chirurgie, une infection dans l’abdomen, un trauma ou la radiothérapie. Les adhérences sont la forme la plus courante de complications à la suite d’une chirurgie, se produisant chez plus de 90 % des personnes qui subissent une intervention chirurgicale. Les adhérences commencent à se former quelques jours à peine après la chirurgie. Dans la plupart des cas, elles ne causent aucune douleur ni complication, et les personnes ne sont même pas conscientes de leur présence. Cependant, les adhérences peuvent occasionner des problèmes des mois ou même des années après la chirurgie initiale. Si, dans votre cas, l’occlusion intestinale était attribuable à la présence d’adhérences, il est possible que cela se produise à nouveau.

L’autre type d’occlusion qui peut se produire découle d’aliments qui deviennent bloqués, habituellement en essayant de traverser l’iléostomie. Ce phénomène est plus fréquent au cours des 6 à 8 premières semaines après une chirurgie, alors que l’intestin est enflé à cause de la manipulation pendant la chirurgie. Bien que l’enflure soit temporaire, elle rend la lumière (ouverture interne de l’intestin) plus étroite, particulièrement à l’endroit où l’intestin traverse les nombreuses couches de la paroi abdominale (voir notre article sur la diète et les iléostomies pour en savoir plus). Une ouverture étroite peut empêcher certains aliments de traverser facilement votre stomie. Les aliments en cause sont ceux qui contiennent de la cellulose (fruits, légumes, noix, graines), les aliments à boyau (comme les saucisses et les charcuteries) et les coupes de viande moins tendres, comme le bœuf. Il est invraisemblable que de petites quantités de ces aliments soient problématiques, mais des quantités plus importantes de fruits et de légumes insuffisamment mastiqués ou cuits pourraient poser un problème. Comme je l’ai déjà mentionné, ce type d’occlusion ne se produit habituellement qu’au cours des 6 à 8 premières semaines après une chirurgie pendant que l’enflure se résorbe. Par la suite, vous devriez être en mesure de manger la plupart des aliments sans inquiétude.

Des symptômes typiques sont associés à une occlusion intestinale. Les personnes peuvent avoir des épisodes de douleurs abdominales crampiformes et se sentir gonflées. Parfois, la douleur est intense et continue. Il peut y avoir perte d’appétit, des nausées ou des vomissements. Les émissions de votre iléostomie peuvent changer. S’il s’agit d’une occlusion partielle de l’intestin grêle, les émissions peuvent être très liquides (vous ne verrez pas de selles solides) et être expulsées avec force et bruit. S’il s’agit d’une occlusion complète, il n’y aura aucune sécrétion liquide, solide ou gazeuse. Si vous soupçonnez une occlusion intestinale, il est important que vous obteniez un avis médical et que vous n’essayiez pas de diagnostiquer le problème vous-même. Il y a certaines mesures que vous pouvez prendre en attendant d’obtenir l’avis médical, notamment agrandir l’ouverture de votre appareil pour stomie ou de la collerette pour accommoder toute enflure stomiale possible. Si vous ne vomissez pas, vous devriez cesser de manger des aliments solides et essayer de boire des liquides (préférablement de l’eau).

Il faut des soins urgents si vous vomissez, avez des douleurs intenses ou continues, ou s’il n’y a eu aucune émissions de votre stomie pendant une période de 12 heures. En pareilles circonstances, vous devriez vous rendre au service d’accueil des urgences le plus près pour évaluation et traitement. Le médecin vous posera des questions au sujet de vos antécédents médicaux et chirurgicaux, fera un examen physique et exigera des tests tels que des prises de sang et une radiographie ou une tomodensitométrie de votre abdomen. La première mesure de traitement pourrait être de vous faire cesser toute alimentation par voie orale et de vous administrer des fluides par voie intraveineuse ainsi que des médicaments pour soulager vos symptômes. On pourrait aussi insérer un tube nasogastrique, qui est un petit tube inséré par le nez jusque dans l’estomac, pour retirer l’excès de fluides dans votre estomac et arrêter les vomissements. L’élimination de l’occlusion pourrait prendre quelques jours, après quoi une diète normale peut être réintroduite (en commençant habituellement par des liquides, puis en passant graduellement à des solides). Vous serez suivi de près pour tout signe de problème persistant. Selon la gravité de l’occlusion ou si le traitement médical modéré ne permet pas d’éliminer l’occlusion, il se peut qu’une chirurgie soit requise pour corriger le problème.

Bien que nous ayons décrit deux sources possibles d’occlusion, il existe d’autres causes possibles que nous n’avons pas examinées. Personne ne peut affirmer avec certitude que vous aurez d’autres occlusions intestinales. Cependant, compte tenu de vos antécédents chirurgicaux, vous êtes à risque plus élevé d’avoir un autre épisode. Ce qui est important à retenir c’est que si n’importe lesquels des symptômes décrits ci-dessus se manifestent, vous devez obtenir un avis médical pour vous aider à gérer et à éliminer l’occlusion.