Obésité et voyage en avion
Le processus et l’expérience d’une personne obèse dans l’obtention d’un siège supplémentaire pour un vol
J’ai rédigé cet article pour vous communiquer l’expérience d’un vol intérieur au Canada du point de vue d’une personne aux prises avec l’obésité. Avant d’entreprendre un vol, une personne obèse doit demander un siège supplémentaire auprès de la compagnie aérienne. Je me concentrerai donc sur le processus de demande de ce siège supplémentaire et sur mon expérience personnelle de ce processus.
L’affaire McKay-Panos c. Air Canada a créé un précédent selon lequel les Canadiens atteints d’obésité ont le droit de demander un siège supplémentaire sur les vols intérieurs au Canada. Étant donné que la décision ne s’applique qu’aux vols intérieurs, je ne ferai mention que des deux principales compagnies aériennes qui assurent les vols intérieurs au Canada : WestJet et Air Canada.
Remplir les formulaires
Le processus commence par le remplissage d’une « fiche de santé pour voyage en avion ». WestJet et Air Canada exigent toutes deux que ce long formulaire soit rempli par votre médecin de famille. Il s’agit du premier obstacle majeur auquel la plupart des Canadiens pourraient être confrontés dans l’approbation d’un siège supplémentaire. Des millions de Canadiens n’ont pas de médecin de famille et ceux qui ont la chance d’en avoir un doivent parfois attendre un mois ou plus pour le consulter. Le formulaire médical requiert que votre médecin mesure physiquement la largeur de vos hanches, prenne votre poids et calcule votre indice de masse corporelle (IMC). Il s’agit d’une procédure intrusive avec laquelle bien des personnes pourraient ne pas se sentir à l’aise. Il est également important de noter que ni Air Canada ni WestJet n’indiquent le seuil d’obésité à partir duquel il est possible d’obtenir un siège supplémentaire. Il est évident que l’on peut se donner tout ce mal pour se voir refuser. De plus, puisque le médecin peut mettre un certain temps à remplir le formulaire, il est conseillé d’entreprendre le processus le plus tôt possible.
Une fois le formulaire rempli et signé par le médecin, vous devez le transmettre par courrier électronique au service médical de chacune des compagnies aériennes, qui approuvera ou refusera votre demande. Le délai habituel est de 1 à 2 semaines. Si votre demande est approuvée, vous recevrez un numéro de référence. Cette approbation est valable pendant un an pour WestJet et trois ans pour Air Canada. À l’expiration de ce délai, vous devrez répéter le processus.
Afin d’obtenir le siège supplémentaire, vous devez d’abord réserver votre billet d’avion, puis appeler le service médical de la compagnie aérienne pour lui communiquer votre numéro de référence afin qu’elle réserve votre siège supplémentaire. Cela nécessite bien sûr que deux sièges soient disponibles l’un à côté de l’autre, alors il faut s’assurer de réserver le plus tôt possible.
Il y a quelques années, le fait d’avoir ce siège supplémentaire ne conférait pas d’aide ou d’avantage particulier. Cependant, lorsque j’ai pris l’avion récemment, j’ai remarqué que les billets réservés faisant l’objet d’un siège supplémentaire sont désormais désignés comme étant pour un passager ayant un problème médical ou un handicap. Cela permet donc à la personne concernée de bénéficier d’un embarquement prioritaire. Il est important de noter que les compagnies aériennes se réservent le droit de vous mesurer à nouveau à la porte d’embarquement (devant tout le monde) si elles pensent que vous mentez sur votre tour de taille.
Mes expériences
C’est une excellente chose qu’il existe un système pour offrir un siège supplémentaire aux personnes souffrant d’obésité. Il a été d’une aide considérable pour moi et d’autres personnes comme moi. Cependant, sa mise en place a été difficile. La première fois que j’ai pris l’avion avec le siège supplémentaire, on m’a appelé par mon nom pour que je me présente à l’agent d’embarquement avant le début de l’embarquement. Je craignais qu’il me mesure à nouveau devant tout le monde, puisque l’on m’avait prévenu d’une telle éventualité. Heureusement, on m’a demandé d’accompagner une autre personne handicapée dans l’avion. Leur système m’avait signalé comme voyageur handicapé et je ne peux que supposer que l’agent d’embarquement a pensé que ce serait plus facile si un passager handicapé en escortait un autre dans l’avion. J’étais, bien sûr, heureux d’aider le passager du mieux que je pouvais, mais l’expérience m’a semblé bizarre et un peu insensible. Cependant, sans me demander si je pouvais aider, ils ont simplement supposé que j’étais en mesure de le faire.
Une autre fois, la personne du service médical qui a réservé le siège supplémentaire pour moi n’a pas jugé important que les deux sièges soient réservés l’un à côté de l’autre! J’ignorais jusqu’à mon embarquement sur l’avion que l’on avait réservé deux sièges dans différentes sections. Lorsque nous avons commencé à embarquer et que quelqu’un s’est assis à côté de moi, j’étais confus et un peu angoissé. Lorsque j’ai expliqué la situation à l’agente de bord, elle a gentiment déplacé l’autre personne à un autre siège. Cependant, la situation était très embarrassante puisque l’agente a dû expliquer à cette personne — devant les autres passagers — pourquoi elle devait changer de siège. J’ai été chanceux que le vol n’était pas complet et qu’il y avait un autre siège pour ce passager.
Une dernière chose que j’ai remarquée, c’est que ce processus n’est pas favorable aux personnes qui sont timides ou qui ont des difficultés en public. Souvent, lorsque je prends l’avion avec un siège supplémentaire, un agent d’embarquement m’appelle pour me dire que je peux embarquer en premier et me demander si j’ai besoin d’aide. Je suis reconnaissant pour cette aide, mais il est certain que les autres passagers à la porte d’embarquement vous regardent avec hostilité lorsque vous embarquez en premier. Je dois également faire preuve d’assertivité sur les vols puisqu’il arrive que la personne à côté de moi ne sache pas que le siège supplémentaire me soit réservé et qu’elle essaie de s’imposer et de placer ses choses sur toute partie partiellement vide du siège situé entre nous.
Conclusion
Dans l’ensemble, ce processus est long, fastidieux, alambiqué et peu adapté aux personnes souffrant potentiellement d’autres handicaps. Cette pratique a été imposée aux compagnies aériennes par une décision de justice et cela se ressent dans la manière dont elles la traitent. À mon avis, le processus doit être simplifié, l’approbation doit demeurer en vigueur pendant une période de plus qu’un ou trois ans, et les formalités administratives doivent être moins onéreuses et invasives. L’obésité devrait recevoir le même respect que tout autre handicap ou déficience, en particulier lorsqu’il s’agit de prendre l’avion, puisque cela est stressant dans les meilleures circonstances, donc toujours beaucoup plus difficile pour une personne de grande taille. Toutefois, le siège supplémentaire est toujours utile et rend l’expérience des vols à l’intérieur du Canada bien plus agréable. Cet avantage devrait être étendu à tous les vols au lieu d’être réservé aux vols intérieurs.