Mois de sensibilisation au SII 2021
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est l’affection digestive la plus courante au monde et pourtant, bon nombre des personnes qui en ressentent les symptômes ne cherchent pas à se faire soigner. Caractérisé par des douleurs abdominales, des ballonnements et une modification des habitudes intestinales, notamment la constipation et la diarrhée, le SII peut considérablement influer sur la qualité de vie et constituer une expérience isolante. Les personnes touchées peuvent avoir de la difficulté à quitter la maison pendant de longues périodes si elles ont besoin d’un accès à une toilette en raison de la diarrhée ou si elles souffrent de fortes douleurs occasionnées par la constipation. De plus, certaines personnes trouvent que les symptômes sont trop tabous pour pouvoir en parler. En 2003, la Société canadienne de recherche intestinale a fait campagne pour faire d’avril le Mois de sensibilisation au SII en vue de diffuser des informations sur ce trouble courant.
Les migraines et le SII
La migraine est un type de céphalée fonctionnelle qui se produit généralement d’un côté de la tête, occasionnant une douleur modérée à forte qui dure de quelques heures à quelques jours. D’autres signes d’une migraine sont les nausées, les vomissements et la sensibilité à la lumière et aux bruits. Les personnes qui souffrent de migraines avec aura éprouvent des troubles visuels (tels que des lignes, des taches, des étoiles, etc.), des problèmes d’élocution ou des sensations physiques telles qu’un engourdissement et des picotements avant l’apparition du mal de tête. Dans le cadre d’une méta-analyse publiée en 2021,1 des chercheurs ont examiné 11 études se penchant sur un total de 28 336 personnes souffrant de migraines et sur 1 535 758 personnes n’en souffrant pas, en vue de comparer les taux de SII chez les deux groupes. Ils ont constaté que les personnes aux prises avec des migraines étaient 2,5 fois plus susceptibles d’être atteintes du SII que celles qui ne l’étaient pas. En outre, les personnes qui connaissaient des migraines avec aura étaient 3 fois plus susceptibles de souffrir du SII que celles n’étant jamais atteintes de migraines. Bien que les chercheurs ne sachent pas exactement pourquoi cela se produit, ils émettent l’hypothèse que cette association pourrait être expliquée par l’axe intestin-cerveau, les modifications aux niveaux de sérotonine ou le fait que les personnes souffrant de migraines sont plus susceptibles de consulter un professionnel de la santé et sont donc plus susceptibles de faire diagnostiquer leur SII.
Éducation du patient
Puisque le SII peut considérablement réduire la qualité de vie (QV), une étude publiée en 2020 a cherché à déterminer si les interventions éducatives pourraient contribuer à limiter la diminution de la QV.2 Les chercheurs ont mené un essai contrôlé randomisé incluant un suivi de huit semaines auprès de 273 personnes ayant reçu un diagnostic du SII et qui étaient des patients en consultation externe à la University of Medicine and Pharmacy Hospital à Hô Chi Minh-Ville au Vietnam. Un groupe était composé de 132 personnes qui bénéficieraient d’une intervention éducative et l’autre groupe comptait 141 personnes qui recevraient des soins standards.
L’intervention consistait en une éducation provenant d’un pharmacien clinicien et portait sur des connaissances liées au SII, l’observance des médicaments, la reconnaissance des symptômes et les modifications au mode de vie et au régime alimentaire. À l’hôpital, le pharmacien a consacré de 15 à 20 minutes à passer en revue ces informations avec les participants et leur a ensuite remis du matériel éducatif imprimé à emporter avec eux. Les chercheurs ont ensuite effectué un suivi auprès de ce groupe par téléphone tous les quinze jours. Ils ont interrogé les participants sur leur état de santé actuel, leurs médicaments et leur mode de vie tout en renforçant l’enseignement qu’ils avaient reçu lors de leur première rencontre et en leur offrant des conseils sur les modifications au mode de vie et sur l’observance des médicaments.
Les chercheurs ont mesuré la QV des participants à l’aide d’un questionnaire administré avant l’intervention initiale et huit semaines après celle-ci; ils ont constaté que ceux qui avaient bénéficié de l’intervention éducative profitaient d’une qualité de vie significativement plus élevée après la période de huit semaines que le groupe qui n’avait pas reçu d’intervention, ce qui souligne à quel point l’éducation des patients est importante.
Nouveau médicament pour le SII-C
Ibsrela™ (tenapanor) est un nouveau médicament approuvé au Canada pour le traitement du SII à constipation prédominante (SII-C) chez les adultes.3 Il agit en réduisant l’absorption de sodium dans l’intestin grêle et le côlon. Cela entraîne une augmentation de la sécrétion d’eau dans l’intestin, rendant les selles plus molles et réduisant le temps de transit, soulageant ainsi la constipation et les douleurs intestinales y étant associées. Puisque l’action de ce médicament se limite à l’intestin et qu’il n’est pas absorbé de façon systémique, les effets secondaires sont minimes, la diarrhée étant celui le plus courant. Le traitement consiste à prendre deux comprimés par voie orale par jour, un avant le déjeuner et un avant le souper.