Un nouvel espoir pour la gastroparésie
La gastroparésie est un trouble de la motilité qui touche 4 % des Canadiens. Elle se produit lorsque les aliments ne passent pas de l’estomac à l’intestin aussi rapidement qu’ils le devraient, habituellement en raison d’une lésion ou d’une altération du fonctionnement des nerfs reliant le tronc cérébral au tractus gastro-intestinal (nerf vague). Les symptômes comprennent notamment une sensation de satiété excessive, des brûlures d’estomac, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales et des ballonnements.
La prise en charge de la gastroparésie consiste à modifier le mode de vie et le régime alimentaire, ce qui n’aide que très peu, et à prendre des médicaments qui soulagent certains symptômes, sans toutefois traiter l’affection sous-jacente.
Des chercheurs coréens1 ont analysé deux petites études récentes pour faire état de l’efficacité du prucalopride (Resotran®), un médicament à prise orale utilisé pour traiter la constipation chronique, comme traitement potentiel de la gastroparésie.
Santé Canada a approuvé le prucalopride en 2012 comme traitement de deuxième intention de la constipation chronique de cause inconnue (idiopathique) chez les femmes adultes. Il s’agit d’un agent procinétique qui améliore la motilité gastro-intestinale en augmentant la fréquence ou la force des contractions intestinales, sans en perturber le rythme. Il soulage les défécations peu fréquentes qui produisent des selles dures, grumeleuses et sèches, ainsi que les ballonnements et les douleurs abdominales.
Le prucalopride traite la constipation chronique en ciblant les récepteurs de la sérotonine (5-HT4) dans le tube digestif pour stimuler le mouvement musculaire (motilité), générant ainsi des selles habituellement dans les deux à trois heures suivant sa prise. Des selles régulières, spontanées et complètes seront généralement produites dans les quatre à cinq jours suivant le début du traitement.
Les auteurs ont examiné deux essais pilotes randomisés, contrôlés et transversaux. Dans une étude réalisée au Canada en 2020, se penchant sur 15 personnes souffrant de gastroparésie diabétique et de gastroparésie découlant d’une maladie du tissu conjonctif, les participants ont signalé une amélioration de la vidange gastrique lors de l’utilisation du prucalopride. Dans le cadre de l’autre essai, réalisé en Belgique en 2019 chez 34 participants atteints de gastroparésie diabétique et de gastroparésie idiopathique, une dose quotidienne de 2 mg de prucalopride pendant quatre semaines a apporté des améliorations des symptômes de nausées, de vomissements, de plénitude, de ballonnements et de douleurs abdominales. Les femmes constituaient la majorité des participants dans les deux essais.
Il est intéressant de noter que les auteurs de l’analyse n’ont trouvé aucun lien significatif entre le taux de vidange gastrique et l’amélioration des symptômes. Il semble que le bienfait thérapeutique du prucalopride ne soit pas entièrement dû à son effet procinétique, mais aussi à d’autres mécanismes, comme son effet antinociceptif, qui augmente la tolérance d’une personne à la douleur occasionnée par le passage de gaz dans le tractus intestinal. Les auteurs suggèrent que des recherches plus poussées devraient analyser ce mécanisme et ils soulignent que d’autres études ont également rapporté que le prucalopride entraîne des améliorations significatives relativement aux ballonnements et à la qualité de vie.
Chez certains patients, les effets secondaires du prucalopride comprenaient la diarrhée, des maux de tête, des crampes abdominales, une infection de la vessie (cystite) et une infection respiratoire; toutefois, ces effets étaient temporaires et se produisaient généralement dans les 24 heures suivant la prise initiale du médicament.
Puisque le prucalopride quitte le corps par l’urine, il est contre-indiqué chez les patients dialysés. Il est également contre-indiqué chez les personnes ayant des antécédents d’obstruction intestinale, de sensibilisation aux médicaments ou de mégacôlon toxique, ainsi que chez celles qui sont enceintes ou qui allaitent.
Cette analyse, bien que de petite envergure, laisse espérer que le prucalopride pourrait traiter les facteurs sous-jacents de la gastroparésie et atténuer ses symptômes. La gastroparésie est souvent présente chez les personnes souffrant de constipation chronique, de sorte que les personnes atteintes des deux affections pourraient également en bénéficier.
Les auteurs recommandent des études additionnelles sur l’efficacité à long terme du prucalopride, étant donné que quelques participants aux essais ont signalé une diminution de l’atténuation des symptômes avec le temps, ce qui pourrait être attribuable au développement d’une tolérance au médicament (tachyphylaxie). Cependant, une fenêtre thérapeutique, période pendant laquelle une personne cesse de prendre un médicament pendant deux à quatre semaines, peut généralement régler ce problème.
Consultez votre médecin pour obtenir plus d’informations.