Lien cerveau-intestin et SII
Si vous faites partie des millions de personnes qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable (SII), vous savez peut-être que le stress et l’anxiété peuvent avoir un effet profond sur l’intestin et le bien-être. Le SII est considéré comme un trouble de l’interaction intestin-cerveau,1 ce qui signifie qu’il existe une déconnexion de la communication entre le cerveau et l’intestin. Vous avez peut-être déjà ressenti des papillons dans l’estomac avant une présentation ou éprouvé une sensation d’angoisse au creux de l’estomac lorsque la peur ou l’anxiété se manifeste. Ces sensations mettent en évidence le lien étroit qui existe entre nos émotions, nos pensées et notre digestion.
Fait intéressant, l’intestin est souvent considéré comme notre deuxième cerveau, puisqu’il est muni de son propre système d’intelligence et qu’il peut, grâce à ses 100 millions de neurones,2 fonctionner indépendamment du cerveau. Alors que de nombreuses personnes croient que le SII peut être géré uniquement au moyen de l’alimentation, le traitement de cette affection est généralement plus complexe que cela. Comprendre la nature de l’axe cerveau-intestin pourrait être l’élément clé qu’il vous manque pour soulager vos symptômes du SII et enfin reprendre le contrôle de votre santé intestinale.
Qu’est-ce que le SII?
Le syndrome de l’intestin irritable est un trouble gastro-intestinal (GI) courant qui peut gravement nuire à la qualité de vie. Étant souvent lié au stress et à l’anxiété,3 il exerce des effets sur l’estomac et les intestins. Les symptômes du SII comprennent les douleurs abdominales, les ballonnements, la constipation et la diarrhée. Le SII peut entraîner une anxiété alimentaire, une dépression, un sentiment d’isolement et une impression d’être dépassé par l’imprévisibilité des symptômes. Les méthodes courantes de prise en charge du SII comprennent les changements alimentaires, les modifications au mode de vie, la gestion du stress, la physiothérapie et les médicaments.
Quoique la modification de l’alimentation apporte des bienfaits importants, elle ne soulage pas les symptômes chez toutes les personnes. Dans le domaine complexe et imprévisible du SII, il n’est pas rare qu’une personne ait une réaction négative à un aliment un jour, sans toutefois éprouver de problèmes en mangeant le même aliment à un autre moment. Cette incertitude accroît l’anxiété relativement à la nourriture et, par conséquent, donne lieu à d’autres restrictions alors que l’aliment n’est peut-être pas en cause. Il est donc crucial de bien saisir le lien qui existe entre le cerveau et l’intestin. En améliorant la communication entre notre cerveau et notre intestin, et en comprenant les façons dont notre état mental et émotionnel influence notre corps, il est possible de sensiblement atténuer les symptômes et de retrouver une fonction intestinale saine.4
Lien cerveau-intestin et stress
L’une des interactions les plus fascinantes dans l’organisme est le lien entre le cerveau et l’intestin par le truchement du système nerveux. Le système nerveux entérique (SNE) est constitué d’un système maillé de neurones qui est responsable du fonctionnement du tractus gastro-intestinal. Le nerf vague est le lien vital entre le cerveau et l’intestin. Il agit comme une autoroute de communication, transportant des informations entre ces deux systèmes complexes. Notre système nerveux agit au moyen de deux réponses principales : la réponse parasympathique de « repos et digestion » et la réponse sympathique de « combat ou fuite ». Lorsque nous sommes détendus, notre système nerveux parasympathique facilite la digestion, mais lorsque nous sommes stressés, notre système nerveux sympathique l’inhibe.
Lorsque le stress devient chronique, il peut entraîner une rupture de la communication. Il en résulte une altération de la motilité intestinale, une sensibilité accrue, un déséquilibre des bactéries intestinales, une diminution de l’acidité gastrique et même une perméabilité accrue de l’épithélium intestinal, c’est-à-dire de la muqueuse intestinale, pouvant alors entraîner une inflammation chronique.4,5 La bonne nouvelle, c’est qu’en étant conscients de ce problème, nous pouvons y remédier en accordant la priorité à la gestion du stress et en nous attaquant à la source du problème à l’aide de thérapies comportementales cerveau-intestin, telles que l’hypnothérapie dirigée vers l’intestin.
Qu’est-ce que l’hypnothérapie dirigée vers l’intestin?
