Coûts des soins de santé au Canada

Le système de soins de santé canadien est reconnu mondialement comme étant « gratuit ». Il offre la couverture universelle des services de soins de santé médicalement nécessaires et fournis en fonction des besoins, plutôt qu’en fonction de la capacité à les payer. Cependant, notre pays dispose d’une myriade de systèmes, ceux-ci n’étant pas réellement gratuits. Pour avoir une idée précise du coût des soins de santé au Canada, il faut se pencher sur le prix de l’assurance maladie publique et examiner combien de temps les Canadiens attendent pour recevoir les soins nécessaires.

Soins de santé publics

Le Canada est une anomalie parmi les autres pays disposant d’un système de santé universel, car le nôtre ne couvre pas les médicaments sur ordonnance, sauf lors d’une hospitalisation. Nous avons également un système à double couverture. Les Canadiens peuvent bénéficier d’une couverture pour les services et les produits de soins de santé, ainsi que pour les médicaments sur ordonnance, autant par l’entremise de l’assurance publique (gouvernementale) que de l’assurance privée. Ce n’est qu’un faible pourcentage de Canadiens qui dispose uniquement d’une assurance maladie publique.

Ceux qui bénéficient d’une combinaison de couvertures publique et privée peuvent quand même avoir à débourser des frais selon les plafonds de l’assurance et en raison de coûts tels que les primes et les franchises. Au Canada, les régimes publics ne couvrent que 42 % des dépenses totales des médicaments d’ordonnance, les régimes d’assurance privés (généralement par l’entremise de cotisations des employeurs et des employés) en couvrent 35 %, et les patients paient une part énorme de 23 %.1

Le gouvernement fédéral finance la plus grande partie de nos systèmes de soins santé par des paiements de transfert aux provinces et aux territoires (P et T), rendus possibles par les contributions fiscales des Canadiens, notamment l’impôt sur le revenu, l’impôt foncier, l’impôt sur les bénéfices et les taxes de vente. Toutefois, les fonds sont versés dans les recettes générales des P et T, plutôt que d’être affectés exclusivement aux soins de santé.2

Il est donc difficile de savoir quelle part de vos impôts est attribuée aux soins de santé. Les chercheurs ont tenté de répondre à cette question en calculant la contribution des ménages, y compris les particuliers, aux dépenses totales du pays en matière de santé; ils n’ont pas inclus les personnes à charge ni les enfants, puisqu’ils ne sont pas des contribuables. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, en 2019, les gouvernements ont consacré environ 172 milliards de dollars provenant des contribuables canadiens aux coûts des soins de santé publics.

Les chercheurs ont divisé les familles canadiennes en dix catégories de revenus. Les familles ayant les revenus totaux annuels moyens les plus faibles, soit 14 168 $, verseront en moyenne 471 $ à l’assurance maladie publique en 2020. Les familles ayant un revenu moyen de 65 522 $ verseront 6 627 $. En revanche, les familles canadiennes les mieux rémunérées, affichant un revenu moyen de 281 988 $, devront payer 39 731 $.

Cette méthodologie suppose que la partie des impôts destinée à l’assurance maladie est égale à la partie des recettes fiscales consacrées aux soins de santé par le gouvernement, estimée à 28,8 % par les chercheurs pour 2020/2021.

Délais d’attente

En 2019, la moyenne nationale des délais d’attente pour un traitement suivant un rendez-vous auprès d’un spécialiste était de 10,8 semaines, ce qui représente une légère amélioration comparativement à 2018 (0,2 semaine de moins). Toutefois, le temps d’attente moyen pour subir une procédure ou une chirurgie médicalement nécessaire suivant la recommandation d’un omnipraticien était de 21 semaines, soit une augmentation de deux semaines par rapport à 2018.3

Le Québec connaît les plus courts délais d’attente relatifs aux consultations auprès des spécialistes, soit une moyenne de sept semaines, tandis que l’Île‑du‑Prince‑Édouard (Î.-P.-É.) présente les plus longs délais, soit environ 29 semaines. L’Ontario connaît le délai d’attente le plus court, depuis la consultation auprès d’un spécialiste jusqu’au traitement, soit huit semaines, tandis que l’Î.‑P.‑É éprouve le délai d’attente le plus long, soit 20,5 semaines. De 80 à 93 % des Ontariens nécessitant une chirurgie intestinale ou une chirurgie thoracique pour un reflux gastro-œsophagien ont reçu des soins en temps opportun en fonction des références de rendement.4

L’accès aux tests de diagnostic, élément crucial pour les personnes souffrant de maladies et troubles digestifs, comporte également des obstacles. Les Canadiens ont attendu environ 4,8 semaines pour une tomodensitométrie, 9,3 semaines pour une imagerie par résonance magnétique et 3,4 semaines pour une échographie.

Les gouvernements d’un bout à l’autre du pays ont accordé la priorité aux services de soins santé pour lutter contre la COVID-19, reportant les interventions chirurgicales non urgentes dans les premiers mois de la pandémie, ce qui a conduit à un arriéré de plus de 100 000 interventions en date de mai 2020.5 Il est trop tôt pour déterminer les conséquences que ces retards auront sur nos systèmes de santé.


Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMD numéro 215 – 2020
1. Brandt J et al. Prescription drug coverage in Canada: a review of the economic, policy and political considerations for universal pharmacare. Journal of Pharmaceutical Policy and Practice. (2018)11:28.
2. Barua B et al. The Price of Public Healthcare Insurance, 2020. Institut Fraser. Août 2020.
3. Bachhus B et al. Waiting Your Turn Wait Times for Health Care in Canada, 2019 Report. Institut Fraser. Décembre 2019.
4. Rendement du système. Qualité des services de santé Ontario. Disponible à : https://www.hqontario.ca/Rendement-du-syst%C3%A8me/Temps-dattente-pour-les-op%C3%A9rations-et-les-interventions/Temps-dattente-pour-dautres-op%C3%A9rations-et-interventions/Attente-entre-la-d%C3%A9cision-et-lop%C3%A9ration-ou-lintervention. Consulté le 2020-08-20.
5. ACMTS. La reprise des services de santé non urgents dans le contexte de la COVID-19. Note d’information de l’ACMTS. Mai 2020.
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