Le Guide alimentaire canadien – 2018
Envisager l’avenir et comprendre le passé
L’on consulte le Guide alimentaire canadien pour obtenir des conseils sur la façon de bien manger depuis la publication de sa première version – portant à l’époque le nom de Règles alimentaires officielles au Canada – par Santé Canada en 1942. De la gestion des ressources de guerre dans les années 1940 jusqu’à la prévention de l’obésité et ses maladies connexes (maladies du cœur et diabète de type 2, p. ex.) au 21e siècle, le Guide alimentaire a fait l’objet de plusieurs révisions pour répondre aux besoins nutritionnels évolutifs des Canadiens. Santé Canada a rédigé la plus récente édition en 2007, mais compte tenu de l’actualisation constante des données de recherche sur la nutrition, le temps est venu de créer un nouveau Guide alimentaire qui tienne compte de la variété des besoins alimentaires de la population canadienne dans toute sa diversité.
Santé Canada prévoit dévoiler une nouvelle version du Guide alimentaire au début de 2018. Son objectif consiste à créer un guide qui fonctionne pour tous, y compris pour les personnes de diverses origines culturelles, celles ayant des besoins alimentaires particuliers en raison d’allergies et d’intolérances alimentaires par exemple, ainsi que pour les végétaliens et végétariens. Cette édition du Guide alimentaire dissuadera les Canadiens de consommer des aliments malsains en expliquant les raisons pour lesquelles il faut les éviter et les invitera de commencer à regarder aux répercussions globales découlant des choix alimentaires, entre autres la durabilité, l’impact environnemental et le gaspillage alimentaire.
Afin d’élaborer le nouveau contenu du Guide alimentaire, Santé Canada s’est penché sur des recommandations et des données probantes provenant de nombreuses sources. Vous trouverez ces renseignements au www.consultationguidealimentaire.ca.1
Histoire du Guide alimentaire canadien2
Lorsque la Division de l’hygiène alimentaire du gouvernement canadien (la première version de Santé Canada) a publié les premières Règles alimentaires officielles en 1942, c’était parce que la Seconde Guerre mondiale avait occasionné un épuisement des ressources. Le gouvernement tentait de trouver des façons de s’assurer que les Canadiens à la maison, ainsi que les soldats et les alliés envoyés outre-mer, aient suffisamment à manger en dépit de la pauvreté et des complications d’échanges commerciaux engendrés par la guerre. À l’époque, de nombreuses personnes recevaient des rejets du service militaire canadien pour raisons médicales, notamment la malnutrition : plus de la moitié des Canadiens souffraient probablement d’un quelconque type de carence alimentaire.3 La Division de l’hygiène alimentaire a lancé des campagnes à la radio, dans les journaux et dans les écoles pour diffuser des informations sur l’alimentation saine, utilisant le slogan : « Mangez bien, Sentez-vous bien : le Canada a besoin que vous soyez fort! » Le gouvernement a introduit les coupons de rationnement afin de s’assurer que tous aient suffisamment à manger, et des gels de prix universels afin que tous les Canadiens puissent se procurer les nécessités vitales.3
Les Canadiens ont travaillé ensemble pour créer un système alimentaire efficace, bon nombre d’entre eux cultivant des jardins communautaires sur leur propriété ou dans des lots vacants disponibles. De plus, les femmes et les enfants passaient leur été à faire des travaux agricoles faiblement rémunérés sur des fermes produisant de la nourriture à envoyer aux alliés. En outre, de nombreuses femmes ont créé des recettes novatrices au moyen des aliments à leur disposition, les publiant dans des journaux partout au pays pour permettre à tous d’en bénéficier.3
Grâce à ces efforts, la plupart des Canadiens s’alimentaient nettement mieux pendant la guerre qu’ils ne le faisaient avant son début. Ils sont passés de régimes alimentaires déficients en de nombreux nutriments et souvent trop faibles en calories, à des régimes procurant la nutrition globale requise, bien qu’il était plus difficile d’obtenir certains aliments « de luxe » que les gens aimaient, tels que le sucre et le thé.3
Après la guerre, la Division de l’hygiène alimentaire était déterminée à veiller à ce que les Canadiens aient suffisamment à manger sans toutefois occasionner de gaspillages, afin qu’une plus grande quantité de nourriture puisse être envoyée à ceux qui avaient besoin d’une aide supplémentaire en Europe et en Asie. Les recommandations alimentaires étaient très différentes pendant les années 1940, suggérant de consommer une portion de pommes de terre chaque jour et un minimum de trois à quatre œufs, ainsi qu’une portion de foie, cœur ou rein chaque semaine. Ces aliments étaient peu coûteux, riches en nutriments vitaux et facilement obtenus.
