7 mythes entourant le SII

Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est tellement commun qu’il est probable que vous connaissiez au moins une personne qui souffre de ce trouble fonctionnel. En 2003, la Société canadienne de recherche intestinale a plaidé sa cause auprès de maires partout au Canada et a réussi à faire déclarer le mois d’avril comme le Mois de sensibilisation au SII. Malgré cela, les mythes et les renseignements erronés concernant le SII sont toujours répandus. Dans cet article nous réfutons certains de ces mythes courants. Consultez l’encadré pour les critères de diagnostic.

Mythe : Le SII est semblable à, ou est la même chose que la MII/la maladie de Crohn/la colite ulcéreuse.

Réalité : La maladie de Crohn et la colite ulcéreuse sont des types de maladie inflammatoire de l’intestin (MII). Bien que les acronymes MII et SII se ressemblent, les deux affections sont très différentes l’une de l’autre. La MII est une maladie organique qui se caractérise par la présence d’inflammation dans les intestins. Dans le SII, il n’y a aucune maladie visible et les symptômes sont occasionnés par le mauvais fonctionnement du tube digestif. Le SII n’évolue pas en MII et les gens qui sont atteints du SII ne courent pas un risque accru de souffrir des complications associées à la MII, telles que la chirurgie, la nécessité de subir une stomie ou le développement d’un cancer colorectal. Cependant, il est possible d’être aux prises avec les deux affections. Consultez le www.mauxdeventre.org/centre-information/tableau-des-symptomes/ pour voir un tableau qui illustre les différences entre le SII et la MII.

Mythe : Ce traitement fonctionne pour quelqu’un que je connais donc il fonctionnera aussi pour moi.

Réalité : Chaque personne souffrant du SII connaît une expérience unique. De nombreux traitements différents sont disponibles et certains fonctionneront à la merveille chez une personne, mais pourraient être inefficaces ou même occasionner des effets secondaires néfastes chez une autre. Il est important de travailler avec votre médecin, gastro-entérologue ou diététiste professionnel pour trouver le traitement qui fonctionne le mieux pour vous, quel qu’il soit. Parmi les traitements les plus courants, on retrouve les médicaments, la physiothérapie, les probiotiques, les thérapies parallèles et les modifications à l’alimentation telles que l’augmentation des fibres ou l’observance d’un régime faible en FODMAP. Consultez le www.mauxdeventre.org pour obtenir de plus amples renseignements sur les traitements contre le SII.

Mythe : L’élimination des produits laitiers et du gluten peut atténuer les symptômes du SII, puisque le SII est tout simplement un autre terme utilisé pour décrire ces intolérances.

Réalité : Certaines personnes aux prises avec le SII souffrent d’une intolérance au lactose, sucre présent dans le lait, tandis que d’autres peuvent aussi souffrir d’une intolérance au gluten. Il y a aussi des personnes qui ne sont pas atteintes du SII qui souffrent de ces intolérances. L’intolérance au lactose est rare chez les gens de descendance nord-européenne dont les ancêtres ont historiquement consommé de grandes quantités de produits laitiers. Environ 5 % de ces personnes souffrent d’une intolérance au lactose. Cependant, chez les gens de descendance sud-asiatique, cette affection est extrêmement courante, 90 % d’entre eux affichant une intolérance au lactose. Celle-ci est aussi assez courante chez les personnes de descendance ouest-africaine, juive, italienne, grecque ou arabe.1 Globalement, on estime que 16 % des Canadiens ont une intolérance au lactose.2 L’intolérance au gluten, qui se différencie de la maladie cœliaque, est moins courante, touchant environ de 3 à 6 % de la population.3 Chez certaines personnes atteintes du SII, l’élimination de ces aliments peut atténuer ou éliminer les symptômes. Chez la majorité de la population canadienne, laquelle ne souffre pas d’intolérance au lactose ou au gluten, ces aliments n’occasionnent aucun problème. Le SII est un trouble distinct qui est évalué selon des critères de diagnostic précis – l’intolérance au lactose et l’intolérance au gluten ne figurent pas sur la liste des critères.

Mythe : Le syndrome de l’intestin perméable cause le SII.

