Carly McNaughton : L’ultime confrontation

En tant que membre de l’équipe féminine de hockey sur glace de l’université Colgate, Carly McNaughton passait l’été 2004, comme presque tous les étés, à se préparer pour la saison de hockey à venir.

Soudainement, en juillet, les choses ont commencé à se gâter quand Carly a connu une perte de poids rapide, perdant 30 lb en trois semaines. Cette jeune fille de 20 ans normalement animée manquait d’énergie, n’avait plus d’appétit et était incapable de garder ses aliments.

« Je n’avais pas beaucoup d’énergie, mais je me sentais bien, » a expliqué Carly. « Je pense que je me sentais bien parce que je m’entraînais beaucoup. Étant athlétique, je n’ai pas ressenti [les effets] avant qu’ils deviennent vraiment graves. »

Après avoir vu un médecin qui a diagnostiqué une infection de vessie et un deuxième médecin qui n’a pas pu se prononcer, Carly et ses parents, Brian et Lois, ont consulté un troisième médecin. Ce dernier a ordonné un ultrason, mais les résultats n’étaient pas ce à quoi il s’attendait. L’ultrason a révélé une obstruction de la grosseur d’un pamplemousse dans son abdomen. Le médecin craignait qu’il ne s’agisse d’un cancer ovarien et a donc envoyé Carly au Centre de cancérologie de Calgary, qui se trouve à 132 milles au nord de sa ville natale de Lethbridge, en Alberta. Elle devait subir une chirurgie deux semaines plus tard, le 2 septembre.

« Nous étions très inquiets et envisagions le pire, » a affirmé Brian, le père de Carly. « Avant le diagnostic initial, le cancer ne semblait même pas être une possibilité. Mais lorsqu’on nous a envoyés au Centre de cancérologie, on nous a dit qu’on soupçonnait un cancer ovarien. Ces seize jours ont été les pires de notre vie. La terreur nous tenaillait pendant de longs moments tous les jours. »

La chirurgie, qui dure normalement deux heures, en a pris quatre à cause de complications et d’obstacles. Deux heures après le début de la chirurgie, les parents de Carly savaient que quelque chose n’allait pas parce qu’ils ne recevaient plus de mise à jour de la salle d’opération.

« Au cours de la chirurgie, elle a dû avoir deux transfusions parce qu’elle avait perdu beaucoup de sang, » a dit Brian au sujet des complications. « Le chirurgien nous a dit que Carly était morte deux fois pendant de brèves périodes. »

« Le chirurgien a dit que lorsqu’il l’a d’abord ouvert, il pensait qu’elle ne s’en sortirait pas en raison de l’étendue des dommages, » a déclaré Brian. « Le chirurgien nous a dit qu’il croyait qu’il allait juste la rendre confortable pour ses derniers jours. Puis, après avoir commencé à enlever certaines choses, il avait bien l’impression que ce n’était pas un cancer, mais plutôt une infection intestinale massive. » Au cours de la chirurgie, les médecins ont enlevé 30 centimètres de l’intestin grêle de Carly, ainsi que son appendice et son ovaire droit.

Les médecins ont diagnostiqué la maladie de Crohn. La maladie de Crohn est un trouble chronique qui peut toucher n’importe quelle partie du tractus gastro-intestinal et, considérée conjointement avec la colite ulcéreuse, une maladie inflammatoire de l’intestin connexe, elle touche environ 500 000 personnes en Amérique du Nord. Elle est plus fréquente dans l’intestin grêle et le côlon et se développe souvent à l’adolescence. En raison de la taille de l’obstruction que Carly avait dans l’abdomen, les médecins estiment que l’obstruction se formait depuis cinq ou six ans.

« J’avais des tubes intraveineux dans le cou, le bras, un peu partout, » a dit Carly. « Et même un tube allant jusque dans l’estomac. » Les médecins s’attendaient à ce que cela prenne au moins deux semaines avant que Carly puisse manger à nouveau, et trois semaines pour qu’elle se rétablisse complètement. Le rétablissement de Carly n’a pris que 11 jours, et elle mangeait en moins de sept jours. Elle a quitté l’hôpital le 13 septembre. Les médecins attribuent son rétablissement rapide à son excellente condition physique.