En 1944, les Règles alimentaires ne recommandaient plus des portions régulières de cœur et de rein, étant donné l’approvisionnement limité de ceux-ci, mais elles continuaient de recommander le foie en raison de ses propriétés hautement nutritives. Cependant, en 1961, elles modifiaient leur recommandation relative à la consommation de foie, de « fréquemment » à de « temps à autre », et indiquaient que les œufs, le fromage et les légumes étaient des substituts acceptables à la viande. Cette publication était aussi la première édition portant le nom de Guide alimentaire au lieu de Règles alimentaires.
En 1977, Santé Canada a établi la première version des quatre principaux groupes alimentaires, toujours utilisés dans la version du Guide alimentaire de 2007 : fruits et légumes, pain et céréales, lait et produits laitiers, et viande et substituts.
Dans les premières éditions du Guide alimentaire, l’huile de poisson était incluse comme besoin quotidien chez les enfants, dans le but d’assurer un apport adéquat en vitamine D et de prévenir le rachitisme. Toutefois, l’huile de poisson n’a pas eu le résultat escompté. Dès 1949, l’on recommandait alors aux enfants de prendre des suppléments de vitamine D, lesquels étaient beaucoup plus efficaces. Aujourd’hui le gouvernement canadien prescrit l’ajout de vitamine D dans les produits laitiers liquides. Le lait est la source principale de cette vitamine, surtout importante pendant les froids mois d’hiver où il est quasi impossible pour bon nombre de personnes d’en obtenir une quantité adéquate au moyen de la lumière du soleil.4
Rien n’a vraiment changé depuis les années 1970. Nous utilisons toujours des groupes alimentaires semblables, mais de plus récentes versions recommandent des portions et quantités de portions différentes. En outre, les guides du 21e siècle soulignent l’importance des grains entiers comparativement aux produits raffinés, alors que des versions précédentes permettaient les produits céréaliers blancs enrichis; les éditions plus récentes font place à plus de protéines végétales, tandis que des versions précédentes mettaient plutôt l’accent sur les protéines animales.
Le Guide alimentaire canadien – 20185
Le nouveau Guide alimentaire s’appuiera sur trois principes directeurs :
- aliments et boissons à privilégier
- aliments et boissons à limiter ou à éviter
- connaissances et compétences (notamment, la planification, la cuisson et la préparation)
Le nouveau Guide alimentaire continuera d’encourager une grande consommation de légumes, fruits, grains entiers et aliments riches en protéines (surtout les protéines végétales telles que celles provenant de légumineuses). En revanche, Santé Canada préconise la réduction de la viande rouge et des aliments transformés, surtout ceux à haute teneur en sodium, en gras trans, en gras saturés et en sucre. Il désire aussi détourner les Canadiens des options moins saines apparaissant traditionnellement dans le Guide alimentaire. Par exemple, le jus de fruits n’est pas un bon substitut aux fruits entiers, et les grains ayant subi une profonde transformation ne sont pas aussi nutritifs que les grains entiers. Chose tout aussi importante, il désire que les Canadiens comprennent pourquoi certains choix sont meilleurs que d’autres.
