Alimentation et la COVID-19
L’alimentation est importante dans les meilleures circonstances et essentielle dans le pire des cas. Il existe déjà des stratégies liées à l’alimentation et au mode de vie, fondées sur des preuves concrètes, qui favorisent un système immunitaire en santé, mais pas lorsqu’il s’agit précisément de la prévention et de l’atténuation des symptômes de la COVID-19. Cet article fait la synthèse des recherches qui ont été menées jusqu’à présent en lien avec l’alimentation et la COVID-19, et se concentre sur ce que vous pouvez faire pour maintenir un système immunitaire en santé, y compris réduire l’inflammation qui peut potentiellement accroître le risque d’infection et occasionner de plus graves symptômes Des affirmations extravagantes, non validées (pseudoscience) sont aussi ressorties pendant la pandémie, et cet article servira à réfuter ces mythes.
Alimentation et mode de vie
Des scientifiques soupçonnent que l’inflammation peut accroître le risque de contracter une forme grave de COVID-19 et ils continuent à essayer d’établir si une approche alimentaire anti-inflammatoire pourrait contribuer à soutenir le système immunitaire.
Le régime alimentaire anti-inflammatoire le plus étudié est le régime méditerranéen, qui est caractérisé par une consommation en abondance de légumes, de fruits, de légumineuses, d’huile d’olive, de grains entiers et de noix; une consommation modérée de produits laitiers fermentés, de poisson, de volaille et de vin; et une consommation limitée d’aliments ultra-transformés et de viande rouge. Le régime occidental, en revanche, est considéré comme pro-inflammatoire et peut mener à un état d’inflammation chronique de faible intensité.1 Il se compose d’une abondance d’aliments transformés, de grains raffinés, de viande rouge, de gras saturés et de sucres. L’hyperglycémie peut entraîner de l’inflammation et est associée à un taux de mortalité élevé chez les personnes souffrant d’une infection grave de la COVID-19.2 Vous ne perdez rien à adopter une alimentation de type méditerranéen, alors nous vous encourageons à envisager d’en faire l’essai. Cela pourrait être aussi simple que de manger des légumes rôtis avec de l’huile d’olive vierge pour souper ou un bon bol de soupe aux légumes réconfortante garnie de graines de citrouille rôties pour dîner.
Les personnes immunodéprimées ou souffrant de malnutrition sont plus susceptibles de connaître des complications graves liées à la COVID-19.1 Cela comprend les adultes plus âgés, celles qui prennent des médicaments qui influent sur le système immunitaire et celles qui souffrent de maladies inflammatoires chroniques comme le diabète. Des associations ont également été établies avec les maladies chroniques attribuables à l’adiposité (graisse), comme l’obésité. Les personnes touchées par ces maladies pourraient présenter un risque plus élevé d’infection et obtenir de pires résultats.3 Si vous souffrez d’obésité, adopter un régime alimentaire complet et limiter les aliments transformés peut vous aider à réduire l’inflammation. De l’exercice régulier, agréable et facile à suivre, sans qu’il soit nécessairement vigoureux, peut également apporter une contribution positive.
Adopter une alimentation saine et équilibrée composée de suffisamment de calories, de protéines, de fibres et de nutriments constitue un élément clé du rétablissement et du maintien d’un système immunitaire en santé, surtout dans ces populations. Ce n’est pas le moment de suivre un régime-choc hypocalorique, car la diminution de l’apport en calories affaiblit le système immunitaire. L’objectif ici est de manger suffisamment, même si cela veut dire prendre des suppléments nutritionnels ou consommer des boissons fouettées qui sont riches en calories et en protéines.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) fournit des recommandations pertinentes pour le maintien d’un mode de vie sain pendant la pandémie.4 Adopter un régime équilibré, dormir suffisamment, être physiquement actif ainsi que réduire et gérer le stress sont des pratiques hautement recommandées pour le maintien d’un bon système immunitaire. Veuillez consulter l’article de l’OMS, « Quelques astuces pour l’alimentation et la nutrition en auto-quarantaine » pour des recommandations récentes.
