Vous croyez connaître l’hépatite?

Plusieurs personnes présument que l’hépatite est une maladie qui touche seulement les alcooliques, les consommateurs de drogues et les personnes qui ne sont pas vaccinées. Le mot hépatite peut en fait être décomposé de cette façon : hepat provient du mot grec pour le foie et le suffixe -ite est grec pour inflammation. L’hépatite fait donc référence à tout processus qui entraîne une inflammation des cellules du foie. L’hépatite peut être de courte durée où il y a un rétablissement total en l’espace de six mois (aiguë) ou peut durer plus de six mois (chronique). Bien que les virus provoquent le plus souvent une hépatite aiguë, il existe plusieurs autres causes dont les effets secondaires provenant de médicaments et d’herbes, les maladies auto-immunes ou cholestatiques, les troubles génétiques, une consommation excessive de gras et l’abus d’alcool.

Virus

Il y a cinq virus connus qui infectent le foie : les virus de l’hépatite A, B, C, D et E. En Amérique du Nord, les trois premiers sont les plus communs.

Le virus de l’hépatite A (VHA) se transmet lorsqu’une personne ingère des aliments ou des boissons, y compris de l’eau, contaminés par des selles qui renferment le virus. Les symptômes de l’infection sont habituellement mineurs et peuvent être confondus avec ceux de la grippe – fatigue, fièvre, douleur abdominale, nausées et perte d’appétit. L’infection au VHA ne devient pas chronique et n’entraîne donc pas de dommages permanents au foie. Une fois la VHA contractée, le système immunitaire produit des anticorps empêchant une nouvelle infection. Les anticorps anti-VHA peuvent être détectés chez 30 à 40 % de la population des pays développés et chez 90 % de la population des pays en développement. Il existe un vaccin pour prévenir l’infection au VHA.

Le virus de l’hépatite B (VHB) se transmet suite à l’exposition à du sang ou à des fluides corporels (salive, sperme, excrétions vaginales) infectés par l’entremise de contacts sexuels, les transfusions de sang, le partage d’aiguilles et de seringues et d’une mère à son enfant à la naissance. L’infection au VHB peut être aiguë ou chronique. Une infection aiguë dure pendant quelques semaines et ses symptômes comprennent la fatigue, la perte d’appétit, les vomissements, les douleurs physiques et une légère fièvre. L’infection chronique est habituellement absente de symptômes, mais entraîne des dommages importants au foie (cirrhose) chez 20 à 30 % des patients. Les patients qui développent une cirrhose ont le risque le plus élevé de développer un cancer du foie. Il n’existe aucun remède contre le VHB, mais les médecins ont un choix de plusieurs médicaments à prescrire pour ralentir la progression de la maladie. Il existe un vaccin pour prévenir l’infection au VHB.

Le virus de l’hépatite C (VHC) se transmet par un contact direct avec le sang pouvant se produire par exemple par le partage d’aiguilles et autre matériel associé à l’utilisation de drogues (pailles, cuillères, eau, coton, réchauds), les transfusions de sang, le tatouage, les perçages corporels, les contacts sexuels et ce qui est plus rare, d’une mère à son enfant à la naissance. La plupart des personnes sont asymptomatiques pendant la phase aiguë, mais si des symptômes se manifestent ils sont habituellement légers, pouvant comprendre la fatigue, une perte d’appétit et la faiblesse. L’infection au VHC devient chronique chez environ 75 % des personnes infectées. La plupart des porteurs chroniques ont peu ou aucun symptôme, mais certains signalent de la fatigue, une faiblesse générale, et un vague malaise dans la région du foie. Chez environ 25 % des personnes, l’infection chronique au VHC peut provoquer une cirrhose, cette dernière pouvant entraîner un cancer du foie. Il existe des traitements contre le VHC offrant de 50 à 90 % de chance de guérison. À l’heure actuelle, il n’y a aucun vaccin pour la prévention du VHC.

Le virus de l’hépatite D (VHD) ne peut vivre que chez les personnes atteintes d’hépatite B. Il se transmet par les mêmes voies que le VHB, c’est-à-dire par le sang, les contacts sexuels, et de mère à enfant. Les personnes atteintes d’infections chroniques au VHB et au VHD sont aussi susceptibles de souffrir d’une maladie du foie avancée se présentant sous forme de cirrhose. Il n’existe actuellement aucun remède contre le VHD. L’infection peut être prévenue en évitant une infection au VHB; une vaccination contre le VHB est donc une bonne première mesure pour éviter de contracter le VHD.