Un nouvel aspect de l’édition du Guide alimentaire est l’emphase sur la façon dont les choix alimentaires ont une influence autre que celle sur la santé. Choisir des aliments durables dans une population mondiale en croissance, réduire le gaspillage alimentaire et comprendre les effets des choix alimentaires sur l’environnement sont certains aspects importants à considérer. Le gaspillage alimentaire est un problème d’envergure, les chercheurs estimant qu’il a entraîné une perte de 31 milliards de dollars au Canada en 2014.6 Santé Canada envisage aussi d’encourager les Canadiens à acheter des aliments locaux ou à participer au jardinage communautaire, ainsi qu’à préparer davantage de repas à la maison, plutôt que d’aller au restaurant ou consommer des aliments de restauration rapide sur le pouce, étant donné que les gens ont tendance à faire des choix plus nutritifs à la maison.
Bon nombre des préoccupations environnementales sont conformes aux objectifs d’une meilleure santé : il est recommandé de consommer davantage de protéines végétales plutôt que de la viande rouge pour des raisons environnementales et de santé. Les régimes renfermant de nombreux aliments transformés à haute teneur en sucre, en sel et en gras saturés sont aussi plus néfastes sur l’environnement que les régimes mettant l’emphase sur les légumes, les légumineuses et les grains entiers. De plus, préparer les repas à la maison peut considérablement réduire le gaspillage de nourriture.
S’assurer que le régime alimentaire idéal soit accessible à tous les Canadiens est aussi un des objectifs. Par exemple, les aliments surgelés peuvent offrir une solution de rechange aux légumes frais en plus d’être abordables et disponibles à longueur d’année, même dans les régions éloignées du pays.
La santé d’abord
Santé Canada a convenu de ne pas rencontrer en privé les représentants de l’industrie alimentaire pour décider ce qui sera inclus dans le nouveau Guide alimentaire.7 Dans le passé, il y a eu des controverses avec différents groupes affirmant que Santé Canada veillait aux intérêts de certaines industries plutôt qu’à la santé des Canadiens. Cette source de conflit a été éliminée dans cette édition du Guide alimentaire. Les lobbyistes du secteur alimentaire ont dû soumettre leurs commentaires par l’entremise du même portail que celui utilisé par d’autres groupes et particuliers.
Cela a provoqué des désaccords chez certains lobbyistes qui prétendent que la nouvelle classification potentielle des groupes alimentaires par Santé Canada causera du tort aux Canadiens dont le régime est déjà adéquat. Toutefois, Santé Canada a répondu qu’il n’élimine pas d’aliments du Guide alimentaire, mais recommande simplement aux Canadiens de choisir plus fréquemment les aliments déclarés sains dans le cadre de recherches, et qu’il vise principalement à s’assurer que le Guide alimentaire soit libre de tout conflit d’intérêts.
Autres changements
En plus de la révision du Guide alimentaire, Santé Canada cherche des façons d’améliorer l’étiquetage des aliments. Les changements pourraient comprendre l’ajout d’autres renseignements nutritionnels sur le devant de l’emballage ou des symboles pour indiquer les produits qui satisfont à certains critères et qui sont donc de meilleurs choix.
Santé Canada pourrait aussi mettre fin à la publicité destinée aux enfants et provenant de fabricants de céréales sucrées et d’établissements de restauration rapide.8 Le gouvernement envisage d’adopter des lois pour empêcher ces sources d’aliments malsains de créer des publicités visant les enfants de moins de 13 ans. Les fabricants d’aliments réputés être sains (tels que les fruits et légumes, les grains entiers et certains produits laitiers) seraient toujours autorisés à faire de la publicité qui s’adresse aux enfants.
Conclusion
En 2018, nous pourrions voir des changements à l’omniprésent Guide alimentaire. Cependant, ces changements s’appuieront sur la science moderne et les exigences alimentaires, avec l’accent toujours mis sur une base de légumes, de fruits, de protéines et de grains entiers nutritifs. Pour consulter les mises à jour et la version actuelle du Guide alimentaire canadien, visitez le www.canada.ca.