L’hidrosadénite suppurée et son lien à la MII

La maladie inflammatoire de l’intestin (MII) est un terme qui fait principalement référence à deux maladies de l’intestin : la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse. Quoique les deux soient caractérisées par une inflammation de l’intestin, dans la colite ulcéreuse l’inflammation se limite à la couche interne (muqueuse) du côlon tandis que dans la maladie de Crohn elle peut toucher n’importe quelle partie de l’intestin et peut impliquer toute l’épaisseur de la paroi intestinale. Les symptômes comprennent des douleurs abdominales graves, des diarrhées fréquentes, des saignements rectaux, de la fièvre, des carences nutritionnelles et une perte de poids. Le traitement est très personnalisé et exige généralement la prise à vie de médicaments ainsi que des modifications à l’alimentation et au mode de vie; certaines personnes nécessitent même une intervention chirurgicale.

L’hidrosadénite suppurée (HS) est une maladie chronique à médiation immunitaire qui provoque l’apparition de furoncles dans les régions des aisselles, de l’aine ou du dessous des seins. Dans les cas légers, ces lésions ressemblent généralement à des boutons, mais elles peuvent s’aggraver pour donner lieu à des abcès récurrents et à des lésions chroniques. Lorsque l’HS atteint des stades plus graves, elle peut être extrêmement douloureuse et peut être caractérisée par un drainage nauséabond et des trajets en forme de tunnel sous la peau. L’HS est plus courante chez les femmes que chez les hommes et peut avoir un impact négatif sur l’estime de soi et la santé mentale. Comme pour la MII, le traitement varie d’une personne à l’autre et peut comprendre une combinaison de changements au mode de vie, de médicaments et parfois d’interventions chirurgicales.

Ces affections sont toutes deux des maladies inflammatoires, l’une portant atteinte à l’intestin et l’autre aux follicules de la peau. Elles peuvent réduire la qualité de vie, d’autant plus que les problèmes intestinaux et les affections cutanées ont tendance à être tabous. Cela signifie que non seulement les personnes concernées sont-elles aux prises avec des symptômes dévastateurs, mais elles font aussi souvent face à un manque de soutien social. Bon nombre de personnes atteintes d’une maladie inflammatoire sont plus susceptibles d’en développer une autre, ce qui complique les choses davantage.

Une étude réalisée en 2020 à l’hôpital Mount Sinai de Toronto a cherché à savoir si certaines personnes atteintes de la MII étaient plus susceptibles que d’autres à développer une HS.1 Les auteurs citent des recherches antérieures qui montrent que le risque d’HS est neuf fois plus élevé chez les personnes souffrant de la MII que chez la population générale. Ils ont émis l’hypothèse que des facteurs liés au système immunitaire, à la génétique et au microbiome pourraient prédisposer les gens aux deux affections.

Les chercheurs ont comparé 29 personnes atteintes de la MII et de l’HS à 145 personnes atteintes de la MII mais non d’HS afin de déceler des différences entre les deux groupes. Les personnes souffrant de la MII et de l’HS présentaient un poids corporel plus élevé que celles souffrant uniquement de la MII (82 kg contre 61 kg), ce qui correspond aux constatations de recherches antérieures, lesquelles démontrent que l’obésité est un facteur de risque dans le développement de l’HS. Toutefois, cela ne signifie pas qu’un surpoids est à l’origine de l’HS, étant donné que celle-ci est une maladie immunitaire. Le tabagisme semble également être un facteur de risque, puisque les taux de fumeurs (14 %) et d’anciens fumeurs (30 %) étaient beaucoup plus élevés chez les personnes atteintes d’HS que chez celles ne l’étant pas (2 % de fumeurs et 6 % d’anciens fumeurs).

En ce qui concerne les facteurs spécifiques à la MII, l’HS était plus courante chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn que chez celles aux prises avec la colite ulcéreuse, surtout chez celles présentant une maladie périanale active. L’HS était également plus courante chez les personnes présentant une maladie endoscopique active, c’est-à-dire une inflammation active visible décelée lors d’une procédure scopique.

L’étude était relativement petite, mais elle s’appuie sur un nombre croissant de preuves qui suggèrent une association entre la MII et l’HS. Si vous souffrez de la MII et que vous être préoccupé par la présence de furoncles ou de boutons dans les zones où poussent des poils, en particulier dans les régions de l’aine et des aisselles, parlez-en à votre équipe soignante. Bien que l’HS soit toujours rare, les personnes atteintes de la MII, en particulier celles qui présentent les facteurs de risque mentionnés ci-dessus, sont plus susceptibles de développer cette maladie que les personnes ne souffrant pas de la MII. Étant donné que l’HS est une maladie évolutive, un traitement précoce est essentiel.

Pour obtenir des renseignements additionnels sur l’hidrosadénite suppurée, consultez le site Web www.hsheroes.ca. Héros de l’HS est une communauté de personnes vivant avec l’HS qui se consacre à la sensibilisation, à l’éducation et à la défense des personnes dont la vie a été touchée par cette maladie, qu’il s’agisse de patients, de membres de la famille, d’amis, de soignants ou de professionnels de la santé.


Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMD numéro 220 – 2021
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1. Tandon P et al. Risk Factors for Developing Hidradenitis Suppurativa in Patients With Inflammatory Bowel Disease: A Retrospective Case-Control Study. J Can Assoc Gastroenterol. 2020;4(4):165-172.