L’infection à Clostridium difficile et la maladie inflammatoire de l’intestin
Grâce aux pratiques médicales modernes et à l’amélioration des méthodes de désinfection, les hôpitaux canadiens sont bien équipés pour composer avec les infections, gérer les risques de complication après l’intervention et promouvoir la propreté générale. Malgré tout, de nombreux patients craignent encore les risques associés aux interventions chirurgicales. Pour les personnes qui souffrent de la maladie inflammatoire de l’intestin (MII), et qui sont donc plus susceptibles de subir des interventions liées à leur maladie, le risque de contracter une infection à Clostridium difficile (ICD) en milieu hospitalier demeure une préoccupation.
Données statistiques sur l’ICD
Clostridium difficile (C. difficile) est une bactérie sporulée que l’on retrouve dans le sol, dans la matière fécale humaine et dans les milieux auxquels sont généralement exposées les personnes malades ou vulnérables, tels que les hôpitaux, les maisons de soins infirmiers et les garderies. Une ICD se produit lorsqu’une maladie ou un médicament perturbe l’équilibre normal de la flore bactérienne dans le côlon, permettant à la bactérie C. difficile de proliférer et de provoquer une maladie. Un système immunitaire affaibli, les suppresseurs de l’acide gastrique et les antibiotiques ont tous le potentiel d’accroître les risques d’infection, laquelle peut provoquer des symptômes comme une forte diarrhée, une fièvre, des nausées et même une inflammation mortelle du côlon.
Les ICD sont rares; on estime que le taux d’incidence des cas nosocomiaux se chiffrait à 5,35 par 1 000 hospitalisations au Canada en 2011.1 Toutefois, elles sont plus fréquentes chez les aînés et les personnes atteintes de la MII, puisque ces personnes pourraient avoir un système immunitaire affaibli ou être plus susceptibles de nécessiter une intervention chirurgicale. La maladie de Crohn ainsi que la colite ulcéreuse, les formes les plus courantes de la MII, se présentent par suite d’une inflammation dans le tube digestif, quoique l’emplacement de cette inflammation varie selon la maladie. Si l’inflammation d’un patient atteint de la MII s’aggrave et que d’autres formes de traitement échouent, il sera peut-être nécessaire de procéder à l’ablation d’une partie ou de la totalité du côlon (colectomie).
En plus de provoquer des symptômes dévastateurs, une ICD peut également accroître les risques d’avoir à subir une colectomie. Puisque le Canada se démarque par l’un des taux les plus élevés de la MII dans le monde, il est important de contrôler le risque d’éclosion d’infections à C. difficile afin que les personnes atteintes de la MII n’en souffrent pas à long terme. Malheureusement, c’est plus facile à dire qu’à faire.
En 2002, le Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke au Québec a signalé 2,1 cas d’ICD par 1 000 hospitalisations, un chiffre qui a grimpé en 2003 à 10 cas par 1 000 hospitalisations. Le nombre de patients atteints d’une ICD a augmenté une fois de plus en 2004, passant à 18 cas par 1 000 hospitalisations.2 Pour aider à gérer le risque d’éclosions, en 2009, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a placé l’ICD sur la liste des maladies à déclaration obligatoire dans le Système canadien de surveillance des maladies à déclaration obligatoire. Grâce à ce système, les hôpitaux canadiens peuvent signaler les cas confirmés d’ICD à l’ASPC et collaborer avec celle-ci pour contrôler l’infection et minimiser tout risque d’infection future.3
Données récentes
Pour mieux comprendre les risques à court terme et à long terme associés à une ICD et à la colectomie, des chercheurs de l’Hôpital d’Ottawa et de la Mayo Clinic au Minnesota ont récemment passé en revue 12 études observationnelles afin d’évaluer si une ICD expose les patients atteints de la MII à des risques de colectomie, comparativement aux patients atteints de la MII qui ne souffrent pas d’une ICD. Les chercheurs ont examiné les données de 35 057 patients atteints de la MII qui souffraient également d’une ICD et de 929 259 patients atteints de la MII qui ne souffraient pas d’une ICD. Ces données ont été recueillies de 1998 à 2013 en Amérique du Nord, en Europe et en Asie.
Les chercheurs ont conclu que le risque de colectomie chez les patients souffrant d’une ICD semblait s’accroître à long terme (au moins une année ou plus après le diagnostic d’une ICD), mais non à court terme (dans les trois mois suivant le diagnostic d’une ICD).4
Bien que l’analyse n’ait pas pu cerner les raisons éventuelles d’un risque de colectomie accru à long terme chez les patients souffrant d’une ICD, elle a aidé à identifier les données démographiques des personnes qui pourraient être touchées par des complications liées à l’infection.
Pronostic
Comme nous le savons maintenant, la manière la plus efficace de lutter contre les infections telles que l’ICD consiste à se laver les mains adéquatement, à utiliser des produits de nettoyage au chlore en vue de tout désinfecter et à encourager les autres à faire de même. En adoptant ces pratiques, nous pouvons tous œuvrer à la réduction des risques d’ICD et d’autres maladies contagieuses et protéger les personnes plus susceptibles de contracter celles-ci. De même, il est important de se rappeler que bien que le recours à certains antibiotiques puisse accroître les risques d’une personne de développer une ICD, ces antibiotiques sont parfois nécessaires pour combattre d’autres infections graves. En fait, certains types d’antibiotiques servent à traiter l’ICD. Cela dit, il est important pour les personnes qui ont un système immunitaire affaibli, qui prennent des antibiotiques ou qui se remettent d’une intervention chirurgicale de porter attention à tout symptôme qu’elles présentent et de consulter leur fournisseur de soins de santé.