Transplantation de microbiote fécal
pour les infections graves à C. diff
Notre tube digestif peut contenir jusqu’à 1 000 espèces différentes de microorganismes (la plupart étant inoffensives, voire utiles) qui coexistent dans un équilibre harmonieux. Cependant, des maladies peuvent surgir lors d’une perturbation de cet équilibre, notamment en raison de certains microorganismes comme la bactérie Clostridioides difficile (C. diff), anciennement connue sous le nom de Clostridium difficile. Certains d’entre nous abritent une petite quantité de bactéries C. diff dans notre tube digestif sans connaître d’effets néfastes, mais celles-ci peuvent proliférer de façon incontrôlée pour donner lieu à une infection à Clostridioides difficile (ICD).
L’infection à C. diff est la principale cause de diarrhée infectieuse dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée. Les patients développent souvent l’infection alors qu’ils reçoivent un traitement pour une autre maladie ou lorsqu’ils touchent des surfaces infectées dans des aires d’établissements de soins de santé achalandés. Ceci s’explique par le fait que la bactérie C. diff et ses spores se trouvent en grandes quantités dans les selles des personnes infectées. Celles-ci peuvent propager l’infection à des surfaces si elles ne se lavent pas les mains adéquatement après être allées aux toilettes, et s’il n’y a pas de protocoles de nettoyage adéquat en place.
Les symptômes, souvent graves, comprennent une diarrhée liquide abondante, une déshydratation, de la fièvre, une perte d’appétit ainsi que des douleurs et une sensibilité abdominales, et nécessitent généralement une hospitalisation aux soins intensifs. Dans les cas très graves, cette infection peut entraîner la mort.
Traitements contre l’infection à Clostridioides difficile
La norme de soins actuelle pour l’IDC est le traitement par antibiotiques, mais la bactérie C. diff est résistante à de nombreux types d’antibiotiques, de sorte que ce traitement peut être inefficace, même si certains antibiotiques ciblés donnent de meilleurs résultats.
En plus des symptômes douloureux et pénibles qui accompagnent l’infection à Clostridioides difficile, cette maladie connaît des taux d’infection accrus et des taux de mortalité élevés, allant de 30 à 60 %. Bien que les hôpitaux et les foyers de soins de santé aient mis en place des protocoles pour assurer la propreté, beaucoup d’entre eux connaissent encore des épidémies. Compte tenu des considérations ci-dessus, il est incontestablement crucial de trouver un traitement efficace.
Transplantation de microbiote fécal
Une petite étude rétrospective portant sur l’examen de dossiers d’hôpitaux a été menée à New York, et publiée en 20191 afin de démontrer que la transplantation de microbiote fécal (TMF) est un traitement efficace pour les ICD récurrentes. Lors d’une transplantation de microbiote fécal, les médecins prélèvent les selles d’individus sains et les liquéfient pour les placer directement dans le côlon ― par voie rectale, généralement au moyen d’un lavement ou d’une coloscopie ― des personnes souffrant d’une maladie qui pourrait répondre à ce type de traitement (p. ex., ICD et colite ulcéreuse). Cette procédure permet d’utiliser l’ensemble du microbiote pour repeupler le côlon, plutôt que d’essayer d’identifier et d’isoler des bactéries individuelles qui seraient utiles.
Les auteurs de l’étude ont extrait des données de 426 dossiers recueillis sur une période de cinq ans — les patients souffraient d’une infection grave ou fulminante à C. diff, ils étaient hospitalisés aux soins intensifs et ils prenaient des antibiotiques par voie orale. Un cas fulminant d’ICD diffère d’un cas grave en ce sens qu’il consiste en une apparition soudaine et compliquée de symptômes graves.2 Parmi les dossiers examinés, les auteurs ont choisi 48 dossiers à partir desquels ils ont créé deux groupes : le premier comptait des patients (32) qui avaient reçu uniquement des antibiotiques, et le deuxième comptait des patients (16) qui avaient reçu des antibiotiques par voie orale ainsi qu’une transplantation de microbiote fécal. Ils ont associé les dossiers des patients des deux groupes, en fonction de facteurs tels que l’âge, le sexe, les antécédents médicaux et la gravité de la maladie.
Les chercheurs ont constaté que l’ajout de la TMF à la norme de soins entraînait une diminution significative du taux de mortalité (77 %) comparativement au traitement par antibiothérapie orale seulement reçu aux soins intensifs. Les patients ayant reçu une TMF présentaient également moins d’événements indésirables graves que les patients du groupe témoin.
L’avenir
Cette étude ne comptait qu’un petit nombre de cas, mais elle a tout de même affiché de solides résultats. Les auteurs demandent que d’autres études soient menées sur des populations semblables de patients afin que leurs constatations puissent être confirmées. Ils préconisent également la sensibilisation des professionnels de la santé aux avantages thérapeutiques de la transplantation de microbiote fécal chez les patients atteints d’une infection par Clostridioides difficile, qui sont gravement malades. Une intervention se produisant le plus rapidement possible, dans les neuf jours suivant le diagnostic, peut réduire davantage les taux de mortalité.