La maladie du foie au Canada
Selon les données disponibles, les chercheurs estiment qu’environ un Canadien sur dix souffre d’une forme quelconque de maladie du foie – cela représente plus de trois millions de personnes – bien que ce nombre puisse en effet être sous-estimé. La Fondation canadienne du foie (FCF) a diffusé une analyse détaillée en 2013 faisant état de la crise émergente dans ce domaine de la santé.1 Les auteurs du rapport suggèrent que la stigmatisation persistante qui entoure la maladie du foie contribue probablement aux défis auxquels nous sommes confrontés lorsque nous travaillons à accroître la sensibilisation du public et à offrir la voix nécessaire pour recueillir davantage de fonds de recherche par l’entremise de dons de bienfaisance et d’organismes gouvernementaux.
Dans un rapport troublant diffusé par la Société canadienne du cancer (SCC),2 des chercheurs affirment que le cancer du foie connaît aussi une augmentation alarmante. Depuis les années 1970, l’incidence du cancer du foie au Canada a triplé chez les hommes et doublé chez les femmes. Incroyablement, quatre personnes sur cinq atteintes du cancer du foie (80 %) mourront dans les cinq ans suivant leur diagnostic.
L’hépatite virale est-elle plus dangereuse que le VIH?
Les chercheurs ignorent exactement combien de Canadiens sont touchés par une hépatite virale, mais ils estiment qu’environ 500 000 sont aux prises avec une hépatite B ou C. De nombreuses personnes atteintes de ces maladies ne sont pas conscientes de l’infection jusqu’à ce que le foie soit gravement endommagé, produisant des symptômes apparents, notamment la fatigue, des malaises abdominaux, l’accumulation de fluide dans l’abdomen (ascite), le saignement de veines dans l’œsophage ou l’estomac (varices) ou la confusion (encéphalopathie). Les risques pour la santé des personnes atteintes d’hépatite virale chronique comprennent la cirrhose, l’insuffisance hépatique et le cancer du foie.
En raison des initiatives consacrées à la sensibilisation lancées dans les années 1980, la plupart des gens reconnaissent que l’infection par le virus d’immunodéficience humaine (VIH) cause une maladie grave et parfois mortelle, mais ils peuvent ignorer que l’hépatite est beaucoup plus courante que l’infection au VIH et que le taux de mortalité de l’hépatite C chronique, par exemple, est beaucoup plus élevé. L’aide financière de divers agences/ministères fédéraux à l’appui de la recherche sur le VIH est 10 fois plus élevée que celle sur l’hépatite B, et l’aide financière à l’appui de la recherche sur le VIH est cinq fois plus élevée que celle sur l’hépatite C. À titre d’exemple, si l’organisme fédéral subventionnaire verse 100 000 $ à la recherche sur le VIH, il alloue seulement 10 000 $ à la recherche sur l’hépatite B et seulement 20 000 $ à la recherche sur l’hépatite C.
Il faut d’abord avoir accès au traitement pour qu’il fonctionne
D’autres problèmes qui aggravent la stigmatisation comprennent le manque de sensibilisation du public, le manque de fonds destinés à la recherche, un dépistage inadéquat et une couverture insuffisante par un régime d’assurance public pour le traitement de l’hépatite virale. D’après la FCF, moins de 25 % des patients aux prises avec l’hépatite C et moins de 10 % des patients atteints d’hépatite B reçoivent un traitement efficace. Il n’y a aucun remède contre l’hépatite B, mais il existe un vaccin ainsi que de nombreux traitements efficaces pour maintenir la maladie sous contrôle et prévenir sa progression et ses complications. Quoiqu’il n’existe aucun vaccin contre l’hépatite C, cette maladie peut être guérie chez plusieurs personnes.
De nombreuses restrictions relatives au remboursement de médicaments au niveau provincial sont grandement influencées par des considérations reliées aux coûts plutôt qu’uniquement par les données scientifiques, ce qui signifie que de nombreux patients atteints d’hépatite virale n’auront pas accès à un traitement. Cela peut être une source de frustration pour les patients et pour les médecins.
Passons à l’action
Un dépistage efficace, des programmes de vaccination ciblés et un accès abordable à des traitements efficaces pour les patients peuvent prévenir la mort ou une maladie grave pouvant découler de la maladie du foie. La FCF et la SCC recommandent de viser les groupes à risque en ce qui concerne le dépistage (certaines populations immigrantes dans le cas de l’hépatite B et les Canadiens nés entre 1945 et 1975 dans le cas de l’hépatite C) et la vaccination (dans le cas de l’hépatite B). Les médecins de famille jouent un rôle important dans l’éducation de leurs patients, un nombre croissant s’intéressant à la gestion des maladies du foie et acquérant de l’expertise dans ce domaine. Malgré tout, de nombreuses régions partout au pays ont besoin de plus de spécialistes pour offrir un soutien aux millions de Canadiens touchés par la maladie du foie.