Le virus de l’hépatite E (VHE),comme celui du VHA, se transmet à partir des selles d’une personne, à la bouche d’une autre personne, normalement par l’entremise d’un aliment ou d’une source d’eau contaminés. Des éclosions sont survenues seulement au Mexique, au Pérou et dans certaines régions de l’Asie et de l’Afrique. Parmi les symptômes, on compte une peau jaune (jaunisse), une perte d’appétit, la douleur abdominale, les nausées et les vomissements. Il n’y aucun développement d’infection chronique et les personnes atteintes ne deviennent pas porteuses.

Médicaments

Plusieurs médicaments peuvent entraîner une hépatite, l’acétaminophène (Tylenol®) étant le plus reconnu. D’autres médicaments pouvant provoquer l’inflammation du foie comprennent les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels que l’ibuprofène et le naxoprène, les stéroïdes anabolisants, les contraceptifs oraux, les antifongiques, les statines (pour réduire les taux de cholestérol), le méthotrexate (pour la polyarthrite rhumatoïde), certains antibiotiques et certains médicaments pour le traitement de la tuberculose. Veuillez noter que cette liste n’est pas complète et que de nombreux patients peuvent utiliser ces médicaments sans danger sous la supervision d’un médecin. Si des signes précoces d’hépatite se produisent dans le cadre d’une observation clinique étroite, le patient peut cesser de prendre les médicaments, ce qui entraîne ordinairement une régression des symptômes.

Herbes

Le fait que les herbes sont naturelles ne signifie pas qu’elles sont sans danger. De nombreuses herbes sont liées à l’hépatite, aux dommages du foie et à l’insuffisance hépatique. Entre autres, les herbes suivantes peuvent entraîner une hépatite : l’actée à grappes noires, le chaparral, la consoude, le kava, la lobélie, le gui, la germandrée, le séneçon, le sassafras, la scutellaire, le mélilot et la valériane.

Auto-immune

L’hépatite auto-immune est une maladie où l’inflammation du foie résulte d’une attaque au foie par son propre système immunitaire. On ignore la cause exacte, mais un facteur génétique joue probablement un rôle, ce qui peut rendre certaines personnes plus susceptibles. Soixante-dix pour cent des personnes atteintes d’hépatite auto-immune sont des femmes, la fatigue étant le symptôme le plus couramment signalé. Il n’existe aucun remède contre l’hépatite auto-immune, mais des médicaments comme le prednisone et l’azathioprine (Imuran®) aident à atténuer les symptômes.

Cholestatique

Le terme cholestatique fait référence au flux de la bile dans le foie. La bile, produite par le foie, se déplace dans les canaux biliaires pour se rendre à la vésicule biliaire où elle est emmagasinée; elle finit par être envoyée à l’intestin grêle pour aider à la digestion des gras.

La cirrhose biliaire primitive (CPB) est une maladie auto-immune qui s’attaque aux cellules qui tapissent les canaux biliaires. Lorsque ces canaux sont endommagés, la bile s’en échappe et occasionne des dommages tels que l’inflammation et la cicatrisation du tissu hépatique. Comme dans l’hépatite auto-immune, la CPB touche principalement les femmes. Les symptômes comprennent la fatigue et les démangeaisons de la peau. La CPB est une maladie qui dure toute la vie et est traitée par l’ursodiol, un médicament qui aide le foie à déplacer la bile à travers les canaux.

L’angiocholite sclérosante primitive (ASP) est une maladie qui endommage et obstrue les canaux biliaires à l’intérieur et à l’extérieur du foie. Il existe un lien entre l’ASP et la maladie inflammatoire de l’intestin (maladie de Crohn et colite ulcéreuse) bien que celui-ci ne soit pas clair. Il n’y a pas de traitement contre l’ASP mis à part la gestion des symptômes, notamment la fatigue, les démangeaisons de la peau et le jaunissement de la peau (jaunisse).