« Parce que je suis si athlétique, mon corps a récupéré plus vite que la moyenne des gens, » a dit Carly. Même si elle mangeait au bout de sept jours, toute activité physique lui était interdite, incluant jouer au hockey. Ayant déjà pris le semestre d’automne à l’université de congé pour récupérer, Carly devait prendre une décision difficile au sujet du semestre du printemps. Allait-elle retourner sur la glace?

Les médecins lui disant que le stress pouvait aggraver la maladie, Carly, ses parents et l’entraîneur principal de l’équipe féminine de hockey de l’université de Colgate, Scott Wiley, ont décidé tous ensemble que Carly devrait prendre un an de congé « redshirt » du hockey pour des raisons médicales et suivre moins de cours.

« J’étais d’accord que ce serait mieux pour elle de prendre un an de congé du hockey, » a affirmé Wiley. « Je savais qu’elle avait vécu une rude épreuve. Elle avait perdu du poids, de la force et du conditionnement, et il lui faudrait beaucoup de temps pour être en mesure d’affronter les rigueurs du hockey de Division I. J’ai pensé que c’était la meilleure chose pour elle et pour le programme.»

Selon Carly, « Ça me paraissait beaucoup plus raisonnable de prendre un an de congé et de me rétablir à 100 %. Je me sentais bien, mais avec du recul, je pense que je n’étais pas en pleine forme. »

La détermination de Carly à rejoindre l’équipe était manifeste lorsqu’elle a enlacé ses patins au début d’octobre, juste trois semaines après avoir quitté l’hôpital. Même si elle ne pouvait pas jouer au hockey, Carly voulait être là pour appuyer ses coéquipiers. Elle est retournée à Colgate trois fois durant le semestre d’automne pour encourager les Raiders.

En janvier 2004, Carly a recommencé à s’exercer avec les Raiders et a repris son programme d’entraînement de la force et de conditionnement physique en prévision de la saison suivante. Le 2 octobre 2005, Carly jouait pour la première fois depuis sa maladie et elle n’a pas hésité une seule seconde.

« Elle est revenue plus forte que jamais et a été capable de jouer avec plus de contact physique, » a déclaré son entraîneur Wiley. « Elle est revenue rapidement et a été un facteur à prendre en considération dès le début. » Cette année-là, Carly a joué au cours des 34 matchs en tant que co-capitaine et elle a fini la saison avec 13 points.

Jusqu’à présent cette saison, Carly est à la tête de la classe supérieure avec 16 points. Le 29 octobre, elle a été nommée joueuse d’attaque nationale de la semaine par la USCHO.com. (C’était la première fois qu’une patineuse de Colgate méritait cet honneur.

Carly contribue à la meilleure saison de hockey que Colgate n’ait jamais connue, établissant un record de 10 victoires pour le programme dans la Ligue de hockey ECAC (Eastern College Athletic Conference), l’association de hockey pour femmes la plus compétitive de la NCAA (National Collegiate Athletic Association). Les Raiders occupent actuellement le deuxième rang au classement de la ligue à égalité de points avec Harvard et juste derrière Dartmouth. Avec seulement trois fins de semaine de jeu qui restent, les Raiders espèrent obtenir l’avantage de jouer sur leur propre terrain au début des séries éliminatoires pour la première fois dans l’histoire du programme.

« Elle a toujours bien joué cette année, » de dire Wiley. « C’est elle qui a marqué le plus de buts vainqueurs de toute l’équipe et elle est une joueuse solide aux deux extrémités de la glace. »

Carly a dû faire des changements dans sa vie, la plupart portant sur la gestion de sa diète et de ses niveaux de stress. Elle subit un examen médical complet chaque année et prend des médicaments une fois par jour pour prévenir et soulager les symptômes de la maladie. Il y a également des aliments qu’elle doit éviter à tout prix parce qu’ils sont difficiles à digérer.

Tout athlète qui vit avec la maladie de Crohn doit affronter certains défis, mais Carly est bien décidée à ne pas laisser la maladie régir sa vie ni l’empêcher de jouer au hockey.


Kristy McNeil
Hockey féminin Colgate
Publié pour la première fois dans le bulletin The Inside Tract® numéro 159 – Janvier/Février 2007