Vitamine D
Les données ne permettent pas de soutenir de façon absolue que la vitamine D peut combattre la COVID-19, mais certains experts recommandent sa supplémentation étant donné son rôle important dans l’atténuation de l’inflammation. Elle est aussi recommandée parce que les gens ont moins de soleil l’hiver et qu’ils passent maintenant beaucoup plus de temps confinés à la maison à cause des protocoles de distanciation physique. Les populations les plus susceptibles de connaître une carence en vitamine D sont les personnes âgées, les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes habitant dans le nord du Canada et les personnes à la peau foncée. Prendre un comprimé de vitamine D de 2 000 UI/jour est probablement sans danger. Vous devriez d’ailleurs consulter votre médecin si vous souffrez d’un faible taux de vitamine D, puisque vous devrez en prendre une dose plus élevée.5
Vitamine C
Les données ne permettent pas de soutenir de façon absolue que la vitamine C peut combattre la COVID-19, et les recommandations concernant de fortes doses de vitamine C administrées par voie intraveineuse s’appuient sur des études d’observation.6 L’utilisation de la vitamine C chez des patients souffrant d’une COVID-19 de différentes gravités ou l’utilisation de la vitamine C par voie intraveineuse (IV) chez des patients hospitalisés n’a pas réduit leurs symptômes ni leur temps de rétablissement en comparaison aux personnes ne recevant pas de vitamine C.7 Certains experts suggèrent de manger plus de fruits et de légumes pour obtenir de la vitamine C, ou de prendre un supplément de 200 à 2 000 mg/jour par voie orale pour combattre la COVID-19.4,1 Procédez avec prudence, puisque des doses très élevées de vitamine C par voie orale (>5 000 mg) peuvent provoquer des effets secondaires gastro-intestinaux comme des nausées.
Zinc
Le zinc joue un rôle important dans le développement des cellules immunitaires, et certains experts donnent à entendre que la prise d’un supplément de 30 à 50 mg/jour pourrait contribuer à maîtriser les virus à ARN comme les coronavirus.8 Cependant, il n’existe pas d’études bien contrôlées ayant démontré que le zinc prévient la COVID-19 ou améliore le rétablissement, ni que le zinc par voie intraveineuse aide les patients hospitalisés. Étant donné la pénurie d’études à ce sujet, des recherches additionnelles sont requises. Les noix, les graines, les légumineuses, la viande et les produits laitiers sont des aliments riches en zinc.
Poisson et huiles de poisson
Le poisson et les huiles de poisson de haute qualité contiennent des acides gras oméga-3 ayant des propriétés anti-inflammatoires. La consommation de deux ou trois portions de poisson par semaine a été associée à la réduction du taux de mortalité toutes causes confondues,9 mais ce n’est pas clair pour le moment si le poisson peut contribuer à protéger contre la COVID-19.1 Certaines théories ont été présentées et certaines études ont été réalisées sur le lien entre les acides gras oméga-3 et la réduction de la durée des symptômes, l’amélioration des taux de survie ainsi que la diminution du risque de complications rénales et pulmonaires. Cela pourrait être lié aux propriétés potentiellement anti-inflammatoires, immunomodulatrices et même antivirales des acides gras oméga-3.10
Tractus gastro-intestinal et fibres
Le virus qui cause la COVID-19 peut avoir des effets sur le tractus gastro-intestinal ainsi que sur le système respiratoire. Les symptômes gastro-intestinaux potentiels comprennent notamment la perte d’appétit, les nausées, le vomissement, la diarrhée et des douleurs abdominales.11 Les fibres, dont certains types sont des prébiotiques, contribuent à promouvoir un microbiome en santé, alimentent les bactéries intestinales bénéfiques et maintiennent le fonctionnement de la barrière intestinale. Des études ont démontré que les fibres diminuent l’incidence de translocation bactérienne à travers la paroi intestinale, ce qui pourrait contribuer à réduire le risque d’infection et à renforcer le système immunitaire.12 On ne sait pas encore si les fibres protègent contre la COVID-19, mais c’est tout de même une excellente idée de continuer à consommer les 25 à 38 g de fibres par jour qui sont recommandées. Les légumes, les fruits, les légumineuses, les noix, les graines et les grains entiers sont des aliments riches en fibres.
