Liens toxiques entre votre foie et les plantes médicinales
Les plantes médicinales continuent de gagner en popularité en guise de thérapies pour de nombreuses maladies et affections. Il y a plus de deux décennies, nous avons publié l’un de nos premiers articles sur les plantes médicinales dans le bulletin Inside Tract®.1 Depuis lors, nous avons rédigé des articles sur les suppléments à base de plantes, la médecine traditionnelle chinoise et d’autres remèdes à base de plantes, y compris le cannabis à des fins médicales, une herbe très populaire.
Les phytothérapies, ou traitements à base de composés d’origine végétale, sont officiellement connues sous le nom de phytomédicaments. Certaines phytothérapies ont donné des résultats prometteurs dans le traitement de maladies et troubles gastro-intestinaux (GI). Cependant, pour bon nombre d’entre elles, les preuves pouvant justifier leur utilisation sont insuffisantes, ce qui est souvent attribuable aux obstacles rencontrés en matière d’essais et de recherches cliniques. De plus, de nombreuses études ne parviennent pas à repérer les effets indésirables graves en raison de la faible taille de l’échantillon et de facteurs de confusion. Toutefois, en raison de la popularité et de l’utilisation de ce type de produits, les chercheurs ont pu recueillir et analyser un bon nombre de documents portant sur les risques et les effets secondaires connexes.2
Le présent article jette un regard sur quelques plantes médicinales qui, selon des études, sont associées à une hépatotoxicité ou en sont la cause. L’on parle d’hépatotoxicité, ou d’hépatite toxique en présence de dommages hépatiques graves qui sont souvent attribués à la prise de certains médicaments, de suppléments à base de plantes, de produits chimiques et solvants, et d’alcool, ou d’une exposition à ceux‑ci.
Règlements
Santé Canada réglemente la vente et la commercialisation des produits de santé naturels, y compris les plantes médicinales.3 Les produits de santé naturels doivent respecter les exigences en matière d’homologation et d’étiquetage, et ils doivent faire l’objet de données d’essais cliniques ou de publications d’études pour appuyer les allégations relatives à leurs bienfaits pour la santé. Un produit affichant un numéro de produit naturel (NPN) ou un numéro de remède homéopathique (HMN) sur son étiquette indique que Santé Canada a examiné le produit et en a approuvé la vente.
Un récent rapport du Bureau du vérificateur général du Canada a conclu qu’il existe des lacunes importantes dans la réglementation des produits de santé naturels par Santé Canada, notamment en ce qui concerne l’inspection régulière des lieux de fabrication, la surveillance des produits en cas d’événements indésirables et l’incapacité à imposer un rappel obligatoire des produits qui présentent des risques graves pour la santé.4 Par conséquent, veuillez consulter votre médecin traitant si vous prenez actuellement des plantes médicinales ou prévoyez d’en prendre.
Dans la plupart des cas de dommages hépatiques toxiques, l’arrêt de la phytothérapie peut éliminer les symptômes. Les chercheurs préviennent qu’une consommation prolongée, surtout en grandes quantités, peut augmenter le risque de dommages hépatiques graves et entraîner la nécessité d’une transplantation du foie, voire la mort.
Herbes associées aux lésions hépatiques
Herbe | Utilisation | Résultats de recherche |
Atractylis gummifera5 | fièvre, constipation, nausées, ulcères et somnolence; les enfants consomment ses extraits fluides sous forme de gomme à mâcher | • Associée à une insuffisance hépatique. • Les effets secondaires immédiats comprennent l’hépatite aiguë, les nausées, les maux de tête et les douleurs abdominales. |
Chaparral (Larrea tridentata) | rhume, douleurs osseuses et musculaires, morsures de serpent, perte de poids, troubles cutanés et propriétés antioxydantes | • Rapports remontant aux années 1990 sur des cas de dommages au foie. |
Germandrée (Teucrium chamaedrys) | perte de poids et diarrhée | • Une dose de 600 à 1 600 milligrammes/jour pendant deux mois a souvent entraîné le développement d’une hépatite. • Un traitement continu peut provoquer une cirrhose. |
Grande chélidoine (Chelidonium majus) | syndrome de l’intestin irritable | • Avantages thérapeutiques non testés par essais cliniques randomisés. • De nombreux rapports d’hépatotoxicité. |
Herbes contenant des alcaloïdes de type pyrrolizidine (Heliotropium, Senecio, Symphytum (consoude officinale) et Crolataria) | supplémentant alimentaire6 | • Accumulation de liquide dans l’abdomen (ascite) pouvant entraîner une cirrhose. • Une utilisation prolongée peut entraîner une insuffisance hépatique chronique ou aiguë. • Connue sous le nom de « maladie de Senecio » en Afrique du Sud. • Le Canada et l’Allemagne ont interdit la vente de produits contenant de la consoude officinale. |
Racine de kawa ou kawa-kawa (rhizome de Piper methysticum) | troubles anxieux et dépression | • Efficacité thérapeutique potentielle pour le traitement de l’anxiété, selon des essais contrôlés randomisés. • Associée à des dommages au foie et à une insuffisance hépatique pouvant nécessiter une transplantation et même occasionner la mort. |
Ma-huang (Ephedra sinica) | perte de poids | • Hépatite aiguë après consommation pendant trois semaines. |
Menthe pouliote (Menta pulegium et Hedeoma pulegoides) | induction de saignements utérins pouvant provoquer un avortement7 | • Peut provoquer une intoxication. • Utilisée comme pesticide contre les puces. • Associée à une insuffisance hépatique aiguë et à la mort. |