Maladie de Lyme

La propagation des tiques au Canada et ce que vous devez savoir

En entendant le terme maladie de Lyme, la première chose qui vous vient à l’esprit est sans doute l’image d’une tique à pattes noires, suceuse de sang. Les tiques elles-mêmes ne sont pas responsables de la maladie de Lyme, mais elles peuvent véhiculer certaines espèces de bactéries qui le sont. La bactérie pathogène qui est la source principale de la maladie de Lyme est Borrelia burgdorferi en Amérique du Nord, et Borrelia garinii en Europe. Ce ne sont pas toutes les tiques qui transportent les bactéries qui causent la maladie de Lyme, mais au cours des dernières années, des tests ont décelé Borrelia chez plus de 20 % des populations de tiques à pattes noires dans certaines villes canadiennes vulnérables. La maladie de Lyme se produit lorsque Borrelia passe dans le sang à l’endroit de la morsure de tique et se fixe à l’intérieur des vaisseaux sanguins, entraînant une infection localisée précoce. En l’absence de traitement, les bactéries peuvent se déplacer à d’autres endroits du corps pour y amorcer une infection, ce qui occasionne des complications à long terme.

Zones à risque

Le risque d’une morsure de tique est le plus élevé pendant les mois plus chauds, c’est-à-dire tôt au printemps jusqu’à la fin de l’automne. Cependant, il existe aussi un risque tout au long de l’hiver dans les régions au climat plus doux ayant de faibles chutes de neige. Les tiques aiment habiter les endroits boisés ou à herbes hautes et vivent aussi sur les animaux, y compris les mammifères et les oiseaux.

De 2011 à 2017, une augmentation de 700 % de diagnostics de la maladie de Lyme a été enregistrée au Canada, passant de 266 cas à 2 025 cas. Cette prévalence accrue s’explique par la propagation des tiques à pattes noires dans les villes et les régions rurales du centre et de l’est du Canada, probablement à cause du réchauffement des températures et de la capacité de la tique de s’accrocher aux oiseaux et mammifères migrateurs. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur la situation de risque de la maladie de Lyme dans votre région, veuillez consulter le site web de votre autorité locale en matière de santé.

Bien que cette augmentation du nombre de cas soit inquiétante, il existe de nombreuses mesures préventives pour se protéger contre la maladie de Lyme transmise par les tiques.

Prévention

Si vous aimez passer du temps en plein air, mais que vous voulez éviter les morsures de tiques et une exposition possible à la maladie de Lyme, suivez ces conseils :

  1. Couvrez-vous lorsque vous êtes dans une zone boisée ou herbeuse, et restez sur les sentiers balisés pour éviter que des tiques se retrouvent sur votre peau et vous mordent.
  2. Rentrez votre chandail dans vos pantalons et placez vos bas par-dessus vos pantalons; portez des vêtements de couleur pâle afin de facilement voir et retirer les tiques qui sont de couleur foncée.
  3. Traitez vos vêtements et votre équipement au moyen d’un produit contenant de la perméthrine, et appliquer sur votre peau un insectifuge qui contient du N,N-diéthyl-méta-toluamide (DEET) ou de l’icaridine pour éloigner les tiques.
  4. Dès votre retour à l’intérieur, vérifiez soigneusement tout votre corps pour la présence de tiques et prenez une douche immédiatement pour empêcher toute tique de s’attacher.
  5. Si vous trouvez une tique attachée à votre peau, retirez-la immédiatement au moyen d’une pince à épiler, puisque la probabilité de transmission de Borrelia par une morsure de tique est faible dans les 24 premières heures.
  6. Placez les vêtements portés dans la sécheuse à température élevée pendant 10 minutes pour tuer toute tique qui pourrait s’y trouver.

En raison de la présence accrue de tiques à pattes noires dans le centre et l’est du Canada, il est également important de connaître les signes et les premiers symptômes de la maladie de Lyme pour prévenir sa progression et les complications associées.

Symptômes et diagnostic

L’apparition des premiers symptômes de la maladie de Lyme varie d’une personne à l’autre, se produisant quelques jours jusqu’à plusieurs semaines après la morsure d’une tique. Ils peuvent comprendre une éruption cutanée circulaire caractéristique à érythème migrant, qui se présente chez 50 à 80 % des personnes infectées, et des symptômes analogues à la grippe, tels qu’une fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires, une raideur au cou et de la fatigue.

Si l’infection n’est pas traitée, d’autres symptômes peuvent apparaître au cours des semaines ou des mois qui suivent, notamment un érythème migrant sur d’autres parties du corps, de l’arthrite se manifestant par de fortes douleurs articulaires dans une ou plusieurs articulations, ainsi que de nombreux problèmes neurologiques. Ces derniers peuvent se présenter sous forme d’engourdissement ou de faiblesse des membres, d’une inflammation de la membrane du cerveau (méningite) et d’une paralysie temporaire d’un côté du visage (paralysie de Bell). Les personnes touchées par une maladie de Lyme chronique peuvent également souffrir de problèmes cardiaques, d’une inflammation du foie et des yeux et d’une fatigue intense.

