Traitement du cancer du pancréas avancé

L’on estime que le cancer du pancréas, maladie rare, sera la troisième cause de décès par cancer au Canada en 2020,1 ce qui représente un changement défavorable par rapport à 2017, où il était la quatrième cause de décès par cancer.2 Le taux de survie nette après cinq ans est terriblement bas à 8 %, surtout si on le compare à celui d’autres cancers, comme le cancer de la prostate (93 %), le cancer du sein (88 %) et le cancer de la vessie (75 %).3

Cette maladie peut prendre beaucoup de temps à se développer et ne présente souvent aucun symptôme dans ses premiers stades. De plus, il n’existe pas de tests de diagnostic précoce efficaces. Par conséquent, la plupart des personnes découvrent qu’elles ont un cancer du pancréas lorsqu’il est à un stade avancé, souvent lorsqu’il a fortement évolué, par exemple lorsqu’une tumeur s’est développée et a envahi les organes voisins (ce que l’on appelle une métastase). À ce stade, les patients peuvent ressentir des douleurs abdominales, des douleurs dorsales, un jaunissement de la peau, des faiblesses, une perte d’appétit, des problèmes digestifs, notamment des nausées, des vomissements, de la diarrhée et des flatulences, ainsi qu’une apparition soudaine du diabète ou d’une intolérance au glucose, et une perte de poids involontaire. En l’absence de traitement, le cancer du pancréas peut rapidement évoluer à une phase terminale.

Malheureusement, il n’existe que peu de traitements pouvant prolonger la survie du patient lorsque la maladie a évolué à un stade métastatique ou avancé localement (lorsque la maladie reste dans l’organe mais envahit les zones voisines comme les tissus et les ganglions lymphatiques).4 Compte tenu de ces caractéristiques, il n’est pas surprenant que le cancer du pancréas soit également connu comme le tueur silencieux.

Traitements

Étant donné que le cancer du pancréas est souvent décelé tardivement, ses traitements visent à contenir la maladie. Ils peuvent inclure la chirurgie, la radiothérapie et divers médicaments de chimiothérapie. La recherche et l’innovation n’ont cessé de progresser dans le domaine des traitements palliatifs du cancer du pancréas avancé, mais ceux-ci présentent toujours une efficacité limitée en ce qui concerne le taux de survie des patients (la plupart ne voyant leur survie prolongée que de quelques mois) et seuls certains patients se portent encore suffisamment bien pour poursuivre leur traitement ou passer à d’autres thérapies.2 Malheureusement, il n’existe aucune norme de soins pour les patients dont la maladie progresse après un traitement de première intention. Lorsque les patients ne répondent pas à ces premiers médicaments, les options de traitement supplémentaires font cruellement défaut, mettant en lumière un important besoin à combler.

Onivyde®

L’irinotécan liposomal (Onivyde®) est un nouveau médicament offert aux patients atteints d’un cancer pancréatique avancé localement, inopérable ou métastatique. Les patients doivent d’abord recevoir une thérapie à base de gemcitabine (c.-à-d., Gemzar®) avant de pouvoir prendre l’Onivyde®.5 La gemcitabine (Gemzar®) est un médicament chimiothérapeutique anticancéreux utilisé pour traiter le cancer du pancréas avancé localement et métastatique, qui a été associé à une amélioration d’environ cinq à six mois des taux de survie.4 Il est généralement administré comme traitement de première intention seul ou en combinaison avec le paclitaxel (Abraxane®), un autre médicament chimiothérapeutique pour le cancer du pancréas administré par perfusion intraveineuse.6

L’Onivyde® présente des améliorations considérables des taux de survie, et en particulier de la survie sans progression de la maladie. Plus important encore, ce nouveau traitement offre aux patients des options supplémentaires pour une maladie difficile à diagnostiquer et à traiter, et qui est invariablement associée à un taux de mortalité élevé.