L’hypnothérapie dirigée vers l’intestin est une forme d’hypnose qui vise directement la mauvaise communication entre le cerveau et l’intestin pour aider à soulager de façon importante les symptômes du SII. Cette méthode fondée sur des données probantes5 améliore la digestion et la motilité du tractus gastro-intestinal, réduit la douleur et les ballonnements et calme les nerfs hyperactifs de l’intestin. Au cours d’une séance, vous êtes guidé vers un état de conscience profondément détendu et concentré, qui calme le corps et l’esprit. Une fois parvenu à cet état, l’imagerie guidée, la suggestion directe et la relaxation progressive sont utilisées pour aider à apaiser le tractus gastro-intestinal, à calmer le système nerveux et à améliorer la communication entre le cerveau et l’intestin. L’imagerie guidée peut inclure la visualisation de votre estomac et de vos intestins qui baignent dans un sentiment de confort apaisant, alors qu’une relaxation profonde se propage dans chaque muscle, chaque nerf et chaque cellule de votre corps.
L’hypnothérapie pour le SII est appuyée par près de 40 ans de recherches publiées et évaluées par des pairs, démontrant qu’elle constitue l’un des traitements les plus efficaces contre cette affection. La recherche a montré qu’une série de séances d’hypnothérapie dirigée vers l’intestin peut efficacement couper de moitié la gravité des symptômes chez 76 % des patients.4 Ces résultats sont également durables; une étude réalisée en 2003 a démontré que 81 % des patients ayant connu une réponse à l’hypnothérapie continuaient de bénéficier des améliorations jusqu’à 5 ans plus tard.6
Les preuves sont plus limitées relativement à d’autres affections GI, mais des signes prometteurs du potentiel thérapeutique ont émergé de certains essais contrôlés randomisés menés sur la dyspepsie fonctionnelle et la colite ulcéreuse.7 En fait, une des études a démontré un effet important de l’hypnothérapie dirigée vers l’intestin, soit une prolongation de la rémission clinique chez des patients atteints de colite ulcéreuse.8
Pour profiter pleinement des bienfaits transformateurs de l’hypnothérapie dirigée vers l’intestin, il est recommandé de participer à une série de 6 à 12 séances menées par un hypnothérapeute qualifié et spécialisé dans ce type d’hypnothérapie. Les séances se déroulent généralement sur une base hebdomadaire, appuyées par de l’hypnothérapie supplémentaire sous forme d’enregistrements à écouter chez soi afin de continuer à progresser entre les séances. Les séances peuvent être virtuelles, ce qui rend ce type de traitement plus accessible partout au monde, y compris pour les personnes habitant dans des régions éloignées et celles dont les symptômes compliquent la gestion des rendez-vous en personne.
Idées fausses sur l’hypnothérapie
Il existe certaines idées fausses sur l’hypnothérapie, souvent mal comprise en raison de sa représentation dans les spectacles d’hypnose, dans les films et à la télévision. L’hypnose ne consiste pas en un hypnotiseur qui contrôle votre esprit et vous dit de vous comporter comme une poule ou de lui donner vos informations personnelles. Sous hypnose, vous restez maître de votre esprit et de votre corps. L’hypnose, ou état de transe, est un phénomène naturel et courant dont nous faisons tous l’expérience dans notre vie quotidienne. Songez à ces moments où vous avez été totalement absorbé par un livre ou un film, et avez par conséquent complètement perdu la notion du temps. Et qui n’a jamais fait un long trajet en voiture pour arriver à destination avec un souvenir flou du voyage? Que vous rêvassiez ou que vous soyez dans un état de réceptivité, il s’agit d’un état de transe, qui est un état d’esprit naturel. Dans un état de transe, nous devenons plus réceptifs au changement. L’adoption d’un tel état nous permet de modifier positivement notre état d’esprit, tout en améliorant notre santé et en amenant de nouveaux motifs d’adaptation dans la manière dont notre corps réagit aux symptômes du SII.
Conclusion
Le lien complexe et profond entre notre esprit et notre intestin joue un rôle important dans la gestion efficace du SII. Plusieurs se concentrent sur la modification de l’alimentation pour traiter les personnes atteintes du SII, mais négligent l’aspect corps-esprit. En reconnaissant l’impact du stress et de l’anxiété sur la santé intestinale, en explorant les thérapies comportementales se penchant sur l’axe cerveau-intestin, telles que l’hypnothérapie dirigée vers l’intestin, et en adoptant une approche holistique de la guérison, les personnes aux prises avec le SII peuvent envisager de reprendre le contrôle de leur vie et de s’engager sur la voie d’une plus grande liberté et d’une meilleure qualité de vie.9