Les germes dans la salle de toilette

Abaissez ce couvercle

Une nouvelle étude britannique, présentée dans le Journal of Hospital Infection,1 révèle qu’actionner la chasse d’eau d’une toilette dont le couvercle est ouvert accroît le risque de contamination des autres aires de la salle de bains. L’étude portait en particulier sur la bactérie Clostridium difficile (C. difficile), source d’infections bactériennes potentiellement fatales qui se répandent souvent dans les hôpitaux. Les chercheurs ont simulé des selles contenant cette bactérie afin de mesurer la distance à laquelle elle se propage dans l’air (aérosolisation) une fois la chasse actionnée et se sont servis de deux types de toilettes couramment utilisées dans les hôpitaux. Ils ont découvert la C. difficile dans l’air, à 25 cm au-dessus du siège de toilette et déterminé que la contamination de la surface par cette bactérie se produisait dans les 90 minutes après l’actionnement de la chasse, ce qui signifie que les particules sont en suspension dans l’air un certain temps avant de se déposer sur une surface. Les conclusions de cette étude récente sont particulièrement inquiétantes puisque la bactérie C. difficile présente un taux de survie élevé et que les personnes qui en sont infectées souffrent fréquemment de diarrhées explosives, donnant lieu à une contamination probable de la salle de toilette.

Des recherches antérieures ont démontré comment le fait d’actionner la chasse des toilettes domestiques et celles des hôpitaux sans en abaisser le couvercle peut aussi contaminer les surfaces environnantes par d’autres types de bactéries, comme la E. coli. Les chercheurs de la présente étude recommandent un lavage rigoureux des mains après être allé à la toilette, le nettoyage fréquent de la salle de toilette ainsi que l’installation de nouvelles toilettes qui ne produisent pas d’effet aérosol lorsqu’on en actionne la chasse, notamment dans les installations de soins de santé.

Serviette de papier ou séchage à l’air?

Des chercheurs canadiens ont récemment évalué la teneur bactérienne présente dans des serviettes de papier non utilisées. Dans le cadre de leur étude pilote, publiée dans l’American Journal of Infection Control,2 l’équipe de chercheurs a testé six marques de serviettes de papier vendues sur le marché au Canada. À l’instar des résultats d’études précédentes, les serviettes de papier fabriquées à partir de matériaux recyclés contenaient une quantité beaucoup plus importante de bactéries que les serviettes fabriquées à partir d’une nouvelle pâte : la concentration de bactéries contenue dans le papier recyclé était de 100 à 1 000 fois supérieure à celle contenue dans le papier fabriqué avec de la pâte de bois vierge. Les chercheurs sont particulièrement préoccupés par la présence de la bactérie toxique Bacillus, associée avec les maladies d’origine alimentaire et autres. La bactérie du genre Bacillus a des bonnes et mauvaises souches et peut même parfois survivre à la désinfection à l’eau de Javel, procédé courant dans les usines de papier.

Bien que très peu de bactéries aient été transmises aux participants qui se sont séché les mains avec des serviettes de papier de toutes les marques à l’étude, les participants qui ont séché leurs mains à l’air n’avaient presque pas de bactéries sur leurs mains une fois celles-ci lavées. Les chercheurs précisent que cette étude ne laisse pas entendre que les serviettes de papier sont nécessairement insalubres, mais les personnes immunodéprimées ou vulnérables à d’autres maladies pourraient vouloir faire preuve de prudence.

Survol

Il est important de comprendre que les germes (micro-organismes) se trouvent partout. Notre nombril à lui seul loge toute une communauté de bactéries et cela, en soi, n’est pas mauvais. Ce contre quoi nous devons lutter est la propagation des bactéries, virus et champignons pathogènes. Santé Canada recommande un lavage fréquent et minutieux des mains à l’aide d’un savon ordinaire et de l’eau ou, parfois, l’utilisation d’un nettoyant à mains à base d’alcool.3 Il ne recommande pas l’utilisation de savons antibactériens puisque ces produits détruisent autant les bonnes bactéries que les mauvaises et peuvent exacerber le problème actuel des bactéries résistantes aux antibiotiques. Vous devriez laver vos mains en les frictionnant pendant au moins 15 secondes et en veillant à atteindre toutes les parties de vos mains, la friction constituant une part importante de l’enlèvement des contaminants. Rincez-les bien ensuite en les frottant sous l’eau chaude.

Même si l’étude susmentionnée sur les serviettes de papier pourrait vous inciter à éviter leur utilisation, n’oubliez pas que les autres surfaces comme les robinets, les distributeurs de savon et les poignées de porte abritent beaucoup plus de bactéries qu’une serviette de papier propre. À la maison, nettoyez les surfaces de la cuisine et de la salle de toilette régulièrement et, lorsque vous utilisez les toilettes publiques, minimisez le contact de vos mains avec les surfaces et envisagez de les sécher à l’air si l’option vous est offerte.


Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMC numéro 182 – 2012
1. Best et al. Potential for aerosolizaton of Clostridium difficile after flushing toilets: the role of toilet lids in reducing environmental contamination risk. Journal of Hospital Infection. 2012;80:1-5.
2. McCuskey GendronL et al. Evaluation of bacterial contaminants found on unused paper towels and possible postcontamination after handwashing: A Pilot Study. American Journal of Infection Control. 2011;E1-e5.
3. Health Canada. It’s Your Health – The Benefit of Hand Washing. Available at http://www.hc-sc.gc.ca/hl-vs/iyh-vsv/diseases-maladies/hands-mains-eng.php. Accessed 2012-01-11.
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