L’Onivyde® est administré par perfusion intraveineuse et est suivi d’une polythérapie de 5-fluorouracile (injection de fluorouracile) et de leucovorine calcique (Lederle Leucovorin®) toutes les deux semaines. Les directives cliniques recommandent également de cesser le traitement si la maladie évolue ou si les patients présentent une toxicité inacceptable.4 L’Onivyde® n’est pas recommandé aux patients ayant antérieurement reçu un traitement par FOLFIRINOX, une polythérapie comptant divers médicaments chimiothérapeutiques pouvant s’avérer très toxiques.

Ce nouveau médicament ne remplace pas non plus les autres polythérapies qui contiennent de l’irinotécan. Veuillez consulter votre fournisseur de soins de santé pour obtenir des renseignements additionnels, et pour savoir si cette option de traitement est viable selon le stade de votre maladie et vos antécédents médicaux.

Malgré les progrès réalisés dans le domaine du cancer du pancréas, la Société gastro-intestinale s’est engagée à plaider pour la poursuite de recherches visant la mise au point d’outils de diagnostic précoce. Il est essentiel pour les patients de recevoir un diagnostic rapide afin d’améliorer les taux de survie et les résultats. Malheureusement, Onivyde® n’est toujours pas couvert par aucune des listes de médicaments d’oncologie des régimes d’assurance publique au Canada.

Le populaire animateur du jeu télévisé Jeopardy!, Alex Trebek, a révélé en 2019 qu’il avait reçu un diagnostic de cancer du pancréas de stade 4. « J’aurais aimé savoir plus tôt que les douleurs persistantes à l’estomac que je ressentais avant mon diagnostic étaient un symptôme de cancer du pancréas », affirme-t-il dans une courte vidéo.7 Malheureusement, Alex Trebek est décédé d’un cancer du pancréas le 8 novembre 2020.


Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMD numéro 215 – 2020
1. Brenner D et. al. Projected estimates of cancer in Canada in 2020. CMAJ. 2020;192(9): E199-E205.
2. Ellison L. Coup d’œil sur la santé; Cancer du pancréas au Canada : incidence et taux de survie selon l’âge. Page de Statistique Canda. Disponible à : https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-624-x/2017001/article/14799-fra.htm. Consulté le 2020-08-11.
3. Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer, Statistiques canadiennes sur le cancer 2019. Disponible à : https://www.cancer.ca/~/media/cancer.ca/CW/publications/Canadian%20Cancer%20Statistics/Canadian-Cancer-Statistics-2019-FR.pdf. Consulté le 2020-08-12.
4. Programme pancanadien d’évaluation des anticancéreux. Final Clinical Guidance Report Irinotecan Liposome (Onivyde®) for Metastatic Pancreatic Cancer. 2018. (anglais seulement) Disponible à : https://www.cadth.ca/sites/default/files/pcodr/pcodr_irinotecan_liposome_onivyde_mpc_fn_cgr.pdf. Consulté le 2020-08-15.
5. Comité d’experts en examen du PPEA (CEEP). Recommandation finale. 5 janvier 2018. Disponible à : https://www.cadth.ca/sites/default/files/pcodr/pcodr_irinotecan_liposome_onivyde_mpc_fn_rec.pdf (anglais seulement). Consulté le 2020-08-15.
6. Drug Formulary nab-PACLitaxel Patient Info Sheet. Action Cancer Ontario. 2019. Disponible à : https://www.cancercareontario.ca/fr/drugformulary/drugs/infosheet/44106 (anglais seulement). Consulté le 2020-08-15.
7. Mundell EJ. Alex Trebek on Cancer: ‘I Wish I Had Known Sooner.’ Page WebMD . Disponible à: https://www.webmd.com/cancer/pancreatic-cancer/news/20191031/i-wish-i-had-known-sooner-alex-trebek-issues-psa-on-pancreatic-cancer#1. Consulté le 2020-08-20.
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