Probiotiques
Il n’existe actuellement aucune preuve fiable que les probiotiques peuvent contribuer à guérir ou à prévenir la COVID-19. La Commission nationale de la Chine a recommandé l’utilisation de probiotiques chez les patients ayant des symptômes graves de COVID-19,8 cependant, nous avons besoin de preuves de bonne qualité avant de pouvoir faire cette affirmation. Au moment où cet article a été rédigé, l’OMS ne recommandait pas l’utilisation de probiotiques pour traiter la COVID-19.3
Certaines études d’observation indiquent que les probiotiques peuvent contribuer à raccourcir la durée de la diarrhée occasionnée par la COVID-19. Les recherches se poursuivent et pour l’instant, l’utilisation de probiotiques dans le cadre de la COVID-19 demeure un choix personnel.13
Adaptogènes
Les adaptogènes comme l’ashwagandha et l’astragale ont gagné en popularité depuis le début de la pandémie. Ce sont des produits à base de plantes médicinales utilisés en médecine ayurvédique, qui pourraient contribuer à soulager le stress. En date d’octobre 2020, il n’existait aucune preuve corroborant l’utilisation d’adaptogènes pour la COVID-19; en outre, ces produits ne sont pas recommandés pour tout le monde. Les personnes atteintes de troubles thyroïdiens, par exemple, ne devraient pas prendre l’ashwagandha, puisque celle-ci pourrait stimuler la production d’hormones thyroïdiennes, provoquant ainsi l’aggravation de ces troubles.14 En outre, on craint que l’ashwagandha puisse provoquer des dommages au fœtus chez les patientes enceintes. En général, il est préférable d’éviter d’utiliser des adaptogènes pour la prévention et le traitement de la COVID-19, étant donné que dans certaines populations, les risques peuvent l’emporter sur les avantages.
Pseudoscience
L’Internet contient une pléthore d’allégations fausses non étayées par des preuves concernant des stratégies possibles de prévention et de traitement de la COVID-19. Certaines de ces allégations sont même préjudiciables. Il s’agit notamment de conseils comme prendre des bains chauds ou boire de l’eau à des intervalles de 15 minutes. Les produits qui contiennent de l’argent colloïdal sont dangereux et peuvent provoquer des effets secondaires graves; il faut donc les éviter.15 L’extrait de laurier-rose est un produit chimique provenant d’un arbuste à fleurs qui est vendu comme traitement possible contre la COVID-19. Ce produit est toxique et il est donc dangereux d’en consommer même de petites quantités. Parmi les effets toxiques, mentionnons les vomissements, la paralysie respiratoire, des problèmes cardiaques et même la mort.16 Soyez prudents et vérifiez les sources d’information par rapport à tout produit qui prétend contribuer à traiter la COVID-19, puisque les charlatans exploitent les craintes liées à la pandémie pour faire de l’argent en faisant des allégations sans fondement et même préjudiciables.
Résumé
Stratégies — Alimentation et mode de vie | Recommandé? |
régime méditerranéen | pourrait aider |
régime occidental | non |
régime sain et équilibré | pourrait aider |
régime hypocalorique | non |
sommeil (8 heures/jour) | pourrait aider |
activité physique régulière | pourrait aider |
vitamine D | pourrait aider
envisagez de prendre 2 000 UI/jour, par voie orale |
vitamine C | pourrait aider
envisagez de prendre entre 200 et 2 000 mg/jour, par voie orale |
zinc | pourrait aider
envisagez de prendre de 30 à 50 mg/jour, par voie orale |
huiles de poisson | données insuffisantes |
fibres (de 25 à 38 g/jour) | pourrait aider |
probiotiques | données insuffisantes |
adaptogènes | données insuffisantes
évitez l’ashwagandha en cas de problèmes de la thyroïde |
prendre des bains chauds | non |
boire de l’eau toutes les 15 minutes | non |
argent colloïdal | non
dangereux |
extrait de laurier-rose | non
dangereux |
Conclusion
Il n’existe pas un aliment ou un supplément unique pour prévenir ou traiter la COVID-19, mais il existe des stratégies relatives à l’alimentation et au mode de vie qui favorisent et entretiennent un système immunitaire en santé et réduisent l’inflammation. Il est tout de même bon de prendre un supplément de vitamine D, surtout si vous travaillez à la maison ou que vous êtes en auto-isolation et que votre exposition au soleil est moindre. La vitamine C et le zinc semblent aussi prometteurs, et des recherches à cet égard sont en cours. Ce n’est pas le moment de suivre des régimes-chocs pour perdre du poids, puisqu’un apport insuffisant de calories freinera votre réaction immunitaire. Restez en bonne santé et concentrez-vous sur ce que vous pouvez faire.