Mois de sensibilisation au SII 2022
Avril est le Mois de sensibilisation au syndrome de l’intestin irritable (SII). Le SII est l’une des affections gastro-intestinales les plus courantes au monde. Étant donné qu’il touche jusqu’à 20 % des Canadiens, il est probable que vous connaissiez au moins une personne atteinte de ce trouble fonctionnel. Le SII peut être débilitant et est caractérisé par des symptômes de : douleurs abdominales, ballonnements, constipation ou diarrhée. Malgré la prévalence du SII, on ignore toujours sa cause exacte (bien que les théories abondent) et il n’existe aucun remède connu. Grâce aux recherches, on continue à en apprendre davantage sur cette affection et à développer de nouveaux traitements pour sa gestion.
Ballonnements
Les ballonnements peuvent se décrire comme une sensation de gaz et de pression interne. On pourrait entendre le terme ballonnement utilisé de façon interchangeable avec le terme distension abdominale, mais il s’agit d’un phénomène distinct et dont le processus physiologique est différent. La distension abdominale se produit lorsqu’il y a une augmentation mesurable et visible de la taille de l’abdomen. Il est normal pour la taille de l’abdomen de changer tout au long de la journée, mais ce phénomène est nettement plus marqué chez les personnes atteintes du SII. Il est également possible de souffrir à la fois de ballonnements et de distension abdominale, état se produisant également chez les personnes souffrant du SII. On peut même se sentir comme la fille dans Charlie et la chocolaterie qui gonfle de façon à prendre l’aspect d’un bleuet.
Des études montrent1 que les ballonnements sont présents chez 66 à 90 % des personnes aux prises avec le SII, et qu’ils touchent nettement plus les femmes que les hommes. Ils sont également plus courants chez les personnes atteintes du SII dont le symptôme prédominant est la constipation (SII-C) que chez celles souffrant du SII à diarrhée prédominante (SII-D).
On ne comprend pas encore complètement les processus en cause dans les ballonnements et la distension abdominale. Ces processus physiologiques sont complexes et mettent en jeu des interactions entre le microbiome intestinal, la production et la composition des gaz intestinaux, le temps de transit intestinal et les fonctions sensorielles du tractus gastro-intestinal (GI). Heureusement, les ballonnements en soi ne sont généralement pas dangereux; toutefois, les médecins peuvent mener des évaluations pour s’assurer qu’ils ne sont pas un symptôme découlant d’une autre maladie ou d’un autre trouble. La prise en charge des ballonnements et de la distension abdominale s’effectue au moyen d’une combinaison d’éléments : régime alimentaire, exercice, correction de la posture, traitements en vente libre (p. ex., probiotiques) et médicaments sur ordonnance.
SII et anxiété
Une équipe internationale de chercheurs, provenant de 40 institutions de différentes régions du monde2, a découvert que le SII et l’anxiété partagent les mêmes voies génétiques et se développent indépendamment l’un de l’autre, ce qui réfute l’hypothèse antérieure selon laquelle l’un pourrait provoquer l’autre.
L’équipe cherchait à déterminer la susceptibilité génétique et les facteurs de risque associés au SII. Pour ce faire, elle a utilisé les bases de données de la UK Biobank et de l’initiative internationale Bellygenes pour effectuer une analyse pangénomique chez une cohorte de 53 400 personnes atteintes du SII et chez 433 201 participants en bonne santé en guise de témoins. Ils ont trouvé plusieurs emplacements génétiques (loci) d’intérêt et en ont compilé les données sous forme de tableaux indépendants en utilisant les renseignements dépersonnalisés des clients de 23andMe ayant accepté de participer à l’étude.
Ils ont découvert que les voies génétiques du SII chevauchent ceux de l’anxiété, de la dépression, de la névrose et de la schizophrénie. Toutes ces affections présentent également des corrélations génétiques considérables entre elles. Les gènes sont impliqués dans une communication avec le cerveau largement par l’entremise du système nerveux central, ce qui permet de mieux comprendre l’interaction cerveau-intestin se produisant dans le SII.
Ces résultats pourraient expliquer pourquoi jusqu’à 60 % des personnes souffrant du SII sont également touchées par des symptômes psychologiques.3 Les auteurs de l’étude estiment également que leurs résultats offrent une base solide pour de futures recherches sur les thérapies ciblant le système nerveux et qu’ils appuient également l’utilisation de médicaments psychoactifs et de thérapies comportementales pour le traitement du SII.2
Symptômes du SII dans d’autres affections GI
Le SII partage quelques symptômes avec la maladie cœliaque, la maladie inflammatoire de l’intestin (maladie de Crohn et colite ulcéreuse) et le cancer colorectal. Le processus de diagnostic du SII comprend déjà des tests d’investigation de ces autres affections afin de les exclure. Cependant, il existe d’autres maladies et troubles GI qui occasionnent également des symptômes semblables à ceux du SII et qui sont pris en compte par les médecins et les spécialistes.