Réalité : De nombreuses personnes croient qu’un supposé trouble appelé le « syndrome de l’intestin perméable » entraîne de nombreuses affections, y compris le SII. Selon la théorie, des toxines et des bactéries s’infiltrent dans la circulation sanguine par des sections endommagées du tube digestif, provoquant des perturbations importantes dans le corps. Il n’existe cependant aucune preuve de l’existence de cette maladie, et donc encore moins qu’elle serait une cause du SII, qui est un trouble fonctionnel et non une maladie organique. Lisez notre article, « Réfuter le mythe du « syndrome de l’intestin perméable ».

Mythe : Les personnes atteintes du SII ne peuvent pas manger [insérer n’importe quel aliment ici].

Réalité : Où que vous cherchiez, vous trouverez des points de vue divergents sur ce que c’est que d’être atteint du SII. En ligne, dans les livres et à la télévision, un si grand nombre de personnes suggèrent des idées sur le traitement et les causes du SII qu’il est difficile de déceler ce qui est vrai. Une personne pourrait suggérer d’éliminer le gluten, une autre affirme qu’il faut éviter tous les sucres, tandis qu’encore une autre prétend qu’il faut suivre un régime alimentaire précis (qu’elle a mis au point et qu’elle vend). Cela peut être très déconcertant pour les personnes aux prises avec le SII. Il peut être difficile de séparer la vérité des trucs de marketing et des hypothèses non fondées. Certaines personnes pourraient s’apercevoir que des aliments particuliers aggravent leurs symptômes ou font de même chez quelqu’un d’autre, donc elles supposent qu’ils auront le même effet chez d’autres personnes aussi. Cependant, la recherche démontre qu’il n’existe pas d’aliments précis qui soient catégoriquement nuisibles aux patients souffrant du SII. Bien que certains aliments sont plus susceptibles d’occasionner des symptômes, cela ne veut pas dire qu’ils seront problématiques chez chaque patient atteint du SII et ne sont donc pas interdits. Pour cette raison, nous recommandons aux personnes atteintes du SII d’essayer différents aliments et de noter les effets qu’ils ont afin de savoir lesquels éviter. En ce qui concerne le traitement de vos symptômes, ce qui fonctionne le mieux en moyenne n’est pas important, seulement ce qui fonctionne pour vous. Chez certains patients, les symptômes se manifestent peu importe ce qu’ils consomment ou ne consomment pas; des médicaments ou d’autres solutions sont alors requis. Le SII ne peut pas toujours être pris en charge seulement au moyen de l’alimentation.

Mythe : Le SII est un trouble psychologique. C’est purement dans la tête.

Réalité : Ce mythe est l’un des plus dangereux et provoque une stigmatisation envers les personnes souffrant de cette affection. Le SII est un trouble fonctionnel, ce qui signifie qu’il n’existe pas de signe visuel apparent de maladie, comme l’inflammation présente dans la maladie inflammatoire de l’intestin. C’est cependant un trouble gastro-intestinal réel. Quoique les problèmes de santé mentale tels que le stress, l’anxiété et la dépression puissent aggraver les symptômes, ils ne causent pas le SII.

Mythe : Le SII n’est pas tellement grave.

Réalité : Chez certaines personnes le SII n’occasionne que de légers symptômes, mais chez d’autres, il peut changer la vie. L’impact des symptômes ABCD caractéristiques du SII peut entraîner une diminution très importante de la qualité de vie. Une diarrhée persistante peut empêcher ceux qui en souffrent de quitter la maison à moins qu’ils puissent être certains d’avoir un accès continu aux toilettes. La constipation chronique peut occasionner une douleur et des ballonnements si graves que ceux qui en souffrent sont incapables de sortir du lit puisque tout mouvement physique, y compris l’activité sexuelle, provoque des douleurs intenses. De tels symptômes peuvent mener à un isolement social, ou à des journées de travail ou de classe manquées, ce qui peut aggraver la dépression et d’autres symptômes de santé mentale.


Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMC numéro 196 – 2015
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1. Lactose Intolerance. Genetic Home Reference. Disponible à : http://ghr.nlm.nih.gov/condition/lactose-intolerance. Consulté le 2015-12-17.
2. La prévalence de l’intolérance au lactose chez les adultes canadiens. Disponible à : https://www.savoirlaitier.ca/donnees-scientifiques/la-perspective-des-experts/la-prevalence-de-l-intolerance-au-lactose-chez-les-adultes-canadiens. Consulté le 2015-12-29.
3. Leonard MM et al. US perspective on gluten-related diseases. Clinical and Experimental Gastroenterology. 2014;7:25–37.