MII et grossesse : les bonnes nouvelles
En êtes-vous à cette étape de la vie où vous envisagez de fonder une famille? Peut-être que votre conjoint et vous y songez depuis un certain temps déjà, en vous demandant ce que c’est que d’avoir un bambin qui court dans la maison, et que vous partagez de mignonnes photos de bébés et préparez des listes de souhaits qui comprennent couchettes et jouets. Quelle étape agréable! Cependant, si vous souffrez de la maladie inflammatoire de l’intestin (MII), vous pourriez vous demandez comment cette affection et ses traitements peuvent influer sur votre grossesse. La bonne nouvelle, c’est que la plupart des femmes atteintes d’une MII ont une grossesse normale et saine.
Fertilité et risque génétique
Si vous êtes une femme, que votre maladie de Crohn ou votre colite ulcéreuse (les deux principaux types de MII) est maîtrisée et que vous n’avez pas subi de chirurgie en lien avec votre MII, alors votre taux de fertilité est semblable à celui de la population générale.1 L’âge reste le principal facteur de risque de baisse de la fécondité, que vous viviez avec une MII ou non. Cependant, une inflammation active, une intervention chirurgicale telle que celle du réservoir en J ou une proctectomie, ou le fait d’avoir une stomie permanente, peuvent nuire à votre fertilité.1,2
Chez les hommes atteints de la MII, l’activité de la maladie, les médicaments, les mauvaises habitudes de vie et d’alimentation (comme la consommation d’alcool et de tabac et une alimentation malsaine), de même que la chirurgie rectale peuvent nuire à la fertilité.3
Selon votre âge, votre type de MII et les traitements suivis, il pourrait être utile de parler à votre médecin avant de commencer à fonder une famille afin de savoir comment mener une grossesse en santé. Vous devriez également obtenir très tôt des informations sur la planification familiale et le counseling préconception.
Lorsque vous recevez un diagnostic de MII, la possibilité de transmettre cette maladie à vos enfants pourrait vous préoccuper. La bonne nouvelle est que, si votre conjoint ou vous êtes atteint de la MII, le risque génétique de transmission de la maladie à votre enfant n’est que de 2 à 3 %. Toutefois, si vous êtes tous deux atteints de la MII, le risque augmente à plus de 30 %1, de sorte que votre médecin de famille pourrait vous orienter vers des services de counseling génétique.
Médicaments
La rémission est cruciale pour garantir une grossesse sans danger. Des études ont démontré que chez 80 % des femmes en rémission, la maladie demeure inactive au cours de la grossesse.4 Cependant, les médecins ne recommandent pas de planifier une grossesse en présence d’une MII active, puisque celle-ci pourrait entraîner un risque accru de situations défavorables, notamment une aggravation de la maladie et des complications lors de l’accouchement.
Des études ont également montré que la majorité des médicaments contre la MII peuvent être utilisés en toute sécurité pendant la grossesse et présentent un faible risque de transmission par le lait maternel.1,2 Consultez votre médecin pour en savoir plus, surtout en vue du fait que votre régime posologique pourrait changer pendant la conception et la grossesse.
En ce qui concerne les effets à long terme sur la santé, une étude axée sur la population au Danemark5 a révélé que les personnes exposées in utero à l’azathioprine et à la mercaptopurine ne présentent pas de risque accru de développer des infections pendant l’enfance, l’adolescence ou l’âge adulte. Cependant, les enfants exposés à des produits biologiques anti-FNT courent un risque accru de développer des infections au cours de leur première année de vie. Aucun de ces types de médicaments n’augmente le risque de souffrir d’un trouble du spectre autistique, du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, d’une maladie psychiatrique ou d’un cancer des organes principaux.
Le IBD in Pregnancy Consensus Group recommande que les traitements biologiques reprennent immédiatement après l’accouchement et selon le même régime posologique pour éviter le risque de poussées et d’activité de la maladie.6
Nous vous recommandons vivement de ne pas interrompre votre traitement sans d’abord consulter votre gastro-entérologue, puisque cela pourrait déclencher une poussée et avoir des conséquences négatives sur votre santé et celle de votre enfant.
Accouchement
Dans la plupart des cas, un accouchement vaginal standard est possible.1 Si vous avez subi une chirurgie d’anastomose iléo-anale avec réservoir, votre obstétricien gynécologue pourra vous recommander une césarienne pour empêcher une lésion du sphincter anal. Il peut également vous suggérer une césarienne si vous souffrez d’une maladie périanale ou d’une MII active, ou si vous avez déjà eu un accouchement par césarienne. Le choix du meilleur mode d’accouchement nécessitera une prise de décision concertée entre vous et votre équipe soignante.
Vaccins
À l’exception du certolizumab (Cimzia®), les recherches montrent que les médicaments biologiques sont transmis aux fœtus si vous en recevez pendant la grossesse2. La disparition des anticorps peut prendre jusqu’à 12 mois. Après cette période, votre bébé peut recevoir des vaccins vivants en toute sécurité. Consultez le pédiatre de votre enfant pour connaître ses recommandations concernant le calendrier des vaccins.
L’arrêt des médicaments biologiques avant le troisième trimestre peut augmenter votre risque de rechute et le risque d’infection chez votre enfant. Il est donc important d’adhérer à votre traitement et de consulter votre équipe de soins de santé concernant toute préoccupation se présentant au cours de votre grossesse.
L’avenir
Grâce au soutien d’une équipe de soins de santé multidisciplinaire et de renseignements éducatifs, vous pouvez choisir vos médicaments en toute confiance et avoir une grossesse sûre tout en contrôlant votre maladie inflammatoire de l’intestin. Bientôt, vous partagerez des photos de votre propre petit bout de chou!