La sclérose en plaques et l’intestin
La sclérose en plaques (SP) est une maladie auto-immune qui touche le système nerveux central. Chez les personnes qui en sont atteintes, le système immunitaire s’attaque à la gaine protectrice des nerfs (myéline) dans le cerveau et la colonne vertébrale (c.-à-d., dans le système nerveux central ou SNC). Sans cette gaine protectrice, les cellules nerveuses ne peuvent pas transmettre des messages comme elles le feraient normalement. Par conséquent, de nombreux systèmes du corps sont incapables de communiquer efficacement avec le cerveau, ce qui peut provoquer des symptômes dévastateurs. Parmi les symptômes les plus courants, on compte la fatigue, la faiblesse musculaire, la maladresse, la difficulté à marcher, l’engourdissement et les fourmillements, les changements d’humeur, les difficultés de réflexion et de mémoire, les problèmes de vision et la douleur.1 Ces symptômes touchent de nombreuses régions du corps et peuvent apparaître et disparaître de façon sporadique. Voilà l’un des aspects difficiles de la lutte contre la SP, puisque l’on ne sait jamais quels symptômes se présenteront et à quels endroits dans le corps ils se manifesteront.
Les signes de la SP font habituellement leur apparition à un jeune âge, le diagnostic étant généralement posé entre 20 et 49 ans.2 Plus de 90 000 Canadiens vivent avec la SP et environ 75 % d’entre eux sont des femmes.1,2 Bien que sa cause ne soit pas connue, il est probable que des facteurs génétiques et environnementaux soient impliqués, les effets de ces derniers sur le microbiome étant particulièrement importants.
Une dysrégulation du microbiome, pouvant découler de nombreux facteurs, dont le régime alimentaire, le lieu d’habitation et les infections, peut influencer la progression de la maladie par l’entremise de l’axe cerveau-intestin-microbiome.3 Étant donné que le cerveau et l’intestin sont en communication constante, toute perturbation du microbiome peut avoir un effet sur le fonctionnement du cerveau.
Bien qu’il n’existe aucun remède pour la SP, de nombreux traitements sont disponibles. En général, la gestion comprend une combinaison de médicaments qui modulent la réponse immunitaire afin de ralentir la progression de la maladie et de prévenir les rechutes et de médicaments qui traitent les symptômes individuels.
Symptômes GI et affections associées à la SP
Comme le bon fonctionnement de l’intestin repose sur une communication continuelle entre le SNC et l’appareil digestif, la SP peut entraîner de nombreuses affections digestives. Les symptômes que celles-ci occasionnent peuvent compter parmi les plus difficiles pour les personnes vivant avec la SP, puisqu’ils sont souvent tabous et peuvent causer considérablement d’embarras et d’anxiété.
Dysphagie
La difficulté à avaler, appelée dysphagie, peut sembler être un inconvénient mineur, mais elle peut influer sur la vie quotidienne de nombreuses façons. Il peut être inconfortable, gênant et même dangereux de manger, boire et prendre des médicaments par voie orale. La dysphagie peut accroître le risque de malnutrition, de déshydratation et d’une affection des poumons nommée pneumonie par aspiration, laquelle se produit lorsqu’une quantité de nourriture ou de liquide s’introduit dans les voies respiratoires plutôt que de s’acheminer dans l’œsophage. La dysphagie touche au moins un quart des personnes atteintes de SP et est souvent sous-déclarée.4
Dyspepsie
Les douleurs gastro-intestinales supérieures, les nausées, les ballonnements, la sensation de plénitude excessive, l’incapacité à achever les repas, les brûlures d’estomac et les rots chroniques sont tous des symptômes de la dyspepsie. Dans certains cas, elle peut également provoquer des vomissements. La dyspepsie est une affection digestive fonctionnelle, c’est-à-dire qu’elle ne découle pas d’anomalies structurelles, mais plutôt de problèmes de fonctionnement de l’intestin. Bon nombre de personnes atteintes de SP présentent ces symptômes de façon régulière. Selon une étude, cela pourrait être le résultat de la SP elle-même ou pourrait être un effet secondaire de certains types de médicaments utilisés pour traiter la maladie.5
Constipation et incontinence fécale
Le symptôme digestif chronique le plus courant chez les personnes atteintes de SP est la constipation, touchant environ la moitié d’entre elles.6 Les personnes qui souffrent de constipation ont des selles peu fréquentes et difficiles à évacuer, souvent accompagnées de douleurs et de ballonnements intestinaux importants. La constipation est courante avec la SP puisqu’elle peut résulter de l’interruption de la communication nerveuse qui se produit avec cette maladie, mais elle peut également découler d’un apport insuffisant en eau ou en fibres causé par une dysphagie ou des problèmes de mobilité.
Également connue sous le nom d’incontinence anale, l’incontinence fécale se produit lorsqu’une personne est incapable de contrôler ses selles. Sa gravité varie, allant d’une fuite anale jusqu’à une défécation complète. L’incontinence fécale est parfois accompagnée d’un sentiment d’urgence, mais d’autres fois, elle peut se manifester sans avertissement. Comme pour la constipation, elle est généralement associée à des problèmes de communication entre le SNC et l’intestin. L’incontinence fécale est rare chez la population générale, ne touchant qu’environ 2 % de celle-ci, mais jusqu’à 50 % des personnes atteintes de SP en souffrent à un moment donné, et chez 25 %, elle constitue un symptôme permanent.6
De nombreuses personnes atteintes de SP souffrent à la fois de constipation et d’incontinence fécale, leurs selles passant souvent entre ces deux extrêmes. Ces symptômes peuvent être dévastateurs, étant donné qu’il peut être difficile de travailler, d’avoir une vie sociale ou même de faire des courses en raison de la douleur occasionnée par la constipation ou de l’inquiétude de ne pas pouvoir contrôler ses intestins.
Syndrome de l’intestin irritable (SII)
Le SII est un trouble fonctionnel chronique et souvent débilitant, caractérisé par des douleurs abdominales, des ballonnements, une constipation ou de la diarrhée. Il s’agit déjà de l’affection gastro-intestinale la plus prévalente, mais chez les personnes atteintes de SP, elle est encore plus courante. Une étude menée auprès de 6 312 personnes atteintes de SP a révélé que 28 % d’entre elles souffraient également du SII.7 L’étude a également démontré que la qualité de vie liée à la santé (mentale et physique) des participants atteints du SII était inférieure à celle des personnes n’étant pas aux prises avec le SII.
Conclusion
Les symptômes gastro-intestinaux sont extrêmement courants chez les personnes atteintes de sclérose en plaques. Si vous êtes atteint de cette maladie et que vous éprouvez certains de ces symptômes, veuillez en parler avec votre équipe soignante afin qu’elle puisse modifier votre plan de traitement pour composer avec ces problèmes. Rendez-vous à mauxdeventre.org pour en savoir plus sur les affections digestives explorées dans le présent article et sur les mesures que vous pouvez prendre pour les gérer, et à scleroseenplaques.ca pour en savoir davantage sur la SP.