Achalasie

L’achalasie est une maladie rare affichant une prévalence de 10 sur 100 000. Elle porte atteinte à l’œsophage, rendant difficile l’ingestion d’aliments ou de boissons.

L’œsophage est un tube étroit qui relie l’arrière de la gorge à la partie supérieure de l’estomac. Les deux tiers inférieurs de l’œsophage sont entourés de muscles lisses qui se contractent pour déplacer les aliments de la gorge vers le bas dans une série de contractions appelée péristaltisme. À l’extrémité inférieure de l’œsophage se trouve un autre muscle appelé sphincter œsophagien inférieur (SOI). Le SOI se relâche pour permettre aux aliments de passer dans l’estomac.

L’achalasie se manifeste lorsque soit les nerfs des muscles qui entourent l’œsophage, soit les nerfs du SOI sont endommagés. Ces lésions nerveuses entravent le péristaltisme œsophagien normal et empêchent le SOI de se relâcher correctement. Par conséquent, les aliments et les boissons peuvent rester coincés dans l’œsophage. L’achalasie, plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, peut faire son apparition à tout âge.

Symptômes de l’achalasie

Les symptômes de l’achalasie ont tendance à se développer lentement et peuvent s’aggraver avec le temps. Le symptôme principal, la difficulté à avaler ou dysphagie, peut provoquer une accumulation d’aliments dans l’œsophage. Cette accumulation et la contraction anormale des muscles de l’œsophage peuvent donner lieu à d’autres symptômes.

Parmi les symptômes l’on compte les suivants :

  • difficulté à avaler (dysphagie)
  • régurgitation d’aliments non digérés ou de salive
  • toux, surtout la nuit
  • douleur intermittente à la poitrine
  • rots
  • hoquet
  • brûlures d’estomac
  • perte de poids

Ces symptômes peuvent devenir graves. L’achalasie peut accroître le risque d’inhalation d’aliments dans les voies respiratoires, ce qui peut entraîner une infection des poumons.

Causes de l’achalasie

Les causes de l’achalasie ne sont pas bien connues. Les chercheurs croient qu’elle se développe lorsque les nerfs de l’œsophage sont endommagés et cessent de fonctionner correctement. La cause de ces lésions nerveuses est inconnue, bien qu’il pourrait y exister un lien avec la génétique, les maladies auto-immunes ou les infections. Les personnes atteintes d’achalasie sont 3,6 fois plus susceptibles de souffrir d’une autre maladie auto-immune; cependant, le lien entre les maladies auto-immunes et l’achalasie n’est pas bien compris. Des recherches additionnelles sont requises afin de déterminer avec précision les causes de l’achalasie.

Diagnostic de l’achalasie

Le diagnostic de l’achalasie peut être très long à obtenir en raison de la nature rare de la maladie. Il commence par un rendez-vous chez le médecin. Celui-ci examinera vos antécédents médicaux, vous posera des questions sur vos symptômes et procédera à un examen physique. S’il soupçonne que l’achalasie est à l’origine de vos symptômes, il vous demandera de passer des examens additionnels.

Le diagnostic de l’achalasie nécessitera un ou plusieurs des tests suivants :

  • Gorgée barytée : Dans le cadre de ce test, l’on avale un liquide épais appelé baryum. Pendant que le baryum s’achemine dans l’œsophage, un professionnel de la santé prend des radiographies du tractus gastro-intestinal supérieur. Sur l’image radiographique, le baryum met en évidence les structures internes de l’œsophage, ce qui aide le médecin à déceler toute anomalie.
  • Endoscopie du tube digestif supérieur : Au cours de cette procédure, un médecin insère un fin tube par la bouche, qu’il fait passer dans l’œsophage et l’estomac, jusqu’à l’intestin grêle. Le tube est muni d’une petite caméra et d’une lumière qui permettent au médecin d’inspecter l’œsophage afin de déceler toute anomalie structurelle.
  • Manométrie œsophagienne : Cette procédure constitue la norme de référence pour le diagnostic de l’achalasie. Le médecin insère une fine sonde par le nez pour l’acheminer vers la gorge, l’œsophage et l’estomac. Pendant que la sonde est en place, on vous demandera de boire et d’avaler de l’eau à petites gorgées. Pendant que l’eau passe à travers l’œsophage, des capteurs situés sur la sonde mesurent les contractions des muscles œsophagiens. Le médecin notera toute anomalie dans la motilité et la fonction de l’œsophage.

Gestion de l’achalasie

Bien qu’il n’existe aucun remède pour l’achalasie, plusieurs traitements peuvent aider à soulager les symptômes. L’objectif de ces traitements est d’éliminer l’obstruction fonctionnelle dans la partie inférieure de l’œsophage afin que les aliments et les boissons puissent passer à l’estomac. Vous pouvez discuter des options de traitement avec votre prestataire de soins de santé afin de décider du meilleur traitement pour vous en fonction de la gravité et des sous-types de votre achalasie, de vos préférences et de l’expertise disponible localement.

