Entérocolite nécrosante
Pourquoi plus de 40 hôpitaux canadiens utilisent des probiotiques pour contrer des maladies intestinales chez les nourrissons
Les nouveaux parents de prématurés passent généralement par toute une gamme d’émotions et craignent souvent que leur nouveau-né ne développe un problème de santé imprévisible. L’entérocolite nécrosante (ECN) est une maladie couramment diagnostiquée chez les bébés prématurés et touche environ cinq pour cent des nourrissons nés à moins de 32 semaines de gestation.1 Cette maladie dévastatrice peut entraîner de graves complications, les taux de mortalité oscillant entre 20 et 30 %.2 Malgré les progrès de la recherche, le diagnostic demeure difficile et les options de traitement sont limitées.
Signes/symptômes et diagnostic
Un abdomen distendu, des selles sanguinolentes à l’âge de 8 à 10 jours et une intolérance à l’alimentation peuvent signaler la présence d’ECN. Cette maladie peut également porter atteinte à d’autres organes du corps, y compris le cerveau, rendant les nourrissons vulnérables à des retards sur le plan du développement neurologique.2 Une progression rapide de la maladie (p. ex., perforation intestinale ou décoloration abdominale) nécessite une intervention chirurgicale.
Si la présence de gaz dans la paroi des intestins (pneumatose intestinale) est décelée par des radiographies abdominales ou par tomodensitométrie, l’ECN est le diagnostic le plus probable.
Cause multifactorielle
Il existe un certain nombre de facteurs prédisposants chez les prématurés qui développent une ECN, y compris une prédisposition génétique, un intestin hautement immunoréactif et une réponse inflammatoire immature. Un déséquilibre du tonus microvasculaire et une dysbiose (composition microbienne malsaine) sont d’autres causes possibles.2
La dysbiose dans l’intestin du nourrisson
Si des antibiotiques intraveineux à large spectre peuvent être nécessaires, l’utilisation prolongée d’antibiotiques chez les prématurés peut en revanche augmenter le risque de développer une ECN en diminuant la diversité bactérienne.3 Non seulement peut-il y avoir une quantité réduite d’espèces bactériennes, dans de nombreux cas il peut aussi y avoir une prolifération d’organismes pathogènes. L’établissement d’un microbiome sain s’impose au moment de la naissance, et nous savons qu’une faible diversité microbienne est observée dans un certain nombre de troubles gastro-intestinaux (GI).4
La colonisation de « bonnes » bactéries dans le tractus intestinal dépend de la présence de certains facteurs au début de la vie, comme le mode d’accouchement (césarienne ou accouchement vaginal) et le mode d’alimentation (allaitement ou lait maternisé). Les recherches démontrent qu’un microbiome malsain chez les nourrissons les prédispose à développer une maladie intestinale et que l’administration de probiotiques (microorganismes vivants qui ont des effets bénéfiques sur la santé lorsqu’administrés en quantité adéquate), peut accroître la diversité des microorganismes « bénéfiques » dans l’intestin prématuré.
Probiotiques chez les nourrissons
Un petit nombre de sous-espèces bactériennes, dont Bifidobacterium breve, Bifidobacterium infantis, Bifidobacterium longum et, dans une moindre mesure, Bifidobacterium bifidum colonisent l’intestin des nourrissons en bonne santé nés à terme et allaités.5 Sachant qu’une mauvaise colonisation microbienne est un facteur de risque, l’on se tourne davantage vers l’utilisation prophylactique des probiotiques chez les nourrissons. Aujourd’hui, plus de 40 hôpitaux canadiens utilisent des probiotiques pour nourrissons dans les unités de soins intensifs néonatals (USIN), dont un mélange est administré aux nourrissons, certains étant nés après à peine 24 semaines de gestation. Voir ci-dessous pour obtenir une liste de ces établissements.
FloraBABY par Renew Life est un mélange de probiotiques approuvé par Santé Canada et utilisé dans le cadre d’une étude de cohorte chez 294 nourrissons à l’USIN du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine à Montréal. Des nourrissons prématurés ont reçu quatre espèces du genre Bifidobacterium ainsi que l’espèce Lactobacillus rhamnosus GG (2 x 109 unités formatrices de colonies par 0,5 g). Les résultats de cette étude, publiés dans le Journal of Pediatrics, révèlent que le mélange de probiotiques avait réduit de façon importante la fréquence de l’ECN (de 9,8 % à 5,4 %).6
Conclusion
Compte tenu de la quantité de preuves scientifiques à l’appui de l’utilisation sécuritaire de suppléments de probiotiques chez les prématurés (>22 essais contrôlés randomisés),6 il est surprenant que l’utilisation prophylactique de probiotiques ne soit pas plus courante en médecine néonatale. De nombreux parents évaluent les bienfaits et les risques avant de choisir d’administrer des probiotiques à leur bébé. Que l’on soit d’accord ou non avec l’administration systématique de suppléments de probiotiques aux prématurés, la plupart conviennent que les nouveaux parents devraient avoir des renseignements provenant d’une source crédible à leur disposition.
Quoique Keith J. Barrington (néonatologiste et un des chercheurs cliniciens ayant contribué à l’étude sur les probiotiques au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine) n’ait pas administré de probiotiques à sa fille (née à 24 semaines de gestation), ses recherches effectuées après la naissance de celle-ci pourraient changer le sort de nombreuses autres familles.
FloraBABY au Québec
Gatineau
Montréal
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