Accès retardé = Accès refusé
Un nouveau rapport1 de l’Institut Fraser fait état de ce que de nombreux Canadiens vivent personnellement : les délais d’attente de traitements médicaux deviennent inacceptables. Sa 21e enquête annuelle sur les délais d’attente a révélé qu’en 2011, les délais d’attente dans tous les domaines des soins de santé étaient plus longs qu’ils ne l’ont jamais été depuis que la première enquête a été menée. Voici certaines des constatations importantes :
- Depuis 1993, le temps requis pour qu’un patient reçoive un traitement facultatif nécessaire sur le plan médical après avoir été dirigé vers un spécialiste par un médecin de famille est passé de 9,3 semaines à 19 semaines.
- La plupart des médecins s’accordent pour dire que 6,4 semaines constituent un délai d’attente raisonnable pour recevoir un traitement après avoir consulté un spécialiste, pourtant le patient moyen doit attendre 9,5 semaines.
- Les patients doivent attendre beaucoup trop longtemps avant de subir une tomodensitométrie (4,2 semaines), une IRM (9,3 semaines) ou une échographie (4,6 semaines). Cela est problématique puisque les médecins se servent de ces tests pour déterminer la gravité d’un malaise et, par conséquent, l’urgence de procéder à un traitement. Les délais d’attente prolongés peuvent donc être dangereux dans certaines circonstances.
- Il y a trop peu de médecins pour pratiquer les traitements requis par les patients.
- Il arrive souvent dans les hôpitaux que les salles d’opération soient systématiquement sous-utilisées et que des personnes qui devraient être soignées ailleurs occupent des lits destinés à des patients exigeant des soins actifs.
- Les coûts associés aux délais d’attente sont considérables. L’enquête a établi que les coûts d’attente sont d’environ 1 105 $ par patient lorsque seules les heures de travail perdues sont prises en considération; ils sont de 3 384 $ si l’on tient compte du total des heures perdues.
- Environ 1 % des patients au Canada ont choisi de subir un traitement facultatif nécessaire sur le plan médical dans un autre pays afin d’éviter un long délai d’attente, et ce même s’ils devaient assumer les coûts.
Les délais d’attente au Canada sont alarmants et ils sont plus longs qu’en Australie, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Nos services médicaux sont de haute qualité, mais les patients doivent attendre beaucoup trop longtemps pour les recevoir. Plus notre système de soins de santé oblige les patients à attendre pour recevoir un traitement, plus il semble qu’il refuse aux Canadiens l’aide dont ils ont besoin.
Les résultats de recherches2 plus poussées par l’Alliance sur les temps d’attente (ATA), qui regroupe plusieurs associations médicales professionnelles canadiennes de nombreuses disciplines, dans un nouveau rapport présenté par l’Association médicale canadienne, ont révélé que l’absence d’un effort national concerté pour s’attaquer au problème des temps d’attente entrave le progrès vers la réduction des délais que doivent endurer les Canadiens qui ont besoin de soins médicaux.
Le Bulletin 2012 de l’ATA, intitulé Jeter la lumière sur les temps d’attente totaux en santé pour les Canadiens, dresse un portrait de la durée de l’attente pour un grand éventail d’interventions et services médicaux. Contrairement aux années antérieures, le Bulletin de 2012 fait état d’une chute de rendement pour les patients qui reçoivent des soins dans les cinq domaines ciblés comme prioritaires par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux dans l’Accord de 2004 sur la santé. Le Bulletin fait aussi état de l’attente totale à laquelle font face les patients pour recevoir des soins. La plupart des efforts jusqu’ici au Canada ont été dirigés vers l’amélioration du temps d’attente entre la consultation d’un spécialiste et le début du traitement. Mais de nombreux Canadiens doivent aussi attendre pour voir leur médecin de famille et pour obtenir des examens médicaux, en plus d’attendre pour voir le spécialiste.
Le Bulletin constate aussi que les provinces présentent des rapports publics sur les temps d’attente pour un nombre croissant d’interventions, mais qu’elles en présentent en revanche toujours très peu pour les interventions jugées prioritaires par l’ATA.
Par ailleurs, le Bulletin 2012 de l’ATA confirme la constatation de 2011 au sujet des patients en transition vers un autre niveau de soins, c’est-à-dire les patients hospitalisés, mais qui devraient idéalement recevoir des soins dans d’autres établissements : cette situation menace de submerger le système de santé.
« Après les progrès des récentes années, du moins en regard des points de repère établis par les gouvernements, il semble maintenant que certaines provinces soient laissées derrière dans la lutte contre la réduction des temps d’attente que vivent les patients pour recevoir des soins de santé », a déclaré le Dr Chris Simpson, cardiologue de Kingston (Ont.) et président de l’ATA. « Il ne devrait pas y avoir au Canada de patients “démunis”. »