Génétique (héréditaire)

L’hémochromatose est un terme qui décrit l’excès d’absorption et de stockage du fer dans le foie, le cœur, le pancréas, les articulations ou autres organes. Cette maladie ne se présente que si une personne hérite un gène défectueux de chacun de ses parents; si seulement un des gènes défectueux est transmis, la personne devient porteuse sans présenter de signes de maladie. Plusieurs personnes ne connaissent aucun symptôme, mais pour celles qui en ont, la douleur articulaire est la plus courante. Le traitement se fait en débarrassant l’excès de fer en prélevant du sang (phlébotomie) de la même façon que chez les donneurs à une banque de sang. Les taux de fer dans le sang déterminent la fréquence des phlébotomies. Cette maladie ne peut être guérie, mais elle est facilement prise en charge.

La maladie de Wilson est un trouble génétique qui occasionne une accumulation de cuivre dans le foie, le système nerveux central et autres organes. Comme dans l’hémochromatose, il faut hériter un gène anormal de chacun de ses parents et les porteurs ayant seulement une copie du gène défectueux ne présentent aucun symptôme. Les symptômes peuvent varier selon l’endroit où l’accumulation de cuivre se produit. Si l’accumulation est dans le foie, les symptômes comprennent la fatigue, la jaunisse, l’hypertrophie du foie et des ecchymoses se produisant facilement. Si elle est dans le système nerveux central, il peut en résulter des problèmes d’élocution, de tremblements, de rigidité musculaire et de changements de comportements. Puisque le cuivre s’accumule aussi dans les yeux, un anneau or ou verdâtre peut apparaître sur la circonférence extérieure de la cornée (anneaux de Kayser-Fleischer). Le traitement à vie consiste d’un régime alimentaire faible en cuivre et un médicament appelé pénicillamine qui se lie au cuivre pour aider à le retirer du corps.

Stéatose hépatique

La stéatose hépatique non alcoolique est la cause la plus courante de la maladie du foie chronique, touchant près de 30 % des populations occidentales. La stéatose hépatique est une affection bénigne où un type de graisse précis se dépose dans les cellules du foie. Cette affection est réversible et n’entraîne pas la cirrhose, l’insuffisance hépatique ou le cancer du foie. Cependant, lorsque l’accumulation de gras dans le foie provoque une inflammation des cellules hépatiques, chez 2 à 5 % des Nord-Américains l’affection devient une stéato-hépatite non alcoolique (SHNA) qui peut occasionner une cirrhose. L’obésité, un mode de vie sédentaire, le diabète, des taux élevés de cholestérol et une hypertension artérielle sont tous des facteurs qui augmentent le risque de développer une stéatose hépatique non alcoolique ou une SHNA. Les personnes touchées présentent peu ou pas de symptômes. Le traitement comprend un programme de perte de poids qui compte un régime alimentaire santé et un plan d’exercice ainsi que la gestion d’autres affections médicales.

Abus d’alcool

La consommation excessive et prolongée peut provoquer une stéatose hépatique. L’hépatite alcoolique se produit chez 10 à 20 % des alcooliques lorsque les effets toxiques de l’alcool entraînent une inflammation des cellules du foie, ce qui peut provoquer une cicatrisation grave (cirrhose). La stéatose hépatique alcoolique et l’hépatite peuvent être réversibles si la consommation d’alcool est cessée avant le développement de la cirrhose.

Conclusion

Un pourcentage élevé d’alcooliques et d’utilisateurs de drogues développera l’hépatite, mais de nombreuses autres personnes seront atteintes d’hépatite en raison de diverses autres causes, notamment l’infection par un virus. Certains types d’hépatite disparaissent rapidement tandis que d’autres persistent pendant plusieurs années, souvent pour toute la vie. Même si vous souffrez d’hépatite, il existe des médicaments et des changements de mode de vie (comme limiter la consommation d’alcool et maintenir un poids santé) qui peuvent empêcher la maladie de s’aggraver. Appliquer collectivement les connaissances sur l’hépatite virale pour modifier les comportements sociaux contribuera à diminuer la transmission des formes infectieuses de la maladie.

Il est donc important que chaque personne aux prises avec l’hépatite soit suivie par un médecin dont la spécialité est la maladie du foie. Le médecin peut ainsi offrir des informations à jour sur la maladie et au besoin, prescrire le ou les médicaments requis afin que le patient puisse vivre pleinement sa vie.

Les références sont disponibles sur demande.


Lori Lee Walston, IA
Publié pour la première fois dans le bulletin The Inside Tract® numéro 175 – 2010
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