Des manifestations gastro-intestinales, telles que le manque d’appétit entraînant une perte de poids, des nausées, des vomissements, de la diarrhée et des douleurs abdominales sont également fréquentes aux premiers stades de la maladie de Lyme. De plus, la maladie peut avoir une incidence négative sur la fonction hépatique, surtout lorsque les bactéries quittent les vaisseaux sanguins pour s’introduire dans les tissus avoisinants. Une élévation de certaines enzymes hépatiques, telles que l’aspartate aminotransférase et l’alanine aminotransférase, a été signalée chez des patients atteints de la maladie de Lyme. Un traitement approprié peut améliorer la fonction hépatique en l’espace de trois semaines.

Pour consulter une liste exhaustive des symptômes pouvant être associés à la maladie de Lyme, rendez-vous au www.canlyme.com/fr/notions-de-base-sur-la-maladie-de-lyme/les-symptomes/.

Un diagnostic positif de la maladie de Lyme est généralement établi par l’identification d’un érythème migrant, la confirmation d’une exposition potentielle à une zone à risque de la maladie de Lyme ou des antécédents de morsure de tique, et par un test de détections d’anticorps spécifiques à la bactérie Borrelia. Ce test peut cependant présenter des limites, puisque les anticorps ne sont pas toujours présents dans le sang aux premiers stades de la maladie.

Traitement

De nombreux antibiotiques, dont la doxycycline, l’amoxicilline et la céfuroxime, se sont avérés efficaces pour traiter la maladie de Lyme, selon le stade de la maladie et les parties du corps touchées. Une maladie de Lyme localisée de stade précoce, sans atteinte neurologique, peut être traitée efficacement par la prise de doxycycline ou d’amoxicilline par voie orale. La doxycycline est contre-indiquée pendant la grossesse ou l’allaitement et chez les enfants âgés de moins de huit ans. Des antibiotiques supplémentaires, tels que la pénicilline ou la ceftriaxone, administrées par voie intraveineuse, peuvent être nécessaires chez les personnes présentant des symptômes neurologiques ou une maladie plus avancée. Malheureusement, de nombreuses personnes souffrant d’une maladie de Lyme chronique peuvent connaître des récidives de douleurs musculaires et articulaires graves et une fatigue importante, même à la suite d’un traitement approprié.

Protéger les animaux de compagnie contre les morsures de tiques et la maladie de Lyme

Il peut être difficile de savoir par où commencer lorsque vous voulez vérifier si votre meilleur ami à fourrure a des tiques après une promenade en forêt. Garder vos animaux de compagnie sur les sentiers balisés n’est pas chose facile, surtout dans les zones où une laisse n’est pas requise, ce qui complique une mesure préventive importante sur laquelle nous pouvons nous-mêmes compter fortement pour éviter les morsures de tiques. Il est intéressant de noter que seulement 5 % des chiens présentent des symptômes après une morsure de tique qui transmet la maladie de Lyme. Ils comprennent une perte de poids causée par le manque d’appétit, une léthargie, l’enflure des articulations et, dans certains cas, une boiterie. Un traitement antibiotique ne peut être administré qu’aux chiens qui présentent ces symptômes et pour lesquels il existe des preuves d’exposition à une zone à risque de tiques transmettant la maladie de Lyme. La prévention des morsures de tiques est donc essentielle pour protéger vos animaux de compagnie. Si vous pensez que votre animal pourrait être atteint de la maladie de Lyme, contactez votre vétérinaire.

Comment inspecter son animal de compagnie

Inspectez votre animal de compagnie en passant vos doigts à travers son pelage tout en exerçant une légère pression pour vérifier la présence de bosses. Concentrez-vous sur les zones chaudes et protégées où les tiques ne tomberaient pas facilement, comme à l’intérieur et autour des oreilles, autour des paupières, sous le collier, sous le devant et entre les pattes arrière, entre les orteils et autour de la queue. Si vous repérez une tique, retirez-la prudemment à l’aide d’une pince à tiques, laquelle permet d’enlever la tique au complet, ou emmenez votre animal chez le vétérinaire pour son retrait.

Thérapies préventives

Il existe des crèmes topiques que vous pouvez appliquer sur le dos et le cou de votre chien, pour empêcher les tiques de mordre. L’application topique peut être difficile chez les animaux à poil long et peut présenter des défis chez les animaux qui aiment l’eau, puisque la crème n’est plus efficace après une baignade dans un étang ou un lac. Il existe aussi des traitements à prise orale qui sont efficaces pendant un maximum d’un mois, qui agissent en faisant tomber la tique dès qu’elle goûte le sang médicamenteux. Discutez avec votre vétérinaire des meilleurs produits de prévention contre les tiques pour votre chien (ainsi que pour votre chat, car celui-ci peut être très sensible à de nombreux produits chimiques).


Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMD numéro 213 – 2020
Ganive Bhinder, B. Sc., Ph. D.
Chercheuse en santé et défenseure des soins de la santé
Membre du conseil d’administration, Société canadienne de recherche intestinale
Sources :
• Bouchard C et al. The increasing risk of Lyme disease in Canada. Can Vet J. 2015;56(7):693–699.
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• Fondation canadienne de la maladie de Lyme. Les animaux de compagnie. Disponible à : https://canlyme.com/fr/mesures-preventives-contre-la-maladie-de-lyme/2083-2/. Consulté le 2020-02-06.
Photo : Erik Karits | Pixabay