Christine Nesbitt : Les olympiens peuvent aussi souffrir de la maladie cœliaque

Photo © : Mathew Stockman

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En tant qu’athlète de haut niveau, j’ai appris à pousser mon corps malgré la douleur. Il n’est jamais facile d’ignorer la douleur. On la ressent toujours, mais à mesure que notre seuil de tolérance augmente, on peut pousser notre corps encore plus loin. Avec toutes ces années passées à relever les défis et à apprendre comment les affronter le mieux possible ou à les éviter, on commence à penser qu’il n’y a rien d’insurmontable. Du moins, c’est ainsi que je percevais les choses. Je croyais que rien n’était coulé dans le béton. On peut réaliser énormément de choses lorsqu’on fait appel à sa propre créativité et à la créativité et à l’aide des autres.

J’ai aujourd’hui 28 ans, mais je souffre de problèmes gastriques depuis que j’ai environ 22 ans. Je n’y avais jamais réellement réfléchi jusqu’à ce qu’à 27 ans, j’ai compris qu’il n’était ni normal ni sain de ressentir chaque jour des douleurs subites et déchirantes dans l’abdomen et de courir aux toilettes à tout moment de la journée. J’avais entendu parler de la maladie cœliaque, de la colite ulcéreuse et d’autres problèmes digestifs, mais je ne croyais pas souffrir d’un problème permanent de ce genre. Je croyais que j’avais peut-être un ulcère. Cela me semblait logique. Mes antécédents familiaux d’ulcères, jumelés au milieu stressant de la compétition de haut niveau, m’ont portée à croire qu’un ulcère était la cause probable (et bien moins permanente) de mes problèmes gastriques. Je n’ai jamais imaginé que je souffrais d’un problème qui ne s’atténuerait pas hors saison. Après tout, je profitais de cette période pour me remettre mentalement et physiquement de la très exigeante saison de compétition.

Mes douleurs gastriques et mes malaises ne se sont qu’aggravés. J’ai finalement reçu un diagnostic de maladie cœliaque il y a un an de cela. Ce diagnostic m’a réellement surprise. Un régime exempt de gluten est alors devenu pour moi un mode de vie permanent plutôt qu’un simple choix de vie. J’étais réellement triste à l’idée de renoncer à toutes ces bonnes choses à manger. J’ai depuis adopté une attitude plus productive, sachant que ces aliments me causent davantage de problèmes que ne le mérite leur bon goût passager. Aujourd’hui, je ne ressens plus ce désir ardent pour ces aliments et je peux facilement m’en passer. J’ai appris que ce n’était pas toujours une question d’accroître mon seuil de tolérance. Je ne dois pas ignorer mes douleurs gastriques; ce n’est pas sain.

Photo © : Fabrizio Bensch

Photo : © Fabrizio Bensch

Ma première année à voyager et à compétitionner en suivant un régime exempt de gluten n’a pas été facile. Pour ma première compétition à l’étranger, à Salt Lake City, je n’ai pas emporté suffisamment d’aliments sans gluten avec moi; j’ai eu bien faim au cours de cette fin de semaine! Je me suis procuré de la viande de bœuf séchée le dernier jour après mes courses et je l’ai engloutie en un clin d’œil. C’était le premier morceau de protéine que je mangeais en plusieurs jours. Depuis cette expérience d’apprentissage (bien que j’ai cru à ce moment être bien préparée pour franchir la frontière au sud), mes déplacements se sont mieux déroulés.

Je suis également bien chanceuse de recevoir le grand soutien de mon entraîneuse, qui s’assure que tous mes besoins sont satisfaits. Pour mes deux derniers déplacements, elle a rempli une valise de collations que j’ai pu manger sans inquiétudes. Une alimentation saine joue un rôle extrêmement important dans ma performance et ma récupération, et mon régime exempt de gluten peut certainement constituer un obstacle. Je dois avouer que j’aime le défi et j’ai découvert que mon régime alimentaire rigoureux me présente également un avantage. Je ne suis pas tentée de manger des beignes américains, des biscuits hollandais, des gâteaux allemands ou toute autre friandise internationale pendant que je voyage! Avec un peu de planification et de connaissances, je me nourris bien et je suis en bonne santé. Oh! Et mon tractus gastro-intestinal ne me livre plus la guerre!


Christine Nesbitt
Patineuse de vitesse sur longue piste
Championne olympique de 2010
Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMC numéro 190 – 2014