Vieillissement et tube digestif : vidéo

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Le tube digestif est un système complexe et le vieillissement peut influer sur n’importe quelle partie de celui-ci, de l’entrée à la sortie.

Si vous souffrez déjà d’une maladie GI, telle que la maladie inflammatoire de l’intestin, le syndrome de l’intestin irritable, la constipation, la maladie cœliaque ou le RGO, les symptômes qui l’accompagnent peuvent changer, s’atténuer ou s’aggraver avec l’âge. Il existe également des maladies GI dont l’incidence est plus élevée chez les aînés.

Les changements sont occasionnés par des facteurs déterminants qui se multiplient au fil des ans, tels que le régime alimentaire, le mode de vie, les médicaments, la maladie, l’état de santé général et le processus de vieillissement lui-même. Pour ces raisons, il est important de comprendre que vous pourriez connaître des fluctuations dans le fonctionnement de vos intestins. Certaines sont normales tandis que d’autres dénotent des affections qui doivent être traitées.

Un des problèmes du tube digestif supérieur est la dysphagie, c’est-à-dire la difficulté à avaler. Ce trouble peut être attribué à divers facteurs, notamment les difficultés de mastication en raison de changements dentaires ou d’une faiblesse musculaire, une production insuffisante de salive, la diminution de la force du sphincter œsophagien supérieur, la coordination réduite du processus de déglutition et la dégénérescence des nerfs et des muscles, qui découle généralement d’une autre affection, comme la maladie de Parkinson ou un accident vasculaire cérébral. Si vous avez de la difficulté à avaler, il peut être utile de bien mastiquer vos aliments, de manger lentement, de maintenir une bonne santé bucco-dentaire, de s’asseoir droit en mangeant et de porter des prothèses dentaires bien ajustées, le cas échéant.

Vous constaterez peut-être qu’en vieillissant, vous éprouvez plus souvent des brûlures d’estomac. Cela peut être le résultat d’un reflux gastro-œsophagien pathologique, également appelé RGO. Dans le cadre de cette affection, le sphincter situé entre l’œsophage et l’estomac, portant le nom de sphincter œsophagien inférieur, ne se ferme pas correctement, permettant au contenu de l’estomac de remonter dans l’œsophage. Cela peut provoquer de la douleur et endommager l’œsophage puisque, contrairement à l’estomac, il n’est pas tapissé d’une muqueuse protectrice. Il n’est donc pas destiné à entrer en contact fréquent avec l’acide gastrique. Outre les brûlures d’estomac, le RGO peut également occasionner des douleurs thoraciques générales, un mal de gorge persistant, la régurgitation d’acide ou d’aliments, une toux chronique ou un raclage fréquent de la gorge, de même qu’une mauvaise haleine.

Si vous éprouvez fréquemment de la douleur dans la région supérieure de l’abdomen, des nausées, des éructations, des ballonnements, une sensation de plénitude précoce et de l’indigestion, vous pourriez alors souffrir d’une affection appelée dyspepsie. Elle est très courante, touchant environ de 20 à 45 % de la population, et son incidence augmente avec l’âge. Bien que nous ignorions les causes de cette affection, certains facteurs peuvent l’influencer, notamment le RGO, les ulcères gastro-duodénaux, la hernie hiatale, l’inflammation, les allergies alimentaires, le régime alimentaire et le mode de vie, ainsi que l’utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, souvent appelés AINS, comme l’aspirine, l’ibuprofène et le naproxène.

Les mêmes options de traitement sont généralement utilisées pour traiter le RGO et la dyspepsie. Celles-ci comprennent des changements à l’alimentation et au mode de vie, tels que l’élimination des aliments déclencheurs, l’arrêt du tabagisme et la perte de poids au besoin, ainsi que la prise de médicaments pour neutraliser ou contrôler l’acide gastrique.