Voici les traitements qui peuvent soulager les symptômes de l’achalasie :

  • Dilation pneumatique : Dans le cadre de cette procédure, un dispositif médical ressemblant à un ballonnet est introduit par la bouche pour atteindre le SOI, et ce, en étant guidé par endoscopie et fluoroscopie. Le ballonnet est ensuite gonflé pour dilater les muscles du SOI afin que les aliments puissent passer plus facilement dans l’estomac. Cette procédure nécessite une légère sédation. Elle ne requiert généralement pas une admission à l’hôpital et, une fois remis de la légère sédation, le patient peut retourner chez soi.
  • Myotomie de Heller : Lors de cette chirurgie laparoscopique, un professionnel de la santé fait cinq petites incisions dans l’abdomen. Ensuite, il identifie les muscles du SOI par laparoscopie pour y pratiquer une petite incision. Celle-ci aide à relâcher les muscles pour permettre aux aliments de passer plus facilement de l’œsophage à l’estomac. La myotomie de Heller peut augmenter le risque de reflux acide (éclaboussement du liquide de l’estomac dans l’œsophage). Pour minimiser ce risque, votre médecin peut également pratiquer une fundoplicature lâche, qui consiste à enrouler la partie supérieure de l’estomac autour de la partie inférieure de l’œsophage.
  • Myotomie endoscopique perorale (POEM) : Cette procédure ressemble à la myotomie de Heller. Un professionnel de la santé pratique de petites incisions dans les muscles du SOI afin d’aider les aliments à passer de l’œsophage à l’estomac. La POEM diffère de la myotomie de Heller du fait que les incisions sont réalisées à l’aide d’un endoscope introduit par la bouche et acheminé vers l’œsophage. De plus, contrairement à la myotomie de Heller, à l’heure actuelle, aucune intervention endoscopique ne peut être réalisée pour remplacer la fundoplicature chirurgicale. La POEM peut également augmenter le risque de reflux acide, encore plus que la myotomie de Heller.
  • Toxine botulique : Dans le cadre de cette procédure, la toxine botulique (également connue sous le nom de Botox) est injectée dans le SOI à l’aide d’une aiguille spéciale introduite au moyen d’un endoscope. La toxine botulique relâche temporairement le sphincter. Ce traitement est recommandé aux patients plus âgés et aux personnes ne pouvant pas subir une dilatation par ballonnet ou une myotomie. Les effets de l’injection de toxine botulique ne durent que quelques mois; il peut donc être nécessaire de répéter le traitement. Il convient toutefois d’en discuter avec les spécialistes, y compris votre gastro-entérologue ou chirurgien.
  • Médicaments : Votre fournisseur de soins de santé peut vous recommander un myorelaxant ou un inhibiteur calcique pour traiter l’achalasie. Ces médicaments ne sont pas très efficaces et ne sont généralement utilisés que temporairement en attendant que vous ayez accès à d’autres options thérapeutiques.
  • Modifications au régime alimentaire : Bien qu’il n’existe pas de données probantes sur l’efficacité d’un quelconque régime alimentaire dans le soulagement des symptômes de l’achalasie, il peut être utile de parler à votre médecin de ce que vous mangez. Certains aliments peuvent être plus difficiles à avaler en fonction du type d’achalasie dont vous souffrez. Vous devez bien mâcher vos aliments et éviter de manger des aliments volumineux qui pourraient augmenter le risque d’obstruction du bol alimentaire. Si vous avez perdu du poids, votre médecin peut vous recommander des aliments riches en calories ou des suppléments (comme Ensure® ou Boost®) pour vous aider à maintenir un poids santé en attendant le traitement définitif.
  • Œsophagectomie : Dans de rares cas, une achalasie non traitée peut élargir l’œsophage, ce qui peut donner lieu à de graves symptômes. Dans une telle éventualité, votre médecin peut recommander le retrait total de l’œsophage (œsophagectomie). Cette chirurgie est rarement pratiquée, étant réservée aux personnes atteintes d’une achalasie non traitée depuis longtemps et dont l’œsophage est gravement dilaté. Suivant l’excision, le chirurgien utilisera une partie de l’estomac pour en faire un œsophage de remplacement.

Achalasie et l’avenir

L’achalasie est une affection qui dure toute la vie et qui, si elle est non traitée, peut entraîner de graves symptômes et complications. Elle est considérée comme une maladie progressive, ce qui signifie que les symptômes peuvent s’aggraver au fil du temps. Les personnes atteintes d’achalasie présentent un risque légèrement accru de cancer de l’œsophage.

Une fois l’achalasie diagnostiquée, des procédures peuvent être utilisées pour atténuer les symptômes. Toutefois, en raison de sa nature progressive, l’achalasie pourra nécessiter des traitements supplémentaires. Certains traitements peuvent provoquer un reflux gastro-œsophagien, entraînant un risque accru de cancer de l’œsophage. Il est donc important de parler de l’état de votre affection à votre médecin lors de vos examens périodiques.


Adrian Genge, collaborateur au bulletin
Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMD numéro 227 – 2023
Photo : © cait00sith | elements.envato.com