Une revue systématique et une méta-analyse réalisées récemment au R.-U.4 ont révélé qu’une partie des personnes orientées vers un spécialiste en raison du SII souffraient d’autres troubles GI, tels qu’une diarrhée de cause biliaire, une malabsorption des glucides (principalement le lactose et le fructose), une colite microscopique, une insuffisance pancréatique exocrine et une pullulation bactérienne dans l’intestin grêle (PBIG). En effectuant une recherche de ces troubles dans des articles publiés en anglais de 1978 à 2020, les chercheurs ont trouvé des patients qui, selon des résultats de tests diagnostiques reconnus, souffraient de ces troubles. Ils ont constaté que ces affections étaient plus largement présentes chez les personnes présentant des symptômes de type SII que chez les témoins en bonne santé. Cependant, leur recherche comportait des limites puisqu’elle englobait différents types d’études ayant des tailles d’échantillon variables; de plus, certains des tests de diagnostic réalisés au moment de la publication des articles manquaient de précision. Néanmoins, cela pourrait expliquer en partie pourquoi les traitements ne sont pas efficaces chez certaines personnes ayant reçu un diagnostic de SII. De futures études devraient porter sur la fréquence de ce phénomène dans la pratique, afin que les personnes présentant des symptômes du SII puissent bénéficier d’un diagnostic précoce et de soins appropriés.
Nouveaux traitements
Dans notre rapport de 2018 sur l’impact mondial du SII,5 nous avons signalé que les personnes vivant avec le SII luttent toujours pour trouver des thérapies efficaces pour aider à contrôler leurs symptômes.
Santé Canada a approuvé un médicament sur ordonnance pour les adultes souffrant du SII-C. Le plécanatide (TrulanceTM), un comprimé à prendre par voie orale une fois par jour, est un agoniste de la guanylate cyclase de type C (GC-C) qui imite les effets des hormones naturelles de l’organisme, afin d’augmenter la sécrétion de liquide et diminuer le temps de transit intestinal en vue de diminuer les douleurs abdominales.6
Les effets secondaires peuvent comprendre la diarrhée, les nausées, les maux de tête, les étourdissements, les symptômes du rhume (rhinopharyngite) et les infections des voies urinaires et des voies respiratoires supérieures. Santé Canada ne recommande pas TrulanceTM aux personnes souffrant d’une occlusion intestinale.
Il est préférable de ne pas prendre TrulanceTM avec de la nourriture puisque, chez certaines personnes, cela entraîne des selles plus molles et une augmentation des crampes abdominales. De plus, si vous avez des nausées, des vomissements, de la diarrhée ou d’autres effets secondaires GI, assurez-vous d’éviter les repas riches en gras et en calories avant ou après la prise de ce médicament. Vous pouvez également écraser les comprimés en une poudre et la mélanger dans une cuillère à thé de compote de pommes ou dans 30 ml d’eau. L’administration par sonde nasogastrique ou gastrique est une autre option.
Si vous oubliez une dose, sautez-la et attendez au lendemain pour prendre votre prochain comprimé. Ne prenez pas deux doses en même temps si vous en oubliez une. Conservez le produit dans un endroit sec à température ambiante et ne retirez pas le déshydratant du flacon.
TrulanceTM et Constella® (linaclotide) fonctionnement sensiblement de la même façon, tous deux étant des agonistes du GC-C. Vous pouvez en apprendre davantage sur Constella® en lisant une évaluation du produit sur notre site Web mauxdeventre.org.
Ce médicament n’a pas encore été ajouté aux listes de médicaments publiques, mais il est probablement couvert par les régimes d’assurance maladie privés.
L’avenir
Les études continuent de révéler des informations sur le SII, le microbiome intestinal et les domaines pouvant potentiellement bénéficier d’interventions thérapeutiques. En 2003, nous avons incité le gouvernement fédéral à faire d’avril le Mois de sensibilisation au SII. Nous nous engageons toujours à promouvoir la recherche fondée sur des données probantes et à préconiser l’accès adéquat des patients atteints de la SII aux soins de santé.