En ce qui concerne les AINS, il est commun pour les personnes plus âgées d’utiliser ces médicaments plus souvent, puisqu’ils soulagent efficacement la douleur, en particulier celle de nature inflammatoire, comme celle provoquée par l’arthrite et diverses blessures. Ils sont également non narcotiques, de sorte qu’ils offrent un soulagement de la douleur sans nuire à la capacité de vivre le quotidien. Toutefois, ces médicaments peuvent endommager le tube digestif, donnant lieu à des ulcères, à des saignements et à des perforations de l’estomac. Vous êtes particulièrement susceptibles aux dommages causés par les AINS si vous êtes âgé, avez déjà connu des saignements GI, prenez des médicaments stéroïdiens, souffrez d’une maladie cardiovasculaire ou encore si vous utilisez une forte dose d’AINS ou en mélangez plusieurs types. Il est quand même possible de prendre ces médicaments tout en réduisant votre risque de complications. Vous pouvez prendre des types d’AINS ayant des effets moins perturbateurs sur les intestins, vous pouvez également en prendre des doses plus faibles, ou encore, alterner entre les AINS et d’autres types de médicaments, comme l’acétaminophène. La prise d’un médicament qui réduit la production d’acide gastrique, comme un inhibiteur de la pompe à protons, peut également être utile.

Parlons maintenant des habitudes intestinales. Il est important de comprendre que ce qui est normal chez chacun peut varier légèrement, mais il existe quelques lignes directrices générales pour vous aider à déterminer si ce que vous vivez est idéal. Aller à la selle autant que trois fois par jour jusqu’à aussi peu que trois fois par semaine constitue une habitude saine, pourvu que les selles soient bien formées et qu’elles soient évacuées confortablement. Si vos selles sont molles et aqueuses, que vous éprouvez des envies urgentes et qu’elles sont plus fréquentes que trois fois par jour, vous souffrez peut-être de diarrhée. Si vos selles sont dures et grumeleuses et que vous devez exercer un effort pour les évacuer, il pourrait s’agir de constipation. L’échelle de Bristol est un outil utile pour déterminer si vos selles sont normales.

La diarrhée touche de 7 à 14 % des aînés et ses causes sont multiples : infection, effets secondaires associés aux médicaments, intolérance au lactose, maladie cœliaque, syndrome de l’intestin irritable et maladie inflammatoire de l’intestin. Il existe deux types de médicaments qui peuvent aider à atténuer la diarrhée. Il y a les médicaments qui absorbent l’eau dans les intestins, tels que les suppléments de fibres, et ceux qui modifient l’activité musculaire de l’intestin afin de ralentir la durée de transit, tels que le lopéramide. Cependant, la plupart des traitements pour la diarrhée chronique se penchent sur la cause sous-jacente. Contactez votre médecin si vous souffrez d’une diarrhée qui persiste pendant plus de quelques jours.

Environ 23 % des Canadiens âgés de 65 à 93 ans souffrent de constipation, comparativement à seulement 15 % de la population générale. Si vous éprouvez de la constipation, de nombreux jours pourraient s’écouler avant de passer des selles et, lorsque vous le faites, elles pourraient être dures, fermes et difficiles à évacuer. Vous ressentirez probablement une pression ou une plénitude rectale, des ballonnements, des douleurs abdominales et une sensation d’évacuation incomplète. La constipation peut également entraîner un manque d’appétit, des maux de dos et un malaise général. Les causes les plus courantes de la constipation sont un régime alimentaire pauvre en fibres ou en liquide, un manque d’exercice, l’effet secondaire des médicaments, le syndrome de l’intestin irritable ou un autre trouble comme le diabète, un accident vasculaire cérébral, l’hypothyroïdie ou la maladie de Parkinson. Certaines personnes souffrent de constipation chronique sans cause identifiable. Il existe de nombreuses options de traitement pour la constipation selon sa cause, mais en général, il peut être utile d’ingérer suffisamment de fibres et de liquides, de prendre son temps à la selle, de faire suffisamment d’exercice physique, d’utiliser des laxatifs de façon sûre et d’adopter une bonne position assise sur la toilette. Il est préférable de garder les pieds légèrement surélevés sur un bloc ou un livre et de se pencher vers l’avant pour simuler une position accroupie pendant que vous allez à la selle, puisque cela peut permettre un meilleur positionnement des muscles et des intestins.

