Problèmes gastro-intestinaux liés à l’obésité

L’obésité est une maladie chronique complexe qui touche de nombreux systèmes de l’organisme. Alors que les discussions sur les complications liées à l’obésité ont tendance à se concentrer sur des affections telles que les maladies cardiaques et le diabète, l’obésité peut également avoir une influence considérable sur le développement et la gravité de nombreuses affections digestives.

Tractus gastro-intestinal supérieur

L’augmentation de la pression abdominale résultant d’un excès de graisse abdominale peut occasionner ou aggraver de nombreuses affections du tractus gastro-intestinal supérieur. La plus courante de celles-ci est le reflux gastro-œsophagien (RGO) pathologique,1 qui se produit lorsque le sphincter qui ferme la partie inférieure du tube musculaire reliant la bouche à l’estomac (l’œsophage) ne fonctionne pas correctement. Le contenu de l’estomac remonte alors dans l’œsophage, ce qui peut provoquer de nombreux symptômes et complications.

La hernie hiatale est une autre affection pouvant découler d’une augmentation de la pression abdominale.2 Le diaphragme est le muscle qui nous aide à respirer. Il est situé horizontalement sous la cage thoracique et sépare la poitrine de l’abdomen. L’œsophage passe par une ouverture (l’hiatus) qui se trouve dans le diaphragme. Normalement, l’hiatus serre fermement l’œsophage juste au-dessus de l’estomac. Cependant, chez certaines personnes, l’ouverture devient plus large que d’habitude, ce qui permet à l’œsophage de se déplacer anormalement et à une partie du haut de l’estomac de remonter par l’ouverture élargie. Il s’agit d’une hernie hiatale.

Les symptômes du RGO et de la hernie hiatale sont souvent semblables et comprennent des brûlures d’estomac, le reflux acide, la toux chronique (due à l’acide qui irrite la gorge), la mauvaise haleine, la régurgitation d’aliments et des douleurs brûlantes dans la poitrine. Chacune de ces affections peut être gérée par une modification du régime alimentaire et du mode de vie ou par la prise médicaments, en particulier un inhibiteur de la pompe à protons (IPP). La gestion de ces affections est importante, puisqu’un reflux chronique peut à son tour entraîner une maladie œsophagienne plus grave, comme l’œsophage de Barrett et certains types de cancers de l’œsophage.

Constipation

Si votre régime alimentaire est riche en aliments transformés, en viande ou en produits laitiers, et pauvre en grains entiers fibreux, en légumineuses et en légumes, la constipation est une préoccupation. Une personne atteinte de constipation a des selles dures ou grumeleuses qui sont difficiles à évacuer, et passe généralement moins de trois selles par semaine. En outre, les personnes qui tentent de perdre du poids en modifiant leur régime alimentaire pourraient consommer moins de fibres et moins de nourriture en général, ce qui peut provoquer une constipation. L’augmentation de la pression abdominale, causée par l’obésité elle-même ou par les efforts d’évacuation découlant de la constipation, peut également entraîner des hémorroïdes,3 veines dilatées (varices) de l’anus et du rectum.

Le traitement de première intention contre la constipation et les hémorroïdes est un régime alimentaire riche en fibres, l’ingestion d’amplement de liquides et la pratique régulière d’exercice. Si cela ne suffit pas à offrir un soulagement, les laxatifs, dont il existe de nombreux types, peuvent être utiles. Les hémorroïdes guérissent généralement d’elles-mêmes, mais il existe également des onguents pour en soulager les symptômes et des options chirurgicales mineures pour les traiter.

Diarrhée

Certains aliments, les effets secondaires de certains médicaments et la chirurgie bariatrique peuvent provoquer une diarrhée. En général, les excès alimentaires peuvent causer une diarrhée chez de nombreuses personnes, notamment en cas de consommation de graisses alimentaires, de fruits et légumes fibreux, de boissons caféinées et d’alcool. La diarrhée peut également s’aggraver avec une consommation importante de liquides pendant les repas. Les médicaments amaigrissants, tels que le orlistat (Xenical®), et les médicaments utilisés pour traiter le diabète de type 2, comme la metformine, peuvent également augmenter la possibilité de diarrhée. La chirurgie bariatrique empêche parfois l’absorption adéquate des aliments, ce qui tend à provoquer la diarrhée ainsi que l’élimination accrue des graisses (stéatorrhée) et d’autres nutriments dans les selles.

