Les femmes et la MII
En reconnaissance de la Journée internationale de la femme, soulignée chaque année le 8 mars, nous présentons des résultats de recherches récentes sur les défis supplémentaires auxquels sont confrontées les femmes atteintes de la maladie de Crohn et de colite ulcéreuse.
Travail et vie amoureuse
Une étude récente menée en Suède a révélé que comparativement aux hommes atteints de la maladie de Crohn, les femmes qui en sont également atteintes sont plus susceptibles de connaître une maladie à long terme, de toucher une prestation d’invalidité et d’être célibataires.1 Selon l’échelle de la qualité de vie liée à la santé (QVLS) – une norme pour mesurer à quel degré les patients perçoivent l’incidence de la maladie sur leur vie – les femmes à l’étude ont signalé un impact plus négatif sur leur vie en raison de la maladie de Crohn comparé aux hommes ayant participé à l’étude.
L’étude comptait 505 patients atteints de la maladie de Crohn et, à titre de comparaison, a aussi recueilli des données de 300 patients souffrant de colite ulcéreuse. Les hommes atteints de la maladie de Crohn ont signalé un niveau de QVLS semblable à celui rapporté par les femmes souffrant de colite ulcéreuse. Cependant, les hommes atteints de colite ulcéreuse ont déclaré que leur maladie n’avait qu’une incidence très minimale sur leur qualité de vie. Du point de vue objectif de l’activité de la maladie, aucune différence importante n’a été constatée entre les sexes, ni pour la maladie de Crohn, ni pour la colite ulcéreuse. Les femmes atteintes de la maladie inflammatoire de l’intestin (MII) sont cependant plus susceptibles que les hommes d’éprouver des symptômes extra-intestinaux de la MII et également de souffrir du syndrome de l’intestin irritable (SII). Cela pourrait, en partie, expliquer les différences. Les auteurs de l’étude supposent que les différentes stratégies d’adaptation entre les sexes ou les inégalités sociales telles qu’une plus grande pression sur les femmes à s’acquitter de leur rôle fonctionnel quotidien – en tant que mères, employées, etc. – pourraient aussi jouer un rôle, peu importe les symptômes de la maladie.
Poussée de la MII ou menstruations normales?
Des chercheurs du Manitoba ont étudié la relation entre les symptômes gastro-intestinaux (GI) et les menstruations dans le contexte de la MII. Les résultats de l’étude, publiés dans la revue Alimentary Pharmacology and Therapeutics,2 ont démontré que les femmes atteintes de la MII et celles qui ne le sont pas connaissent des symptômes très semblables avant et pendant leurs règles (p. ex., ballonnements, fatigue et sautes d’humeur). Cependant, les participantes souffrant de la maladie de Crohn éprouvaient une diarrhée prémenstruelle plus aiguë comparativement aux femmes aux prises avec la colite ulcéreuse et celles du groupe témoin. Les participantes des groupes de la maladie de Crohn et de la colite ulcéreuse étaient plus susceptibles d’avoir la diarrhée pendant leurs règles que les participantes en bonne santé du groupe témoin. Les chercheurs avancent que des études comme celle-ci, qui aident à élucider la cause de symptômes GI particuliers, pourraient aider les gastro-entérologues à formuler des recommandations de traitement chez les femmes préménopausées souffrant de la MII.
Nouvelles sur la grossesse
Dans le bulletin Du coeur au ventreMC, numéro 180, nous avons décrit les facteurs spéciaux dont les femmes atteintes de la MII doivent tenir compte en ce qui se rapporte à la grossesse. Une nouvelle analyse documentaire effectuée par des chercheurs à l’Université de Toronto a fait une mise à jour de nombreuses recommandations à l’intention des gastro-entérologues.3 En tête de liste figure la consultation proactive chez les patientes atteintes de la MII qui sont en âge d’avoir des enfants. Ces discussions liées à la grossesse devraient toucher les facteurs nutritionnels, les suppléments vitaminiques et minéraux, l’abandon du tabac et de l’alcool et l’induction et le maintien de la rémission avant la grossesse (dans la mesure du possible). L’analyse révèle également que certains médicaments, tels que les produits biologiques, peuvent être utilisés de façon sécuritaire lors de la grossesse, pour une plus longue période que ce que l’on croyait auparavant.
Une autre étude récente a évalué à l’aide d’un questionnaire validé intitulé Crohn’s and Colitis Pregnancy Knowledge (CCPKnow), à quel point les femmes atteintes de la MII comprennent les enjeux liés à la grossesse. Elle a conclu que près de la moitié (45 %) des 145 femmes visées par l’étude avaient une mauvaise connaissance des problèmes de grossesse liés à la MII, 28 % avaient une connaissance adéquate, 17 % avaient une bonne connaissance et seulement 10 % avaient une très bonne connaissance de ces enjeux.4 De nombreuses femmes souffrant de la MII signalent qu’elles évitent la grossesse en raison de craintes (p. ex., infertilité, les risques liés aux médicaments et la possibilité d’anomalies congénitales) qui sont disproportionnées avec les preuves scientifiques actuelles. Les chercheurs sont aussi préoccupés par le fait que les femmes atteintes de la MII qui choisissent de devenir enceintes pourraient cesser de prendre leur médicament contre la MII à cause d’une crainte injustifiée que celui-ci puisse mettre le fœtus à risque. Comme il a été décrit dans notre article précédent, les recherches en cours continuent de démontrer qu’avant tout, la rémission de la maladie lors de la grossesse favorise une grossesse en santé et que, sauf quelques exceptions, la plupart des médicaments utilisés dans le traitement de la MII sont sécuritaires chez les femmes enceintes et qui allaitent. Cependant, nous conseillons fortement aux femmes de discuter à fond avec leur gastro-entérologue des rapports risques-bienfaits particuliers des différents médicaments et suppléments lorsqu’ils sont pris pendant la grossesse.