Hépatite C – Dire ou ne pas dire?
L’hépatite C est une maladie du foie qui surgit à la suite d’une infection par le virus de l’hépatite C (VHC). Près du quart des personnes infectées guérissent sans séquelles graves, mais pour les autres, la maladie persiste (devient chronique). Fait inquiétant, chez 25 % de ces patients, l’infection chronique par le VHC peut causer une cirrhose du foie, qui peut à son tour dégénérer en un cancer du foie.
S’il n’existe aucun vaccin pour la prévention du VHC, divers traitements offrent en revanche un taux de guérison variant entre 50 et 90 %. La peur de contracter le VHC d’une personne infectée ou la supposition courante que toutes les personnes qui ont l’hépatite C sont, ou étaient des utilisateurs de drogues injectables favorisent la stigmatisation sociale liée au VHC. Or, de telles peur et supposition ne sont pas fondées sur des faits.
Le VHC est infectieux et se propage de plusieurs façons autres que par l’utilisation de drogues injectables. Par exemple, une personne peut se trouver contaminée par le VHC à la suite d’une transfusion sanguine, d’une blessure par piqûre d’aiguille, d’un tatouage ou d’un perçage corporel; une mère infectée peut aussi transmettre le virus à son enfant à la naissance. Il est important de savoir que le virus ne se transmet pas par de simples contacts, le partage d’une boisson ou de la nourriture, des caresses, des baisers, la toux, les éternuements ou l’allaitement. Dans une relation monogame, il est rare qu’une personne infectée transmette le virus par contact sexuel à son partenaire.
Au centre LAIR, je me penche principalement sur les soins et le traitement dispensés aux personnes atteintes du VHC. Bon nombre de ces patients disent hésiter à dévoiler leur état aux membres de leur famille, à leurs amis, à leur employeur et aux autres professionnels de la santé par peur d’être rejetés ou ostracisés, ou de faire l’objet de discrimination. Bien que les personnes atteintes du VHC n’aient aucune obligation légale de dévoiler des renseignements concernant leur état, il est très important qu’elles partagent cette information à tout le moins avec leur médecin et tout autre professionnel de la santé qui les soignent, qu’elles souffrent ou non de symptômes liés à la maladie ou des effets secondaires du traitement, puisque l’infection peut également toucher d’autres aspects de leur santé.
La personne dont l’infection au VHC vient d’être diagnostiquée doit tout d’abord accepter le fait d’avoir une maladie chronique, puis apprendre à vivre avec la maladie. La plupart ont peu ou pas de symptômes tandis que d’autres éprouvent de la fatigue, une faiblesse généralisée et un vague malaise dans la région du foie. L’hépatite C peut être gérée, traitée, et souvent guérie. À leur décès, la majorité des personnes infectées au VHC auront toujours la maladie, mais celle-ci n’en sera pas la cause.1
La décision de dévoiler son état aux autres appartient à chacun. Si vous décidez de le faire, il vous faudra alors communiquer des renseignements exacts; s’ils comprennent bien ce qu’est le VHC et ses méthodes de transmission, la plupart des gens auront une réponse positive. Gardez à l’esprit qu’il y aura toujours quelqu’un qui réagira négativement, mais ceci est dû en général au manque de connaissance de la maladie. Le fait de fournir à une personne des renseignements sur le VHC avant de lui dévoiler votre état peut vous faciliter la situation à tous deux. Lorsque vous êtes prêt à annoncer votre maladie, commencez par les personnes qui vous sont les plus proches, celles en qui vous avez confiance et avec qui vous vous sentez en sécurité.
En ce qui concerne le domaine public, personne n’a besoin de savoir que vous êtes atteint du VHC ou de toute infection virale connue ou inconnue transmissible par le sang. Dans la mesure où chacun prend pour acquis que le sang de tous est potentiellement contaminé et qu’il redouble de précautions dans chaque situation où il pourrait être en contact avec du sang, contaminé ou non, alors l’infection par un virus ou un pathogène transmissible par le sang peut être évitée. Porter des gants, nettoyer les taches de sang avec une solution d’eau de Javel, se laver les mains rigoureusement et panser les coupures figurent parmi les précautions à prendre.2
Les précautions universelles renvoient à une liste particulière de méthodes utilisées à titre de « mesures de lutte contre les infections, qui reposent sur le postulat selon lequel le sang humain, certains liquides organiques de même que les tissus frais et les cellules d’origine humaine sont traités comme s’ils étaient infectés par le VIH, le VHB ou tout autre pathogène transmissible par le sang ».3 Il existe de légères variations de ces précautions appelées précautions normalisées et pratiques courantes.4
Qu’il s’agisse d’un enseignant en classe qui met un pansement sur une éraflure qui saigne, un dentiste qui extrait une dent, un entraîneur sportif sur le terrain qui panse une coupure ouverte ou un médecin en salle d’urgence, chacun doit prendre des précautions et présumer que le sang de tous est contaminé.
Si nous traitons tous les gens de la même façon, alors le stigmate lié au fait d’« attraper le VHC » n’aura plus sa raison d’être. Si tel était le cas, il serait ainsi plus facile aux personnes infectées de dévoiler leur état aux autres. Enrayer le stigmate lié à cette maladie, c’est l’affaire de tous.