Le foie

Les personnes obèses ont également un risque accru de développer une stéatose hépatique non alcoolique,4 maladie caractérisée par l’accumulation de graisses dans les cellules du foie. Bien que cette affection soit généralement asymptomatique, elle pourrait favoriser le développement d’une stéato-hépatite non alcoolique (SHNA), une grave inflammation du foie. À un état avancé, la SHNA peut entraîner une cicatrisation irréversible du tissu hépatique (cirrhose). Heureusement, il existe des preuves qu’une intervention précoce, par exemple une perte de poids obtenue par une modification au régime alimentaire, l’exercice physique et des médicaments, peut aider à réduire la quantité d’inflammation et de graisse dans le foie.

La vésicule biliaire

Il existe également un lien entre les calculs biliaires et l’obésité, en particulier chez les femmes.5 La vésicule biliaire est un petit organe situé sous le foie, qui entrepose et concentre la bile, un important fluide digestif fabriqué par le foie. Lorsque l’on mange, la vésicule biliaire relâche de la bile dans l’intestin grêle pour aider à digérer les graisses alimentaires. Si la bile contient trop de cholestérol, des calculs biliaires peuvent se former. De nombreuses personnes ont des calculs biliaires sans présenter de symptômes. Cependant, les calculs peuvent provoquer des douleurs intenses et, dans certains cas, bloquer le canal biliaire. Dans de tels cas, il est souvent nécessaire de recourir à la chirurgie pour retirer la vésicule biliaire, bien qu’il existe aussi des médicaments qui peuvent aider à dissoudre les calculs. Les calculs biliaires sont également beaucoup plus fréquents chez les personnes qui connaissent une perte de poids rapide.

La pancréatite

L’obésité pourrait aussi jouer un rôle dans le développement d’une pancréatite aiguë.6 Certaines affections susceptibles d’être présentes chez les personnes obèses (calculs biliaires, diabète et taux sanguins élevés de triglycérides), ainsi que les traitements de l’obésité, comme la chirurgie bariatrique, peuvent augmenter les risques de développer une pancréatite aiguë. De plus, un excès de graisse corporelle, en particulier de graisse viscérale (type qui entoure les organes), peut aggraver l’évolution de la maladie. Cela signifie que vous pourriez présenter des symptômes qui apparaissent plus tôt ou qui sont de nature plus graves que ceux d’une personne ayant une quantité idéale de graisse corporelle.

Conclusion

Les effets de l’obésité peuvent se faire ressentir dans de nombreux endroits du corps, le tube digestif n’étant pas une exception. De nombreuses affections peuvent être causées ou aggravées par les effets physiques et hormonaux d’un excès de graisse corporelle.

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Publié pour la première fois dans le bulletin Du coeur au ventreMD numéro 215 – 2020
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1. Chang P et al. Obesity and GERD. Gastroenterol Clin North Am. 2014;43(1):161-73.
2. Khan M et al. Hiatal hernia and morbid obesity-‘Roux-en-Y gastric bypass’ the one step solution. J Surg Case Rep. 2019;2019(6):rjz189.
3. Riss S et al. The prevalence of hemorrhoids in adults. Int J Colorectal Dis. 2012 Feb;27(2):215-20.
4. Polyzos SA et al. Obesity and nonalcoholic fatty liver disease: From pathophysiology to therapeutics. Metabolism. 2019;92:82-97.
5. Stender S et al. Elevated Body Mass Index as a Causal Risk Factor for Symptomatic Gallstone Disease: A Mendelian Randomization Study. Hepatology. 2013;58(6):2133-41.
6. Khatua B et al. Obesity and pancreatitis. Curr Opin Gastroenterol. 2017;33(5):374-382.