Une autre affection du côlon est la diverticulose colique, aussi simplement appelée diverticulose. Elle se produit lorsque de petites évaginations de la muqueuse du côlon en forme de sacs sortent à travers la paroi externe du côlon. La diverticulose colique touche principalement les personnes âgées. En fait, 65 % des aînés de 85 ans ou plus en sont atteints, comparativement à 50 % des personnes âgées de plus de 60 ans et à 5 % seulement de celles de moins de 40 ans. En général, il y a une absence de symptômes, mais dans 10 à 25 % des cas, une poussée active se produit. C’est ce que l’on appelle une diverticulite, évènement pendant lequel les diverticules deviennent enflammés ou infectés. Les symptômes de la diverticulite comprennent une diarrhée plus fréquente, des crampes abdominales, une irritabilité intestinale, des saignements, des ballonnements, de la fièvre, de même qu’une douleur et une sensibilité intenses, en particulier dans la partie inférieure gauche de l’abdomen.

Le traitement de cette affection dépend de l’état actuel de la maladie. Si vous souffrez d’une diverticulose asymptomatique, qui pourrait avoir été diagnostiquée lors d’une coloscopie de routine, le meilleur traitement consiste à maintenir une alimentation équilibrée comportant une quantité suffisante de fibres, à boire beaucoup d’eau et à prendre une quantité modérée d’exercice. Si vous connaissez une poussée de diverticulite, vous devrez probablement prendre des antibiotiques pour éliminer toute infection et suivre temporairement un régime alimentaire pauvre en fibres ou un régime liquide pour permettre le repos et la guérison de vos intestins. Dans certains cas graves, une chirurgie peut être requise pour retirer la partie de l’intestin touchée, quoique cela soit rare.

Il peut être difficile de rester actif en vieillissant. Cela peut mener à une prise de poids et à l’obésité, ce qui peut avoir d’autres répercussions négatives sur votre santé et augmenter votre risque de développer de nombreuses maladies liées à l’âge, comme une maladie du cœur et le diabète de type 2. Il peut être utile de pratiquer des activités à faible impact, telles que le jardinage, le yoga, l’aquaforme et de courtes promenades.

De plus, l’alcool peut lentement endommager votre foie au fil du temps, ce qui signifie que les personnes plus âgées ont un risque accru de développer une maladie du foie liée à l’alcool.

Enfin, la maladie la plus préoccupante pour la population vieillissante est le cancer colorectal. Il est encore assez rare, son risque à vie étant de seulement 5 à 6 %. Il est toutefois important de subir un dépistage régulier, puisqu’il est facile de traiter cette affection aux premiers stades, mais qu’elle peut s’avérer mortelle lorsque décelée à un stade avancé. Le cancer colorectal se développe lentement; généralement 15 ans s’écoulent entre les premiers signes d’un polype et la formation d’un cancer colorectal. Il est actuellement recommandé aux personnes âgées de 50 à 75 ans de subir une coloscopie environ une fois tous les dix ans ou de procéder à une analyse des selles tous les deux ans, suivi d’une coloscopie en cas de résultat positif.

La plupart des symptômes digestifs sont révélateurs de problèmes bénins pouvant être facilement traités. Cependant, si vous éprouvez des saignements rectaux, une perte de poids imprévue, de la fièvre ou des selles nocturnes, consultez votre médecin, puisque ces symptômes peuvent être signe d’une maladie plus grave.

Je m’appelle Jean Bruyère, et au nom de la Société gastro-intestinale, je vous remercie de votre attention. Vous pouvez obtenir d’autres renseignements sur le vieillissement de l’intestin, le RGO, la diverticulose colique et bien d’autres affections digestives et hépatiques en consultant le site Web mauxdeventre.org.

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